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Aviculture : Laurent Vindevogel adhère à Poulehouse

Eleveur de poules pondeuses, Laurent Vindevogel livre à Poulehouse une partie de sa production.

«De quel droit, aujourd’hui, peut-on tuer une poule de dix-huit mois alors qu’elle peut vivre huit à dix ans ? Tout cela, pour pouvoir donner une date limite de consommation de vingt-huit jours, et parce que les poules, après dix-huit mois, accusent une baisse de leur taux de ponte. Du coup, jugés non rentables, les gallinacés sont envoyés illico à l’abattoir. C’est très pénible à vivre. Pour moi, si l’on ne respecte pas tous les êtres vivants, alors on ne se respecte pas soi-même», affirme Laurent Vindevogel, éleveur de poules pondeuses, à Pissy. Tout est dit.
Aussi quand Sébastien Neusch, l’un des cofondateurs de la start-up Poulehouse, vient à sa rencontre, en juillet 2017, pour lui proposer de travailler avec eux, Laurent Vindevogel n’hésite pas une seconde. Il signe un contrat exclusif avec Poulehouse pour quasiment l’ensemble d’un de ses deux poulaillers de 3 000 poules pondeuses (80 % exactement, ndlr). Une évidence, pour lui, parce que la démarche de Poulehouse (cf. encadré) correspond parfaitement à sa «philosophie», dont les deux piliers sont le bien-être animal et le respect du vivant.
Le contrat signé est le suivant : Poulehouse achète au producteur ses œufs bio plus chers que le prix habituel, et ce dernier s’engage à ne pas envoyer les poules à l’abattoir. Simple comme bonjour. Ses premières poules Poulehouse partiront, en février 2019, à la maison de retraite des gallinacés, créée dans le Limousin. Quant à l’emballage, il est fourni par la start-up. Les œufs partent ensuite dans les Hauts-de-France et l’Ile-de-France, principalement.
Côté prix, la répartition est tripartite, soit 33 % pour le producteur, 33 % pour Poulehouse et 33 % pour l’intermédiaire. Sur les quatre éleveurs qui ont signé un contrat avec la start-up (un en Normandie, un en Eure-et-Loire, un dans le Loiret et un dans la Somme), Laurent Vindevogel est le seul à avoir des poules dont les becs n’ont pas été épointés. Un choix encore en lien avec sa volonté d’éviter toute souffrance à l’animal. Logique.

Une conscience aiguë de tous les êtres
Installé depuis 1992, sur l’exploitation familiale de 35 ha, Laurent Vindevogel débute son activité par de l’élevage de soixante-trois truies de plein air et la culture de céréales. Trois ans plus tard, il arrête les porcs. Depuis le début des années 2000, en parallèle, il a des poulaillers en location, l’un à Fossemanant, l’autre à Louvrechy, représentant un total de 6 000 poules. C’est à la même époque qu’il passe toute son exploitation en bio, à la suite d’un accident avec des produits phytosanitaires, qui le conduit tout droit à l’hôpital. «Le centre antipoison de Lille ne pouvait rien faire. Ils m’ont dit qu’au terme de 48h, soit tout passait, soit c’était la fin. Je me suis alors juré que je changerais radicalement ma façon de faire de l’agriculture si je m’en sortais», raconte Laurent Vindevogel.
En 2010, il a l’opportunité de construire deux poulaillers de poules pondeuses bio sur son exploitation, avec une capacité de 3 000 poules pour chaque bâtiment. Sa production annuelle est de 1,4 million d’œufs par an, qu’il commercialise chez des grossistes, des demi-grossistes, par de la vente directe et, depuis l’an dernier, par des ventes à Poulehouse. Quel que soit le client, la marque de fabrication de Laurent Vindevogel est toujours la même : le souci du bien-être animal.
Ses poules, il les chouchoute : musique dans le poulailler, luzerne et craie au sol, suivi sanitaire drastique, etc. Des vergers ont même été plantés sur le parcours des poules pour que ces dernières puissent s’abriter du soleil. «L’éleveur doit se mettre à la place de l’animal et pas l’inverse», insiste-t-il. Ses pratiques, il les partage sur son site Internet et son compte Facebook pour que les consommateurs sachent exactement ce qu’il en est, comme des hommes qui œuvrent au sein de l’exploitation.
Comme pour les poules, qui auront une seconde chance, Laurent Vindevogel en fait autant avec ses salariés, qu’ils considèrent comme ses égaux, et «sans lesquels, rien ne se ferait», dit-il. Sa philosophie ? Faire de sa ferme une ferme de réinsertion sociale en bio, comprenez donner une seconde chance à ceux et celles qui ont connu des accidents de vie et qui peinent à retrouver du travail. A la ferme de tante Lucie - la marque qu’il a créée en 2010 - derrière chaque œuf, il y a une poule, mais aussi un homme. Ainsi se construit le respect des autres, et donc de soi.

Poulehouse : l’œuf qui ne tue pas la poule
Une poule peut vivre jusqu’à dix ans. Mais celles qui pondent les œufs que nous mangeons tous les jours n’ont pas cette chance : elles sont abattues très jeunes, au bout de dix-huit mois seulement, quand elles commencent à moins pondre. C’est pourquoi trois jeunes sympathisants de la cause animale ont eu l’idée de leur donner une seconde vie dans un refuge, «La maison des poules», une ferme de 16 ha, dans le Limousin. Certes, ils ne vont pas sauver les trente-huit millions de poules pondeuses abattues chaque année en France, mais ils lancent un concept.
Fabien, Sébastien et Elodie travaillent avec des producteurs bio qui vont vendre leurs œufs un peu plus cher (1 € l’œuf), en expliquant pourquoi au consommateur. L’écart de prix sert à payer le fonctionnement du refuge. Ils ont créé une première maison de six cents poules. Pour ce faire, ils ont fait appel au financement participatif sur Internet. Ils ont fait une levée de fonds sur la plateforme KisskissBankBank (https://www.kisskissbankbank.com/poulehouse-l-oeuf-qui-ne-tue-pas-la-po…). Résultat : près de 25 000 € récoltés, une jolie somme alors que la moyenne des fonds levés se situe autour des 5 000 €. «On est vraiment à la jonction de deux tendances, explique Sébastien Neusch. Il y a une prise de conscience du public sur la question du bien-être animal, et des consommateurs qui veulent être consomm-acteurs
Depuis la création de l’entreprise en février 2017, Poulehouse a déjà écoulé plus de 600 000 œufs (chiffre provenant de leur site, ndlr), avec un cheptel de 9 000 poules. L’objectif, à terme, est de créer un label «sans souffrance animale», en maîtrisant toute la chaîne de production. Mais, surtout, de convaincre les éleveurs de garder les poules chez eux, car Poulehouse ne pourra s’agrandir éternellement pour accueillir des milliers de gallinacés. Combien de temps les poules vivront-elles réellement ? A quel rythme pondront-elles ? Autant de questions sans réponse.

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