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En période difficile : le règlement amiable

Pour régler leurs dettes, les exploitants peuvent utiliser la procédure du règlement amiable pour sauvegarder leur exploitation. Un outil destiné à prévenir et à régler les difficultés financières des exploitations agricoles.

Quand plusieurs signaux négatifs apparaissent au sein de la trésorerie, le maître-mot, c’est l’anticipation.
Quand plusieurs signaux négatifs apparaissent au sein de la trésorerie, le maître-mot, c’est l’anticipation.
© J.-C. Gütner


Conjoncture défavorable, phénomènes de nature exceptionnelle (pluviométrie abondante, sécheresse), résultats techniques en baisse, mauvais investissements, mauvaise gestion, un prix d’équilibre non atteint, des ouvertures de crédit dépassées, l’accumulation de factures impayées, des difficultés à régler les courts termes de campagne... Autant d’éléments et d’indices qui peuvent mettre une exploitation en difficulté. Cela se traduit souvent par un allongement des délais de règlement, des retards importants de paiement ou des échéances d’annuités non respectées. Si la pérennité de l’exploitation n’est pas compromise et que l’exploitant souhaite éviter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, un accord ponctuel avec un ou plusieurs créanciers est souvent efficace. Le règlement amiable agricole est une procédure propre aux agriculteurs. Elle a été créée par la loi du 30 décembre 1988 et est modifiée par la loi du 26 juillet 2005.

La procédure
Elle vise à obtenir un accord amiable soumis à une «légère tutelle judiciaire». La requête en règlement amiable agricole peut être demandée par l’exploitant ou la société. C’est un passage obligé avant le redressement judiciaire. Elle peut être demandée par un ou plusieurs créanciers. La requête est formulée par écrit auprès du tribunal de grande instance du siège de l’exploitation, en faisant état des dettes et des créances de l’exploitation et de l’origine des difficultés. Elle provoque une audition de l’exploitant ou du gérant par le président qui ordonne, en général, l’ouverture d’une procédure de règlement amiable avec nomination d’un conciliateur ou une ordonnance de rejet si le cas n’est pas approprié, soit en raison d’une demande prématurée, soit que l’exploitation est en état de cessation de paiement. Dans ce cas, cela relève de la procédure de redressement judiciaire. Le conciliateur entend l’exploitant ou le gérant et ses principaux créanciers pour analyser la situation. Après concertation, il établit un plan de règlement prévoyant des délais de paiement ou encore des remises de dettes. La durée est fixée par le tribunal et s’opère souvent dans une durée de deux à quatre mois.

Le conciliateur
Le conciliateur, personne physique, organise et négocie les meilleures solutions possibles pour aboutir à un accord amiable entre l’exploitant ou le gérant et les créanciers. Il doit rendre compte au tribunal de sa mission, soit avec la conclusion d’un accord, soit avec un procès verbal d’échec. La décision finale lui échappe : il doit se limiter à mettre en œuvre tous les moyens pour aboutir à un compromis et ne dispose d’aucun pouvoir particulier. Le conciliateur établit un protocole d’accord, appelé «procès-verbal de conciliation», qui sera signé par l’exploitant et les créanciers concernés. Ce document sera déposé au greffe du tribunal de grande instance et ne sera pas publié. Si aucun accord n’a abouti, le conciliateur établit un «rapport de non-conciliation». L’exploitant ou ses créanciers peuvent saisir le tribunal de grande instance pour demander l’ouverture d’un redressement judiciaire.
Outre la nomination d’un conciliateur, le tribunal peut suspendre provisoirement les poursuites pour deux mois non renouvelables pour mettre un climat plus propice à la négociation. Cette suspension s’impose à tous les créanciers, à l’exception des prêts d’une durée supérieure à un an. L’exploitant ne peut régler une créance antérieure sans l’accord du juge. Cette procédure garde toute sa confidentialité. Il n’y a pas de publicité, sauf pour la suspension des poursuites.

L’accord amiable
Cette procédure d’accord amiable est confidentielle et flexible. Elle concerne toutes les exploitations qui ne sont pas en cessation de paiement. L’accord amiable (délais de paiement, remise de dettes, aménagement de paiement) concerne uniquement les créanciers qui ont été invités et qui ont accepté de participer à la procédure de conciliation. Elle instaure un climat de confiance et de discussion pour trouver des solutions amiables. Pendant sa durée, aucune action ne peut être intentée par un créancier pour obtenir le paiement des sommes incluses dans l’accord et aucune garantie ne peut être prise par les créanciers pour leur assurer le bon déroulement de l’accord. En cas d’inexécution de cet accord, le débiteur s’expose à une mise en redressement judiciaire ou à une liquidation.
Au final, le règlement amiable peut déboucher sur un accord avec les principaux créanciers, concrétisé par un protocole signé entre les parties. Attention, l’accord amiable est sans effet vis-à-vis des créanciers non signataires de la convention. Dans le cas où un accord n’a pu être obtenu, l’entreprise se restructure seule, ou elle saisit le tribunal de grande instance en vue d’un redressement judiciaire.
Ces différentes procédures sont des outils efficaces pour sauvegarder et pérenniser les exploitations en difficulté, à condition de ne pas attendre d’être en cessation de paiement pour agir, ou que les créanciers se manifestent par voie judiciaire. La mise en place de délais de paiement et/ou de remise de dettes peut permettre de donner un second souffle financier à l’exploitation afin de repartir sur de nouvelles bases plus saines.
Cette procédure a l’avantage de rester discrète et d’avoir un faible coût financier à sa mise en place. Elle a avant tout un aspect préventif et curatif. Le maître-mot est l’anticipation. Dès les premiers signes de difficultés de trésorerie, l’exploitant doit se tourner vers son conseiller afin de voir comment rétablir sa situation. Dans tous les cas, un diagnostic permet de pointer les difficultés et de proposer des solutions afin de rétablir la trésorerie.

Autres procédures

La procédure Agridiff

Cette procédure administrative (demande auprès de la DDT(M)) peut être menée parallèlement aux autres procédures existantes. L’exploitation doit justifier d’un endettement minimal et d’une baisse de rentabilité tout en restant viable. Bien souvent, elle obtient une prise en charge partielle des intérêts bancaires et des cotisations sociales.

Le redressement judiciaire
Cette procédure de redressement judiciaire vise à sauver l’exploitation qui se trouve en cessation de paiement, mais aussi ces créanciers. Elle génère la suspension des poursuites, mais ne protège que temporairement les cautions. Avantage de cette procédure, l’exploitant garde la maîtrise totale de son exploitation, sauf si un administrateur est nommé. Avant d’arriver à l’issue de cette procédure, une période d’observation est réalisée, elle est souvent de douze mois. Au bout de cette période, le mandataire avec l’appui des conseillers, présente un plan de redressement qui peut aller jusqu’à quinze ans. En revanche, les investissements seront plus difficiles à réaliser, mais reste possibles, surtout s’ils sont prévus dans le plan de redressement.

La liquidation
Lorsque la situation devient irrécouvrable, un liquidateur est nommé pour vendre les biens. Quel que soit le résultat de la vente, le passif sera éteint et les cautions seront sollicitées pour régler tout ou partie du passif. La liquidation peut être à l’initiative du débiteur.

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