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Des appétits discrets mais bien réels pour des terres aux enchères

La vente aux enchères de deux lots de parcelles agricoles exploitées à Gentelles et Boves se prépare. Elle aura lieu le
15 mars prochain. Face à des potentiels acquéreurs, le fermier qui les occupent tente de faire front.

Combien d’acheteurs seront présents ou représentés le mardi 15 mars prochain au tribunal d’Amiens quand il s’agira d’adjuger aux enchères deux lots de terres agricoles situées dans les communes de Gentelles et de Boves ?
Mystère… Fin de semaine dernière, pour la présentation de ces deux lots par un couple d’huissiers, cinq à six «clients» potentiels avaient fait le déplacement. Certains, simplement par «curiosité» selon leurs dires, tandis que d’autres semblaient plus prêt à faire affaire. Le verdict ne sera connu qu’à l’issue de la vente prévue d’ici quelques jours, mais en attendant, c’est la question du prix qui agite les discussions et celle du devenir de l’exploitation de ces parcelles.  Pour mémoire, les deux lots proposés à la vente se composent pour le premier d’une parcelle 10 hectares, 1 are et 18 centiares et d’une parcelle de 3,30 hectares sur la commune de Gentelles, avec une mise à prix à 72 000 €. Le second lot, comprenant des parcelles situées sur la commune de Boves, se compose d’une parcelle de 11,24 hectares et d’une parcelle de 1,24 hectare. La mise à prix pour ce second lot est fixée à
68 000 €.

 

«Face à un mur»

Agriculteur à Gentelles, Janick Gellynck en est l’actuel occupant. Installé depuis 2006 à la suite de son père, il exploite environ 125 hectares sur les communes de Gentelles, Boves et Cachy suivant un assolement «classique» comprenant blé, pommes de terre, betteraves et colza. Propriétaire d’une «petite partie» de cette surface, il loue à différents propriétaires la majeure partie de son exploitation. La nouvelle d’une vente aux enchères pour un cinquième des terres qu’il exploite lui est tombée dessus, il y a quelques mois, «comme un coup de massue». «En mai 2021, j’ai reçu un courrier recommandé pour m’annoncer qu’une vente aux enchères de ces terres aurait lieu pour répondre aux difficultés financières du propriétaire», rapporte M. Gellynck. 

Accompagné d’un avocat, le fermier fait une proposition d’achat, avec une offre qu’il qualifie de «correcte» ; dans tous les cas, «supérieure au prix affiché», ce dernier pouvant être considéré comme un prix d’appel. Sa proposition adressée au liquidateur reste cependant lettre morte… jusqu’à ce qu’il reçoive un second courrier recommandé lui indiquant, cette fois, la date et le lieu de la vente aux enchères. «C’était en février 2022», se souvient l’agriculteur. Depuis, Janick Gellynck ne sait pas quel sort attend les terres qu’il cultive. D’une certaine manière «protégé» par un bail, il ne sait toutefois pas ce qu’il adviendra à l’échéance de celui-ci. Le bail en question, courant jusqu’en septembre 2022 et n’ayant pas fait l’objet d’une dénonciation, est reconduit par tacite reconduction pour une durée de neuf ans. Après ? «Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, craint l’agriculteur. Et puis, on peut toujours avoir des surprises…» Calme et posé dans ses explications, Janick Gellynck est dépité : «On a toujours fait les choses dans les règles. Malgré la signature d’un bail, je ne me sens pas protégé». 

 

«On ne pense qu’à ça»

Chaque matin, sur le chemin qu’il emprunte pour emmener ses enfants à l’école du village, l’annonce de la vente aux enchères lui fait face, cette dernière étant affichée sur le parvis de la mairie voisine. «Ça fait mal, estime M. Gellynck. On se retrouve exposé sans rien avoir demandé. Beaucoup de gens m’en parlent sans connaître la situation. Certains pensent même que c’est moi qui rencontre des difficultés…». En discutant du sujet, il se rend compte pourtant que «ce n’est pas un cas isolé». Acheter les terres en question fait partie des options sur la table pour Janick Gellinck. Il y a une dizaine de jours, il a adressé une nouvelle proposition d’acquisition, de gré à gré. Mais en l’état actuel des choses, il ne pourra se positionner qu’une fois que les enchères auront eu lieu. «Je ne suis pas opposé à les acheter, explique-t-il. Quand on est en fermage, on essaie d’économiser pour pouvoir acheter quand l’occasion se présente, mais le prix doit rester raisonnable.» Or, qui peut savoir à quel prix les terres seront adjugées ? Le 15 mars prochain, M. Gellinck n’a pas prévu de se rendre au tribunal d’Amiens. «Trop dur», estime-il. Et d’espérer «qu’il n’y aura pas trop de monde pour enchérir». 

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