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Améliorer la conduite du troupeau avec l’analyse des acides gras

Après l’eau, le deuxième constituant du lait est la matière grasse. L’amélioration du taux butyreux fait partie des demandes actuelles, sans pour autant savoir s’il est encore économiquement et techniquement intéressant de le faire progresser.

L’analyse des acides gras du lait est réalisée à partir de l’échantillon de collecte de données. Avenir conseil élevage met ces indicateurs à disposition de l’ensemble des éleveurs adhérents à partir de la mi-octobre.
L’analyse des acides gras du lait est réalisée à partir de l’échantillon de collecte de données. Avenir conseil élevage met ces indicateurs à disposition de l’ensemble des éleveurs adhérents à partir de la mi-octobre.
© Pixabay



Au-delà du caractère génétique du niveau de matière grasse du lait produit, le taux butyreux, couplé ou non avec le taux protéique, apporte des informations importantes sur les métabolismes protéique et énergétique de la vache. Il permet, en effet, d’approcher les notions d’acidose, d’acétone, d’amaigrissement, d’équilibre de ration. Il peut être enrichi d’autres indicateurs comme le taux d’urée ou les corps cétoniques qui apportent des informations complémentaires sur ces deux métabolismes.

Interpréter les taux dans le lait
Lorsque l’on corrige les taux des effets «saison» et «stade de lactation», nous obtenons des taux qui sont comparables entre eux et permettent de définir des taux objectifs. Un TB à 38 n’est pas forcément bas si le stade de lactation du troupeau est jeune (quatre mois de lactation en moyenne) et qu’on est en juin. Il est d’ailleurs totalement comparable à un TB à 43 pour le même troupeau en décembre avec un stade de lactation moyen de six mois....
Cet exemple illustre la prudence dont il faut faire preuve lorsqu’on interprète un taux sans situer le contexte de l’analyse. L’alimentation ajoute un élément de complexité supplémentaire. La betterave, par exemple, est connue pour son effet positif sur les taux, et pour autant ce n’est pas systématique ! Alors, comment savoir si le troupeau valorise correctement la ration qui lui est proposée ? Est-il possible de faire l’économie de concentré ou faut-il au contraire investir ? Les fourrages distribués sont-ils valorisés à leur juste valeur ou peut-on en tirer un meilleur profit ?
L’analyse des acides gras du lait apporte des éléments de réponse complémentaires à ceux déjà donnés par les autres indicateurs. Ainsi, chacune des trois sources de la matière grasse du lait peut être identifiée dans le profil des acides gras. La principale source de MG vient de la fermentation des glucides (cellulose, sucre et amidon) dans le rumen. La seconde est issue du métabolisme des lipides de la ration. Enfin, vient la mobilisation des réserves graisseuses. Cette dernière est normale en début de lactation, car la vache ne parvient pas à couvrir ses besoins, mais elle peut devenir dangereuse lorsqu’elle est excessive.
Chaque source de MG étant à l’origine d’acides gras différents dans le lait, leur repérage donne la possibilité de mesurer ou de comprendre avec plus de précision le fonctionnement du rumen.

4 indicateurs issus des acides gras volatils
L’interprétation de la présence de tel ou tel acide gras dans le lait est réalisée à partir des quatre  indicateurs suivants :
1) Les acides gras poly-insaturés ou AGPI
Ils renseignent sur la composition de la ration : proportion et stade de l’herbe dans la ration tout comme la nature de la matière grasse ingérée. En effet, tous les fourrages et les concentrés contiennent de la matière grasse ; une faible teneur en AGPI alors que la ration contient une part d’herbe significative incitera à vérifier la valeur alimentaire de l’herbe et son stade de récolte.  À noter que les correcteurs, comme le colza ou le lin, sont plus riches en AGPI que le tourteau de soja.

2) Les AG de Novo
Ceux-ci proviennent de la fermentation des glucides dans le rumen. Un indicateur de Novo défavorable signifie que la production d’acides gras volatils (AGV) dans le rumen n’est pas optimale et traduit un mauvais équilibre entre la flore cellulolytique et la flore amylolytique. Pour agir sur cet indicateur, l’éleveur peut veiller à la qualité et à la quantité de fibres, à l’excès d’énergie fermentescible, et au respect du film alimentaire (transition brutale, manque d’ingestion, tri de la ration, ingestion irrégulière).

3) Le C16 :0 ou acide palmitique
Il provient à la fois des réserves corporelles et de la fermentation ruminale. Son interprétation doit se faire en parallèle avec les AG de Novo. Une teneur trop faible peut traduire un manque de protéines dégradables dans le rumen ou des fibres non digestibles. Une faible teneur en C16 :0 lorsque de l’huile de palme est ajoutée dans la ration indique une mauvaise valorisation des fourrages.

4) L’acide oléique (C18 :1)
C’est est un marqueur fin de la mobilisation corporelle. Cet AG est intéressant à suivre pour les démarrages de lactation. Il augmente dès que la couverture énergétique en début de lactation est insuffisamment pourvue. Dans une telle situation, les pistes d’amélioration peuvent être la préparation au vêlage, la place à l’auge et tout ce qui influence l’ingestion en début de lactation. La modification de la composition des acides gras dans le lait est très rapide suite à un changement. Son interprétation en fait un indicateur précoce des problèmes métaboliques.
Associée aux indicateurs historiques des analyses de lait, la lecture du profil en acides gras offre des pistes d’investigations qui permettront d’aboutir à un diagnostic et des actions à mettre en place, une fois confrontée à la connaissance de la conduite du troupeau. Lorsque tout semble bien fonctionner (lait, taux), le profil en acide gras permet de déceler des problèmes secondaires dans le but d’améliorer l’efficacité et la santé du troupeau.

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