Aller au contenu principal

Pommes de terre
Bien conduire son stockage et anticiper les germinations précoces

Les arrachages s’achèvent avec des rendements globalement corrects, malgré des disparités selon les conditions climatiques locales. Les prochaines semaines seront déterminantes pour préserver le potentiel des lots : une attention particulière doit être portée à la conduite du stockage afin de préserver la qualité des tubercules au stockage.

L’application de solutions antigerminatives doit se faire sur des tubercules bien secs et cicatrisées, souvent trois semaines a minima post récolte.
L’application de solutions antigerminatives doit se faire sur des tubercules bien secs et cicatrisées, souvent trois semaines a minima post récolte.
© Arvalis

Cette année, on observe de fortes différences entre les lots. Les parcelles traitées à l’hydrazide maléique dans de bonnes conditions restent globalement en repos végétatif, même si ça commence à bouger un peu. En revanche, celles non traitées ou traitées trop tard montrent déjà une germination plus avancée. Dans ces cas, il sera opportun d’intervenir avec les solutions antigerminatives applicables au stockage. Ces applications doivent se faire sur des tubercules bien secs et cicatrisés, souvent trois semaines a minima post récolte.

Malgré des tris réalisés lors de la mise en stockage pour écarter les pommes de terre blessées (fréquents cette année), voire pourries, certains lots stockés peuvent parfois présenter quelques pourritures, il est important de contrôler l’état sanitaire de vos lots ainsi que la germination. À ce jour, peu de pourritures sèches sont signalées (fusariose, gangrène…), mais quelques pourritures humides sont parfois observées. Des cas de Pythium spp., responsable de la pourriture aqueuse, sont parfois observés. Dans ce cas, un séchage rapide des tubercules est essentiel pour limiter l’évolution des symptômes. Quelques rares cas de Phytophthora erythroseptica, responsable de la pourriture rose, ont été détectés.

Contrairement à Phytophthora infestans, P. erythroseptica peut persister plusieurs années dans le sol sous forme d’oospores et infecte le tubercule via les blessures. Le diagnostic se fait à la coupe : les tissus prennent une coloration rose après 20 à 30 minutes d’exposition à l’air, puis noircissent progressivement. Avec un séchage correct, ce champignon a l’avantage de ne pas trop s’étendre aux autres tubercules sains.

Pour optimiser le séchage, une capacité de ventilation idéale de 75 m³/h pour les palox et 100 m³/h pour le vrac, avec de l’air à faible hygrométrie.

Bien conduire son stockage : trois étapes essentielles

• Le séchage (2 à 6 jours) : l’objectif est d’éliminer l’humidité résiduelle des tubercules en ventilant avec un air sec (< 80 % d’hygrométrie), avec un delta de température (Δt) d’environ 2°C ;

• La cicatrisation : cette étape favorise la fermeture des blessures et lenticelles afin de limiter les contaminations. La température doit rester proche de 12°C pendant deux à trois semaines ;

• La descente à la température de consigne : après cicatrisation, réduire progressivement la température jusqu’à la température de stockage, en respectant les paliers progressifs

Pour les variétés du frais : diminution de 0,5 à 1°C par jour pour limiter le développement de pathogènes tels que la gale argentée ou la dartrose ; pour les variétés industrie, baisse plus douce de 0,2 à 0,5°C par jour pour éviter le sucrage des tubercules.

Une fois la température de stockage atteinte, renouveler régulièrement l’air pour évacuer le CO2. L’air soufflé doit présenter une hygrométrie de 85 à 90 % afin de limiter la déshydratation et la perte de poids des tubercules.

Contrôler la germination avec les antigerminatifs

Un bon contrôle de la germination des pommes de terre commence par une gestion rigoureuse du stockage. La température de consigne doit rester la plus stable possible, avec des sondes bien réparties dans le bâtiment pour assurer un suivi homogène. Il est conseillé de regrouper les variétés ayant des repos végétatifs similaires dans une même cellule afin de faciliter la conduite du stockage et de limiter les coûts.

Les solutions antigerminatives et évolutions règlementaires

Avant toute application d’antigerminatifs, le séchage et la cicatrisation des tubercules doivent être terminés. Un traitement au champ à base d’hydrazide maléique, réalisé dans de bonnes conditions, offre plus de souplesse pour le premier traitement en stockage et permet de réduire la quantité totale de produit utilisée. Les antigerminatifs en stockage peuvent être combinés au cours de la saison pour associer effets préventifs et curatifs, à condition de respecter strictement les doses et de ne pas appliquer plusieurs produits en même temps.

Les solutions préventives

Deux matières actives ayant un mode d’action préventif peuvent être utilisées, à savoir l’éthylène (noms commerciaux : Restrain ; Biofresh) et le 1,4 Diméthylnaphtalène (nom commercial : Dormir).

L’éthylène, homologué en agriculture biologique, ralentit le développement des germes. Après séchage et cicatrisation, la concentration est progressivement augmentée jusqu’à environ 10 ppm, puis maintenue en continu jusqu’au déstockage. Les germes formés sous traitement restent fragiles et se cassent facilement, mais une attention particulière doit être portée aux débouchés industriels, car le traitement peut accentuer la coloration à la friture. Les variétés Fontane, Markies et Magnum présentent un risque limité. Dans ce cas, il est conseillé de maintenir l’éthylène en dessous de 
4 ppm et le CO2 entre 2 500 et 3 000 ppm.

Le 1,4-diméthylnaphtalène agit en prolongeant la dormance des tubercules. Il s’applique avant le début de la germination, au stade du point blanc, à raison de 10 à 20 ml/t selon la variété. Sur le plan réglementaire, l’Anses a réduit le délai de commercialisation à trois jours après le dernier traitement (contre trente auparavant) et supprimé la mention interdisant l’utilisation en alimentation animale.

 

Les solutions curatives

Deux huiles essentielles sont actuellement homologuées, en agriculture biologique et biocontrôle, pour leurs actions curatives : l’huile de menthe (nom commercial : Biox M) et l’huile d’orange (nom commercial : Argos). Elles permettent de nécroser des germes présents lors du traitement, en étant préférable d’appliquer au stade point blanc au risque d’être moins efficace sur des germes développés ou de nuire à la qualité visuelle pour le marché du frais (résidus de germes nécrosés).

L’huile d’orange, appliquée à 100 ml/t, provoque la nécrose des germes et s’utilise de préférence en association avec un produit préventif comme l’hydrazide maléique ou le 1,4-DMN. L’huile de menthe peut être appliquée par thermonébulisation à des doses de 30 à 90 ml/t selon la situation, ou en continu via le système Xedavap à 1 à 2 ml/t/jour. Cette dernière méthode permet un bon rattrapage sur des lots ayant débuté leur germination, dans la limite de l’état des tubercules.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

augmentation des taxes sur l'E85 bioéthanol carburant
A partir du 1er janvier 2026, rouler à l’E85 pourrait coûter plus cher

Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une augmentation progressive des taxes sur le Superéthanol-E85. Une mesure…

un éleveur de la Somme au tribunal pour tapage nocturne
Un éleveur samarien au tribunal pour avoir nourri ses vaches trop tôt le matin

L’audition d’un éleveur du Vimeu au tribunal d’Amiens pour "tapage nocturne" ravive la question des conflits entre…

charte des contrôles FDSEA de la Somme
Contrôle des agriculteurs : la FDSEA de la Somme se rebiffe

La FDSEA de la Somme refuse de signer le projet de renouvellement de la charte encadrant les contrôles dans les exploitations…

grippe aviaire dans un élevage de faisans et de perdrix à Pihen-les-Guînes
Un foyer de grippe aviaire hautement pathogène découvert dans un élevage de faisans et de perdrix

La présence du virus de l’influenza aviaire de type H5 a été découverte ce vendredi 10 octobre dans un élevage de gibier dans…

billet d'humeur Europe 1 tapage nocturne Olivier Berthe
Conflit de voisinage à Lignières-en-Vimeu : est-ce en voulant faire justice soi-même qu’on avance ?

Trois matins, quelques vaches nourries à l’aube… et voilà qu’un simple conflit de voisinage devient affaire nationale. Entre…

Clarebout grève des salariés prime frites
Les usines Clarebout tournent encore au ralenti

Les salariés des usines de Nieuwkerke, Waasten, Mouscron et Dunkerque restent mobilisés. La direction et les syndicats n’ont…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde