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Encore une année noire pour la perdrix grise

La saison de chasse qui s’ouvre ce dimanche 19 septembre dans les plaines de la Somme devrait être plus favorable aux chasseurs de gibier à poils qu’à plumes. 

Pour le gibier à plumes et, en particulier, la perdrix grise, la situation à l’approche d’une nouvelle saison de chasse oscille entre «pas terrible» et «catastrophique».
Pour le gibier à plumes et, en particulier, la perdrix grise, la situation à l’approche d’une nouvelle saison de chasse oscille entre «pas terrible» et «catastrophique».
© Pixabay

«Un vrai temps d’brin». Si chacun se souvient des conditions météo des derniers mois et de leurs conséquences sur les cultures, la petite faune des plaines samariennes a elle aussi souffert. Pour le gibier à plume, la situation oscille entre «pas terrible» et «catastrophique», selon les mots du directeur de la fédération des chasseurs de la Somme, Thierry Delefosse. Pour les espèces à poils, «c’est en revanche bon à très bon». Au centre de nombreuses discussions, la perdrix grise ne va pas bien, sans que cela soit une surprise : «La plaine de la Somme n’est plus vraiment un milieu favorable et les conditions météo du printemps et de l’été n’ont pas aidé», constate M. Delefosse. «L’an dernier, avec des conditions météo moyennes, ce n’était déjà pas terrible. Cette année, c’est pire avec une succession d’épisodes de froid et de pluie.» À l’échelle du département, les échantillonnages ont montré une reproduction de 1,5 jeune par poule, «soit le plus bas niveau depuis qu’on en fait». Face à cette situation, faut-il ou pas autoriser la chasse de la perdrix grise ? «Tout le monde sait bien que l’espèce est mal en point. Mais on a deux cas de figure, décrit le directeur de la FDC 80. Il y a ceux qui ont des populations naturelles et qui s’abstiendront de chasser pour les préserver. Et il y a ceux qui ont fait des lâchers de repeuplement et qui chasseront.» Pour la fédération des chasseurs, pas question pour autant de prendre des mesures «coercitives», dixit son directeur : «Les situations sont tellement diverses qu’il est difficile de prendre des mesures de suspension pour tout le département. C’est aux chasseurs, en fonction de leur connaissance de leurs territoires et de leurs populations, de prendre leurs responsabilités.» Mais Thierry Delefosse en est convaincu : «Toute perdrix naturelle qui sera tuée cette année sera une perdrix tuée en trop.» 

Le faisan se porte mieux

Pendant que la perdrix poursuit son déclin, le faisan commun, lui, se porte bien : «Contrairement à la perdrix qui connait un pic d’éclosion mi-juin, le faisan a une reproduction plus étalée dans le temps, ce qui laisse plus de chances aux couvées de passer à travers les gouttes, explique Thierry Delefosse. On peut ainsi voir de petites couvées jusqu’à la fin du mois d’août.» Cela a toutefois des conséquences sur la maturité des oiseaux que l’on sera susceptible de rencontrer le jour de l’ouverture : «Tous les oiseaux ne seront pas matures. Il faut donc être vigilant, voire décaler l’ouverture de la chasse au faisan, préconise le directeur de la FDC 80.
On conseille aux chasseurs de décaler leur ouverture au faisan, de ne tirer que des oiseaux maillés.» Dans les quelques territoires où cela reste autorisé, le tir des poules est quand même déconseillé pour tenir compte d’une année 2021où la reproduction reste globalement hétérogène.

Des pigeons déjà partis 

Le constat est chaque année le même concernant le pigeon ramier : «On en voit pendant des semaines et à mesure que l’on se rapproche de la date de l’ouverture, ils disparaissent», rapporte Thierry Delefosse. «Le pigeon pourrait être un beau gibier d’ouverture mais, depuis huit jours, on en voit beaucoup moins. Dimanche, beaucoup auront déjà quitté le département en route vers le sud. Il faudrait pouvoir ouvrir cette espèce plus tôt dans la saison, mais c’est un arrêté ministériel qui fixe les dates et il est difficile d’en demander la modification.» Depuis l’ouverture de la saison de chasse au gibier d’eau, sur le domaine public maritime d’abord puis, dans les marais intérieurs ensuite, les sauvaginiers samariens ont connu des fortunes diverses : «La reproduction des canards a été mauvaise cette année, mais le début de migration a été plutôt bon avec quelques bons coups de vent de nord-est début septembre.» Ce que les chasseurs de gibier d’eau redoutent avant toute autre chose, c’est le retour de la grippe aviaire qui les avaient privés de l’utilisation de leurs appelants l’an dernier. 

Une année favorable pour le poil 

En ce qui concerne le lièvre, les comptages montrent des populations en hausse «depuis quatre-cinq ans (…) On continue à être dans une phase ascendante». Assurément, il devrait donc être le gibier de l’ouverture, même si certaines conditions rendront sa chasse difficile : «Quand on voit la hauteur et la densité des feuillages de betteraves, beaucoup de lièvres vont couler en dessous… Ce ne sera pas évidemment de les tirer dans ces conditions», sourit Thierry Delefosse. Le lapin continuerait, quant à lui, d’être en déclin : «Il y a bien quelques îlots où il en reste, mais cela devient de plus en plus rares, y compris sur les aires d’autoroute et les ronds-points…» 

Et le grand gibier ? 

La saison 2021-2022 s’annonce favorable, que ce soit pour le chevreuil ou le sanglier : «La reproduction du chevreuil a été plutôt bonne dans le département, constate Thierry Delefosse. On voit beaucoup de chevrettes accompagnées de deux jeunes. Elles ont trouvé suffisamment de nourriture et d’eau pour pouvoir allaiter correctement deux chevrillards.» Le sanglier est lui aussi «toujours bien présent, malgré des prélèvements importants». L’an dernier, environ 4 200 suidés ont été tués dans le département. «Le sanglier reste une espèce opportuniste, rappelle le directeur de la fédération des chasseurs. Avant que la population baisse significativement, on peut y aller…» Les incitations à chasser les grands animaux dès le 1er juin – à l’approche ou à l’affût – commenceraient à porter leurs fruits, «en particulier pour le sanglier», note-t-on à la fédération. 

Des effectifs en hausse

Les aléas de la reproduction des espèces  comme la probabilité de les rencontrer sur le terrain  n’affecte pas en tous cas un certain engouement pour la pratique de la chasse, d’une manière globale. Comme ailleurs en France, les effectifs de chasseurs «poussent» dans la Somme. «Malgré le Covid-19 et les restrictions que l’on a connu la saison dernière, le nombre de chasseurs ayant validé leur permis pour la saison 2021-2022 a progressé (+ 400, fin août) par rapport à l’an dernier», note la fédération des chasseurs. Le nombre de candidats au permis de chasser est, lui aussi, en hausse en 2021 par rapport à l’an dernier pour s’afficher à 750 entre février et septembre. Parmi ces candidats, «de plus en plus de filles», souligne la fédération des chasseurs de la Somme, et des profils variés : «La majorité des candidats, ce sont toujours des jeunes de 15-18 ans, dont les parents sont chasseurs. Mais on voit aussi de plus en plus de personnes trentenaires s’y mettre, des retraités…» Exactement le type de profils ciblés par les récentes campagnes de communication de la fédération nationale des chasseurs. 

 

Dégâts de gibier : ce que chasseurs et agriculteurs attendent de Bérangère Abba

La secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, a indiqué, la semaine dernière son intention de «mettre un coup d’arrêt à la croissance des dégâts» de gibier grâce à des mesures encore en cours de discussion qu’elle pourrait dévoiler prochainement. Après les discussions renouées depuis dix-huit mois avec les chasseurs comme avec le ministère de la Transition, la FNSEA attend désormais rapidement «des moyens pour abaisser les populations». Espérant réduire les effectifs d’au moins 30 %, le syndicat majoritaire souhaiterait «rendre possible le prélèvement toute l’année, supprimer les critères de sélection appliqués dans certaines régions, et autoriser le piégeage ainsi que la chasse dans les parcelles en cours de récolte», liste Florent Leprêtre, représentant syndical au sein de la Commission nationale de l’indemnisation des dégâts de gibier. Les chasseurs, de leur côté, insistent sur la prise en compte des zones non-chassables. «Nous ne pouvons plus assumer financièrement de payer l’intégralité des dégâts agricoles pour tout le territoire, alors qu’il y a des zones où nous ne pouvons pas mettre les pieds», rappelle Willy Schraen, président de la FNC. Alors que l’agrainage demeure un dossier délicat, chasseurs et agriculteurs tomberaient, en revanche, d’accord pour faciliter la chasse de nuit dans les parcelles agricoles, «en faisant attention à l’aspect sécurité», précise Florent Leprêtre.
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