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Foncier
Dans la Somme, un intérêt partagé mais inégal pour la sobriété foncière

Un bailleur social qui requalifie des friches, une profession agricole qui applaudit mais reste prudente et un secteur industriel à l’affût de foncier ont participé fin de semaine dernière à un débat public sur la sobriété foncière avec la porte-parole du gouvernement.

Sophie Primas est venue s’inspirer d’expériences et vanter une méthode  de concertation locale pour tout ce qui touche à l’occupation du territoire.
Sophie Primas est venue s’inspirer d’expériences et vanter une méthode de concertation locale pour tout ce qui touche à l’occupation du territoire.
© V. F.

Si la profession agricole se montre ouverte à un partage raisonnable du foncier agricole, d’autres secteurs d’activité – en particulier l’industrie représentée par les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) – sont tentés par un discours plus nuancé. C’est ce qui ressort d’un débat public organisé le vendredi 12 mars dernier en préfecture de la Somme en présence de la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, d’élus locaux, de représentants de l’Ademe, de la Chambre de commerce et d’industrie, du logement ou encore de la Chambre départementale d’agriculture.

Au lendemain de l’adoption par le Sénat de la proposition de loi TRACE qui supprime l’objectif intermédiaire de réduction de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF) de 50 % entre 2021 et 2031 par rapport à la période 2011-2021, Thibaut Henocque a rappelé en tant qu’élu à la Chambre d’agriculture de la Somme que «la sobriété foncière est quelque chose qui nous est cher». «On est attaché à ce que la terre de notre département reste un support de production alimentaire.»

 

«C’est frustrant»

Cet attachement, la porte-parole du gouvernement et ex-ministre chargée du commerce extérieur, Sophie Primas a dit «le partager avec le monde agricole». «On partage évidemment», a-t-elle déclaré, assurant privilégier «les toits aux terres agricoles» pour le développement d’installations photovoltaïques pour la fabrication d’électricité. À ce sujet, la profession agricole soulignera que l’agrivoltaïsme fait l’objet d’un document-cadre en cours d’élaboration «pour mieux encadrer l’installation de certains projets».

Quant au dispositif «zéro artificialisation nette» (ZAN), Thibaut Henocque juge que «c’est un garde-fou essentiel pour la préservation du foncier agricole, même si certains le trouvent trop restrictif». Préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot a rappelé que l’un des enjeux des années à venir est «de continuer à faire en sorte que la Somme reste une terre d’excellence agricole et qu’elle poursuive la réindustrialisation de son territoire». Pour Sophie Primas, cela ne fait aucun doute : la loi instaurant le ZAN a été «utile». «Cette loi, assure la ministre, a permis d’éveiller les consciences et de convaincre sur la nécessité d’être sobre, même si cela est dur pour les élus locaux.»

Du côté du secteur industriel, même si Fany Ruin, la présidente de la CCI Amiens Picardie, assure que ses ressortissants sont «sensibilisés à la réutilisation des friches en priorité», l’accueil est plus frileux : «On privilégie les entreprises qui vont nous ramener un nombre d’emplois important, mais on a des choix à faire, et cela est frustrant. On a sur le territoire des pépinières qui accueillent des entreprises. Ces entreprises, on les accompagne, on les voit se développer, on investit pour elles et on les voit partir. Pour s’implanter durablement, certaines ont besoin de plus que les quelques hectares d’une friche qu’on va requalifier…».

Là en revanche où chacun s’accorde, c’est sur le besoin de «simplification». Ainsi, pour la CCI, «simplifier, permettre d’être plus agile et rapide, et être facilitateur, c’est ce que l’on attend de l’État», a insisté Fany Ruin dans une intervention que la profession agricole pourrait volontiers lui emprunter. En ce qui concerne le logement, première cause du changement de destination du foncier agricole, la ministre Primas a plaidé pour «la densification des villes», et qualifie «d’essentielle» la requalification des friches après une présentation de cas concrets de réhabilitation de friches par l’Amsom (habitat social) et la Communauté de communes Terre de Picardie.

«Travailler ensemble»

En guise de conclusion aux échanges sur le foncier, la porte-parole du gouvernement a invité chacun à «travailler ensemble» : «Sans faire de procès à personne, on a vécu au cours des quarante dernières années comme si le foncier n’était pas un sujet…» Aujourd’hui, insiste Sophie Primas, «on doit avoir une réflexion avec les industriels sur leur façon de bâtir leurs implantations. On ne pense pas assez à travailler sur la hauteur. Il faut amener les développeurs d’industrie à ne plus travailler systématiquement à plat». Aujourd’hui, pour la porte-parole du gouvernement, «on doit réussir à résoudre une équation complexe qui consiste à loger avec une densification agréable à vivre, installer des entreprises et des infrastructures, préserver les terres agricoles et développer la production d’énergies renouvelables». Reconnaissant que l’exercice est «extrêmement difficile», Sophie Primas en appelle donc à ce que «tout le monde s’y mette». «Quand on travaille ensemble, il y a moins de confrontation directe et on sert l’intérêt général», a-t-elle déclaré.

 

Le député Ruffin se méfie des projets industriels éphémères

Invité en tant que député de la 1ère circonscription de la Somme au débat public sur la sobriété foncière organisé en préfecture, François Ruffin s’est d’abord réjoui «que la préservation du foncier» soit aujourd’hui une «priorité». À cette même occasion, le député samarien s’est aussi réjoui des réserves du préfet sur «le non-sens» de l’aménagement de certaines zones commerciales et d’entendre que la notion de souveraineté «soit portée sur le devant de la scène» : «Pendant longtemps, quand on parlait de souveraineté, on était qualifié de souverainiste et on était politiquement disqualifié…» «Si on veut de l’industrie, il faut une stratégie claire et des objectifs», a défendu le député Ruffin qui affirme «se battre pour que notre territoire ait une vocation industrielle». Et d’affirmer que cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix : «Je préfère largement que notre département accueille des industries qui vont créer de l’emploi plutôt qu’il ne devienne le hangar de l’Europe en accueillant seulement des zones logistiques qui créent une valeur ajoutée limitée et créent peu d’emplois. Mais il faut aussi faire attention à ne pas vouloir monter des usines en six mois que l’on démonte quatre ans plus tard», met en garde François Ruffin, regrettant la trajectoire funeste d’une entreprise comme Ÿnsect aux portes d’Amiens.

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