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Déjà fragilisée, la pêche craint les éoliennes en mer

À Dunkerque (59), comme sur les littoraux picard et normand, les pêcheurs professionnels continuent d’être vent debout contre les projets d’installation de parcs éoliens off-shore.

Pour ses partisans, l’éolien off-shore est en capacité de répondre massivement aux objectifs de production d’énergies renouvelables de la France.
Pour ses partisans, l’éolien off-shore est en capacité de répondre massivement aux objectifs de production d’énergies renouvelables de la France.
© Pixabay



Parmi les usagers de la mer consultés dans le cadre du débat public sur l’installation d’un parc éolien en mer au large de Dunkerque, il régnait un certain esprit de concorde le 27 octobre dernier au Pavillon des maquettes au moment d’évoquer les questions de sécurité liées à ce projet. Seuls les pêcheurs professionnels et quelques habitants du littoral ont en effet fait part de leurs craintes respectives. Tandis que les uns regrettent déjà la pollution visuelle que pourraient représentaient le futur parc éolien, de 38 à 46 machines, les pêcheurs redoutent, quant à eux, une amputation de leur zone de pêche. «Si le projet se fait, on fera avec», expliquait ainsi Frédéric Drogerys, président du Comité départemental des pêches. Mais le pêcheur n’en reste pas moins inquiet et frustré : «Tout le monde semble épargné, sauf les pêcheurs… C’est une grosse zone de pêche que l’on va perdre.» Une difficulté qui s’ajoute à d’autres : «En ce moment, la pêche dunkerquoise est déjà fortement menacée par la pêche électrique», poursuit M. Drogerys. «Nous ne sommes plus que dix bateaux. Nous sommes vraiment un secteur en perdition.» Si des possibilités de navigation à l’intérieur même du périmètre couvert par le parc éolien pouvaient être obtenues, elles ne le satisfont pas : «Même si cela est possible et que nos bateaux sont petits, on sait que ce n’est pas évident de naviguer entre deux éoliennes. Si on a un accident, comment cela va se passer ?» D’autre part, il regrette une localisation du parc «sur les routes qu’on emprunte pour se rendre sur nos zones de pêche». Peu ou prou, on retrouve chez lui les mêmes arguments que ceux utilisés par les opposants du projet de parc éolien off-shore de Dieppe-Le Tréport.

 

Des risques de collision «faibles»

Le groupement Éoliennes en mer de Dunkerque (EMD) – il est constitué d’EDF Renouvelables, Innogy SE ert Enbridge – a voulu, quant à lui, se montrer rassurant. D’après une analyse des risques qu’il a réalisé et apporté au débat public, il rappelle que la probabilité d’une collision entre un bateau de petite dimension et un mât éolien off-shore est d’un accident tous les 300 ans. Pendant la période d’exploitation du parc, un balisage devrait être installé, de même que des feux de signalisation d’une portée de cinq nautiques, «conformément à la réglementation européenne».

En ce qui concerne l’activité de pêche en elle-même et l’impact sur la ressource, RTE confie pour sa part «faire des études sur la pêche à Saint-Nazaire». Une fois les résultats obtenus, ceux-ci devraient aider les constructeurs du parc éolien «à trouver le meilleur temps pour limiter les impacts du chantier sur l’activité de pêche» ; autrement dit, celui qui entraînera le moins de perturbations. Dans l’hypothèse où le projet dunkerquois venait à être autorisé, il faudrait compter entre dix et douze mois pour le voir sortir de l’eau. Au-delà de la pêche, plusieurs autres types d’études doivent être réalisées, à en croire les maîtres d’ouvrage (EMD et RTE), citant en vrac la faune volante, les mammifères marins, la faune sous-marine, la faune terrestre et les habitats, les caractéristiques physiques du milieu, l’archéologie sous-marine ou encore le paysage. En ce qui concerne la pêche, c’est au Comité régional des pêches Hauts-de-France que la réalisation de l’état initial des activités de pêche a été confiée.

 

Des débats perturbés par le confinement

Dans les jours suivant le débat public, on apprenait que la criée dunkerquoise fermait ses portes ; encore un coup dur auquel pourrait s’ajouter la fin d’une coopérative maritime, elle aussi en sursis. Confinement oblige, une réunion de concertation s’inscrivant toujours dans le cadre du débat public qui devait se tenir le 5 novembre pour un point d’étape du débat et faire état des enseignements de cette première partie écoulée depuis le 14 septembre a été annulée. Les cahiers d’acteurs et contributions peuvent néanmoins continuer à être déposées en ligne.



Un parc éolien off-shore, combien ça coûte ?

D’après les éléments présentés par les maîtres d’ouvrage EMD et RTE, le coût du projet de parc éolien en mer de Dunkerque et son raccordement électrique est estimé à 1,4 milliard d’euros. Il sera financé par les actionnaires d’EMD et l’emprunt bancaire. EMD a proposé un tarif de référence de revente de l’électricité de 44 €/MWh, ce qui devrait, selon lui, «couvrir le montant total des dépenses d’investissement liées au développement et à la construction» du parc éolien, ainsi que «les charges d’exploitation et de démantèlement» à l’issue de la période d’exploitation d’une durée de 30 ans ; soit 1 milliard d’euros. Le coût du raccordement électrique est, quant à lui, estimé à 400 millions d’euros et financé par les recettes du tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité. L’objectif des maîtres d’ouvrage est une mise en service du parc complète et son accordement en début d’année 2027.



Pourquoi l’éolien en mer a le vent en poupe

Dunkerque, mais aussi Dieppe-Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-Mer… On compte actuellement en France pas moins de 14 projets de parcs éolien en mer, de différentes puissances et de différentes formes. Pourquoi cet engouement ? Précisément «pour répondre aux engagements de la France en faveur d’une transition énergétique durable», rappelle RTE dans un document de synthèse où il détaille les caractéristiques du parc éolien de Dunkerque. D’ici 2030, la France s’est fixée comme objectif d’atteindre «33 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie et 40 % de la production d’électricité par des sources renouvelables». Or, d’après RTE, «à ce jour, les filières les plus compétitives et disposant des plus forts potentiels de croissance pour atteindre ces objectifs de production d’énergies renouvelables sont l’éolien et le solaire photovoltaïque». Avec son linéaire de côtes – le deuxième en Europe -, et le deuxième gisement de vent derrière le Royaume-Uni, et aucun parc en exploitation, la France bénéficierait, toujours selon RTE, d’un fameux potentiel.

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