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Fin des emballages plastiques : quelles solutions pour le lait ?

Depuis le premier confinement, les français se ruent sur les briques et bouteilles de lait, qu’ils dégustent notamment au petit-déjeuner. Mais la filière doit faire face au défi de la loi Agec, qui devrait interdir le plastique à usage unique d’ici 2040.

Depuis sa création en 2008, la bouteille en plastique PET opaque, 100 % recyclable, qui garanti une conservation du lait optimale a a su séduire les consommateurs. Mais la loi Agec devrait imposer à la filière d’y renoncer.
Depuis sa création en 2008, la bouteille en plastique PET opaque, 100 % recyclable, qui garanti une conservation du lait optimale a a su séduire les consommateurs. Mais la loi Agec devrait imposer à la filière d’y renoncer.
© Syndilait

Le lait est le produit qui rassure en temps de crise sanitaire. On le sirote en famille, lors du petit-déjeuner ou au goûter, ces moments retrouvés pendant les périodes de confinement. On en fait des gâteaux ou des crêpes… «Après dix années de recul, sa consommation globale a enregistré une croissance de 4,9 % en volume, soit 3 milliards de litres tous circuits confondus, dont 97 % est du lait français, issu des fermes et laiteries ancrées au cœur des territoires», se réjouit Olivier Buiche vice-président du Syndilait, qui tenait une conférence de presse ce 19 mai. Parmi la trentaine de laiteries françaises, six sont en Hauts-de-France (Ingrédia à Saint-Pol-sur-Ternoise, Candia à Cambrai, Lactalis à Petit-Fayt et Clermont, et Lactinov à Abbeville et Braine).  

Plus spécifiquement, en grande distribution, les achats ont progressé de 4,9 % en volume par rapport à 2019, avec une pointe à + 35,4 % en avril 2020 comparé à avril 2019. «L’enthousiasme des Français s’est en particulier porté sur le lait UHT, qui représente aujourd’hui 97 % du marché en France, accessible et facile à stocker dans la durée.» Depuis 1951, et la naissance de l’emballage carton, le conditionnement du lait n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui celui-ci est commercialisé en brique (46,4 % des achats), composé à 70 % papier vierge, à 25 % polyéthylène, et à 5 % d’aluminium - deux tiers de cette couche polyéthylène aluminium n’est pas recyclable -, et en bouteille PET opaque (53,5% des achats), 100 % recyclables. Seulement, la filière française est confrontée à la loi Agec (Anti-gaspillage et économie circulaire), qui fixe une trajectoire d’interdiction du plastique à usage unique d’ici 2040. 

 

Du temps 

et des moyens 

«Nous reconnaissons l’intérêt du décret 3R (réduire, réemployer, recycler) publié le 30 avril qui vise à supprimer les plastiques inutiles, mais nous avons besoin de temps et de moyens pour nous adapter», prévient Emmanuel Vasseneix, vice-président du Syndilait. Aujourd’hui, seul le plastique possède les propriétés barrières nécessaires à la protection du lait UHT si plébiscité des consommateurs, qu’il soit en fine couche dans les briques ou en matériau unique dans les bouteilles PET opaque et PEHD. «À l’heure actuelle, aucune solution de remplacement viable n’existe sur le marché, mais nous  y travaillons.» Or, les échanges sont courtes : dès 2030, la loi prévoit - 50 % de bouteilles en plastique mises sur le marché. Le décret 3R prévoit quant à lui la réduction de 20 % des emballages plastiques à usage unique, dont 50 % par réemploi d’ici 2025.

 

Cinq scénarios, pas de miracle

Le syndilait a étudié cinq scénarios de l’adaptation à cette loi, mais aucun «miracle» ne se dégage. Première solution : le retour des bouteilles de verre. «Cela signifie le retour massif au lait pasteurisé (3 % du marché aujourd’hui en France) qui peut supporter la lumière. L’impact environnemental serait très lourd, avec un rétablissement de la chaîne du froid dans la logistique, depuis la laiterie jusqu’au distributeur puis chez le consommateur, une augmentation massive des flux de transport et de la rotation des emballages qui seraient utilisés en réemploi», pointe Emmanuel Vasseneix. Deuxième scénario, celui du passage à la canette non refermable, mais  source de gaspillage. «Le lait conditionné en 1 l risque de s’altérer, et en petit format, cela conduit à une multiplication des emballages et une augmentation de l’impact carbone.»

Troisièmement, le passage total à la brique carton. «Ce n’est pas une solution viable, puisque les briques carton contiennent du plastique. La conception d’une brique sans aucun plastique n’est actuellement pas envisagée avant 2050 par les fabricants.» La vente en vrac, elle, est tout simplement interdite par le règlement européen 853/2004, relatif aux règles d’hygiène pour les denrées alimentaires d’origine animale. enfin, le dernier scénario envisagé, le plus catastrophique, est «la disparition pure et simple du lait de consommation français.» «Dans l’état actuel de la loi Agec, c’est le seul scénario plausible, car nous n’avons ni le temps ni les moyens de nous dapater», alertent les responsables. 

 

Solutions durables et pédagogie 

La filière se mobilise plus que jamais pour trouver de nouvelles solutions durables. «Nous avons créé plusieurs groupes de travail pour avancer sur le sujet de la recyclabilité et de l’écoconception en lien avec ses fournisseurs.» Un travail est en cours pour proposer des bouchons attachés à la bouteille. La mise en place d’un circuit de recyclage en boucle fermée spécifique aux bouteilles en PET opaque, afin qu’une bouteille de lait puisse redevenir une bouteille de lait, est en cours. Pour les bouteilles en PEHD, un groupe mène une étude sur la mise en place d’un nouveau type de recyclage qui permettrait de refaire des bouteilles en boucle fermée. Du côté de la brique, un autre groupe de travail étudie la possibilité d’optimiser son recyclage et de poursuivre les progrès liés à son écoconception : disparition de la couche d’aluminium, utilisation de plastique biosourcé... Par ailleurs, au-delà du conditionnement, les professionnels sont également à l’œuvre pour réduire l’impact global de leurs emballages, comme le développement de films en matériaux recyclés pour les bouteilles de lait vendues par lot. 

Surtout, en collaboration avec Citeo, les professionnels sont des convaincus de la pédagogie. «Il faut sensibiliser les consommateurs au tri pour augmenter significativement le taux de collecte et de recyclage.» Ajourd’hui, les briques serait recyclés à 57 % pour les briques et 61 % pour les bouteilles. «Mais ces chiffres sont issus d’études sur le recyclage des briques et bouteilles en général, et non spécifiques aux emballages du lait. Or, le lait est un produit consommé à la maison, dans la cuisine, qui se jette rarement dans la nature», précise Emmanuel Vasseneix. 

 

Une journée mondiale du lait en ligne

Pas de visite de laiterie cette année encore pour la journée mondiale du lait, le 1er juin. «Comme en 2020, en raison des conditions sanitaires, c’est essentiellement sur les réseaux sociaux que les professionnels du lait invitent les consommateurs à fêter la journée mondiale du lait le 1er juin», annonce le Syndilait dans un communiqué. Rendez-vous est donné sur Twitter (@journeedulait) et sur le blogdulait.fr pour «tout savoir sur le lait conditionné et découvrir l’engagement quotidien des femmes et des hommes de la filière».

 

La crise du contenant 

Le marché de l’emballage alimentaire est tendu. Très tendu. «C’est même du jamais-vu», assure Emmanuel Vasseneix, vice-président du Syndilait. Le plastique, tout d’abord connaît une forte augmentation des prix. Elle est liée à l’augmentation du prix du pétrole et à la multiplication des cas de «force majeure» déclarés par les fabricants de polymères, qui autorisent le fournisseur à remettre en cause le contrat commercial. La filière papier et carton souffre elle aussi de la crise dans laquelle la pandémie a plongé l’économie mondiale. «Une des explications, c’est la hausse de la demande de carton d’emballage, utilisé dans l’expédition de colis. Les gens commandent énormément sur Amazone et le carton vient à manquer», analyse Emmanuel Vasseneix. Comme pour les autres matières premières, le coût du fret pèse également sur le secteur. Ces derniers mois du fait de l’immobilisation de porte-conteneurs les prix ont fait des bonds : le prix d’un conteneur de 40 pieds qui voyage entre l’Asie et l’Europe est quatre fois plus élevé aujourd’hui qu’en novembre : de 2 000 dollars il est passé à 8 500 dollars. 
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