Aller au contenu principal

Dernières semaines cruciales pour le plan pollinisateurs

Plusieurs rencontres ont relancé les négociations autour du plan pollinisateurs, et éclairci son pilotage. Les détails de l’arrêté «abeilles» révisé seront envoyés aux parties prenantes d’ici le début du mois de mars.

La valorisation des ZNT par des couverts mellifères a montré des résultats sur les pollinisateurs, notamment  en Hauts-de-France.
La valorisation des ZNT par des couverts mellifères a montré des résultats sur les pollinisateurs, notamment en Hauts-de-France.
© Pixabay

«Il n’y a pas grand-chose de nouveau», soupire Jean-Marie Sirvins, vice-président de l’Unaf. Comme près de quatre-vingt autres représentants des associations, des syndicats, et des chambres, il a assisté vendredi 12 février à cette nouvelle grand-messe à distance autour du plan pollinisateur. Les deux ministères y ont rappelé les axes détaillés du plan à venir avec leurs pilotes administratifs, en ajoutant des précisions sur le pilotage.

À partir du mois de mars, indique le document envoyé aux participants à la réunion, le plan sera animé par un comité de suivi plus resserré rassemblant trente représentants de l’ensemble des acteurs. Parmi ceux-ci, deux personnes seront issues des syndicats agricoles, trois de la filière apicole, et trois des organisations professionnelles. Trois représentants d’ONG, trois élus, et neuf représentants des administrations centrales et déconcentrées siégeront également à leurs côtés. «Ce qui nous inquiète beaucoup, c’est la place donnée dans ce comité au Muséum d’histoire naturelle, qui préfère les abeilles sauvages aux domestiques», souligne Jean-Marie Sirvins.

Seule annonce qui a pu surprendre : le plan pollinisateurs aura une déclinaison régionale, «sous le pilotage Dreal/Draaf en vue de sa territorialisation», précise le support de présentation de la réunion. Une mesure cohérente avec la volonté de la secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, qui souhaite faire du plan pollinisateurs l’une des «briques» de sa stratégie nationale biodiversité, pour laquelle elle lance actuellement des concertations locales dans l’ensemble des régions.

 

Au-delà des pesticides

«Les ministères proposent bien un plan global, avec une volonté de travailler sur l’ensemble des sujets en parallèle», salue-t-on à la FNSEA. Le syndicat majoritaire, comme il l’avait déjà expliqué mi-décembre, souhaite élargir le débat au-delà des pesticides, en misant également sur le renforcement de la lutte contre le varroa, ou encore le développement de partenariats entre agriculteurs et apiculteurs. «Il est aussi important de réfléchir à la valorisation des ZNT par des couverts mellifères, qui a montré des résultats sur les pollinisateurs, notamment en Hauts-de-France», détaille-t-on rue de la Baume.

Du côté associations, on déplore que les discussions s’attardent autant sur les inventaires naturalistes, les impasses techniques, au risque d’éroder les ambitions. «Les études naturalistes sont importantes, mais on en sait au fond bien assez pour changer notre fusil d’épaule, défend Claudine Joly, en charge des pesticides chez FNE. Il faut diminuer globalement l’usage des produits phytosanitaires de manière drastique, et nous n’avons pas besoin de milliers d’études pour faire ça.» Elle regrette aussi que le plan oublie d’évoquer les trames vertes, ou les paiements pour services environnementaux qui encourageraient les agriculteurs à les mettre en place sur des surfaces productives.

Elle demande donc avant tout à lire le volet réglementaire du plan avant de tirer ses conclusions. Mais une autre réunion organisée par le ministère de la Transition écologique, la même semaine, la laisse penser que le gouvernement ne suivra pas l’avis de l’Anses à la lettre. «Nous le voyons venir : au lieu de trois heures après le coucher du soleil, les traitements pourront se faire deux heures avant», soupire Claudine Joly. «Après l’histoire des néonicotinoïdes, on ne s’attendait pas à des miracles.»

 

Suspens jusqu’à la fin février

Sur cette question des horaires de traitement, la FNSEA n’a pas non plus reçu de confirmation officielle quant aux arbitrages en cours, mais elle rappelle que la balance penchait déjà vers sa position en décembre. «On nous avait annoncé plus d’ouverture sur ce point lors des réunions en fin d’année, même si elle reste encore trop limitée, indique le syndicat. Il importe également de prendre en compte les particularités comme les serres fermées ou les traitements à faire en urgence.» Rue de Varenne, si on ne se risque pas encore à annoncer une nouvelle victoire face à l’hôtel de Roquelaure, on sourit : «Julien Denormandie en avait fait une ligne rouge.»

Le contenu détaillé du volet technique du plan est attendu dans les prochains jours, et les représentants des différentes organisations auront jusqu’à la fin février pour faire leurs commentaires et l’amender. La version révisée de l’arrêté de 2003 établissant les règles d’épandages sur les cultures mellifères en fleur ne devrait, en revanche, pas être dévoilée avant la fin du mois de février. Le comité de suivi national, réuni dans sa nouvelle géométrie, se prononcera ensuite sur le texte réglementaire mi-mars, pour une mise en consultation publique d’ici la fin du mois.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

La transhumance des moutons dans les prés salés de la baie de Somme est l’occasion d’échanger avec les éleveurs sur les conditions d’exercice de leur métier.
Une marée humaine s’annonce pour la fête de l’agneau
La nouvelle édition de la fête de l’agneau AOP des prés salés de la baie de Somme qui se tiendra ce samedi 16 septembre à Saint-…
Olivier Devillers cultive 4 ha de pommes de terre bio robustes. Un choix  agronomiquement cohérent.
Davantage de pommes de terre robustes dans la plaine
100 % de pommes de terre robustes chez les producteurs bio de la région en 2026. C’est l’objectif de la coopérative Norabio et de…
Déployée sur 3 hectares, la canopée d’une puissance de 2,9 MWc devrait permettre de réaliser une économie en eau de près de 30 % pour les cultures irriguées.
À Brouchy, une canopée agrivoltaïque totalement inédite
Ce 21 septembre, Benoît Bougler inaugurait une canopée agrivoltaïque de 3 ha sur son exploitation de grandes cultures à…
Betteraves : la richesse doit augmenter
Le second prélèvement de betteraves a été réalisé par la CGB Somme, lundi 28 août dans quatorze sites répartis sur l’ensemble du…
betteraves
Cristal Union prêt à accueillir de nouveaux producteurs
Le contexte est porteur et le groupe coopératif assure qu'il dispose des capacités industrielles nécessaires dans ses sites.
Semés plus tard, comparativement aux années précédentes en raison d’une forte pluviométrie printanière, les conditions météorologiques qui ont suivi ont toutefois été favorables à leur développement, «ce qui permettra pour bon nombre  d’éleveurs de se reconstituer un stock».
Bien calculer le prix du maïs sur pied de 2023
L’achat et la vente de maïs sur pied sont une pratique courante dans le département. Pour calculer le juste prix, deux méthodes…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde