Aller au contenu principal

Elevage bovin
Eleveurs bovins (4/10). Des vaches Aubrac au Pays du Coquelicot

 Ils sont éleveurs bovins par choix, et leur professionnalisme leur permet de vivre de leur métier. Chaque semaine, nous allons à la rencontre de l’un de ces passionnés de la Somme. L’exploitation familiale des Leignel, à Bray-sur-Somme, n’avait pas connu de vaches depuis 1991. Charles a remis sur pied un troupeau d’Aubrac pour valoriser ses terres blanches.

«Les vaches sont souvent du caractère de l’éleveur», sourit Charles Leignel. Il semblerait que celui-ci soit bien dans ses bottes.
© A. P.

L’élevage bovin ? Charles Leignel a été élevé dedans lorsqu’il était petit. Bien que son père, plus féru de tracteurs que de vaches, ait arrêté l’atelier d’allaitantes en 1991, la passion est restée. «Je me suis installé en 2006. J’avais l’élevage en tête. Les mauvaises récoltes consécutives ont fini de me convaincre. L’élevage permet de valoriser les terres à faible potentiel.»
Il faut dire que sur les 150 ha de l’exploitation de Bray-sur-Somme, dans la Communauté de communes du Pays du Coquelicot, 50 % sont des terres superficielles, dites cranettes sur craie. «Quant on fait 60 t de betteraves, 50 qx/ha en blé, et que les cultures de printemps souffrent d’autant plus de la sécheresse, il faut se remettre en question et trouver la manière de tirer son épingle du jeu.» Une vingtaine d’hectares sont donc désormais des prairies et surfaces fourragères, valorisées par un troupeau de vaches Aubrac, qui a intégré l’exploitation en mars 2019.
«Je voulais une race qui permette de me démarquer, car une petite partie est vendue en direct, en caissettes. C’est aussi une belle vache, douce, rustique, maternelle, qui vêle bien… Bref, facile à élever», justifie Charles Leignel. Quinze mères et dix-huit génisses ont été achetées dans l’Aveyron, berceau de la race. Aujourd’hui, trente mères constituent le cheptel, et la suite est engraissée. Un atelier qui convient bien à l’éleveur. «Je veux rester à taille humaine, et je veux pouvoir y travailler seul.»
Pour cela, l’éleveur s’est «donné les moyens de réussir». Après plusieurs visites d’élevages qui ont permis de cerner les besoins, des investissements ont été réalisés, en plus de l’achat des bêtes : bâtiment d’élevage de 850 m2, parc de contention avec case de pesée, silos à grains… À part les compléments pour les animaux en finition, les productions de l’exploitation suffisent à alimenter les bêtes : foin de luzerne essentiellement, enrubannage, betteraves fourragères et céréales aplaties.
Charles a aussi acheté deux bons taureaux pour assurer la reproduction. «C’est beaucoup plus facile d’utilisation que l’insémination artificielle. Lui sait quand la vache est en chaleur !» Les reproducteurs ont été choisis pour les qualités qu’il transmettent : «pas trop grands pour rester dans le gabarit, bien faits pour donner des veaux de forme, et un tempérament calme… Bien que les vaches ont souvent le caractère de l’éleveur», sourit-il. Il n’y a qu’à pousser la porte du bâtiment pour constater que les Aubrac ont trouvé la sérénité qui leur convient.

«il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. La diversification est une bonne stratégie. D’autant que les vaches, c’est du capital.»

L’équilibre à tout point de vue
Quant à la rentabilité de ce tout nouvel atelier ? Pour l’instant, avec les investissements, il est coûteux plus qu’il ne rapporte. «Une partie du chiffre d’affaires, même si la marge était faible, a aussi été supprimée par le remplacement de quelques hectares de cultures en surfaces fourragères.» Mais l’éleveur y voit clair à plus long terme : «D’ici quatre ans, je devrais sentir les bénéfices.» Le temps d’un cycle et de la vente des premières vaches, qui, pour l’instant, étaient gardées pour le développement du troupeau. Charles Leignel en est convaincu : «il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. La diversification est une bonne stratégie. D’autant que les vaches, c’est du capital.»
L’élevage comporte un autre atout de taille : celle de l’apport de fumier, dont les premiers épandages ont été réalisés l’année dernière. «Nous allons ainsi ramener de la matière organique pour les terres, et c’est non négligeable. Cela assure l’équilibre complet de l’exploitation.» L’équilibre familial, lui aussi est préservé. «L’élevage, c’est chronophage, mais avec mes enfants et ma femme, nous nous sommes unis autour de ce projet. Je dirais même que les liens se sont renforcés.» Que demander de mieux ?

 

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

augmentation des taxes sur l'E85 bioéthanol carburant
A partir du 1er janvier 2026, rouler à l’E85 pourrait coûter plus cher

Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une augmentation progressive des taxes sur le Superéthanol-E85. Une mesure…

un éleveur de la Somme au tribunal pour tapage nocturne
Un éleveur samarien au tribunal pour avoir nourri ses vaches trop tôt le matin

L’audition d’un éleveur du Vimeu au tribunal d’Amiens pour "tapage nocturne" ravive la question des conflits entre…

Clarebout mouvement social bourbourg Dunkerque grève rachat
Le rachat de Clarebout par J.R. Simplot ne passe pas auprès des salariés

Un mouvement social entamé par les salariés touche toutes les unités de production du groupe Clarebout, en Belgique comme dans…

charte des contrôles FDSEA de la Somme
Contrôle des agriculteurs : la FDSEA de la Somme se rebiffe

La FDSEA de la Somme refuse de signer le projet de renouvellement de la charte encadrant les contrôles dans les exploitations…

grippe aviaire dans un élevage de faisans et de perdrix à Pihen-les-Guînes
Un foyer de grippe aviaire hautement pathogène découvert dans un élevage de faisans et de perdrix

La présence du virus de l’influenza aviaire de type H5 a été découverte ce vendredi 10 octobre dans un élevage de gibier dans…

billet d'humeur Europe 1 tapage nocturne Olivier Berthe
Conflit de voisinage à Lignières-en-Vimeu : est-ce en voulant faire justice soi-même qu’on avance ?

Trois matins, quelques vaches nourries à l’aube… et voilà qu’un simple conflit de voisinage devient affaire nationale. Entre…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde