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Crise de l'énergie
La facture énergétique reste lourde pour les endiviers

Suite aux différentes annonces de mesures pour tenter de limiter l’impact de la hausse des tarifs de l’énergie, il y a du mieux chez les endiviers, mais la facture reste lourde pour un certain nombre d’entreprises. 

Éligible au dispositif d’amortisseur «électricité», l’entreprise d’Hervé Persyn ne peut en revanche pas prétendre  à la renégociation du contrat de fourniture d’électricité sans frais compte tenu qu’il s’agit d’une PME.
Éligible au dispositif d’amortisseur «électricité», l’entreprise d’Hervé Persyn ne peut en revanche pas prétendre à la renégociation du contrat de fourniture d’électricité sans frais compte tenu qu’il s’agit d’une PME.
© V. F.

À la tête d’une endiverie qui emploie 25 personnes à l’année à Fins, au nord-est de la Somme, Hervé Persyn était encore perplexe fin de semaine dernière suite aux annonces du gouvernement pour tenter de contenir le prix de l’électricité. Depuis le mois de septembre où nous l’avions rencontré et aujourd’hui – le 6 janvier – la situation s’est certes détendue, mais elle reste critique : «En novembre, j’ai fini par signer pour deux ans un contrat de fourniture d’électricité avec un fournisseur. Ça a été un coup de poker. Peut-être que je n’aurais pas dû, ou bien encore attendre…» Éligible au dispositif appelé «amortisseur électricité», l’entreprise de M. Persyn va bénéficier en 2023 d’une baisse de sa facture d’environ 20 % par rapport à ce qu’il avait estimé, «mais cela reste quand même quatre fois plus cher qu’en 2022», estime-t-il. 

 

Des PME exclues de la renégociation des contrats 

Alors que les TPE ont obtenu du gouvernement la possibilité de renégocier sans frais leur contrat de fourniture d’électricité lorsqu’ils sont «excessifs», l’entreprise d’Hervé Persyn n’y a pas droit. Un «comble», une «aberration», selon lui : «Le motif, c’est que j’emploie trop de monde… Il faut être une TPE, donc employer moins de 10 salariés.» Pour l’endivier, «ce dispositif doit s’appliquer aussi aux PME» Il s’agit d’une demande de la profession qui continue de multiplier les appels dans ce sens auprès du ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire. Parmi les autres mesures accessibles aux entreprises dont les dépenses d’énergie représentent 3 % du chiffre d’affaires en 2021 après prise en compte de l’amortisseur, il existe également le guichet d’aide au paiement des factures. La limite de ce dispositif est toutefois, selon M. Persyn, sa complexité : «Il faut être énarque pour remplir le dossier… Les aides, on sait comment cela fonctionne. On ne peut compter dessus que lorsqu’on les a reçues…»

 

Menace sur la production

En attendant une inflexion, Hervé Persyn s’attend à ce que les deux prochaines années soient «compliquées». Ce qui le fera tenir ? «Zéro investissement» d’un côté et de l’autre, une économie de prélèvements obligatoires : «Je ne vais pas payer d’impôts étant donné que je ne vais pas faire de résultat…», explique-t-il. Si le producteur de Fins n’envisage pas de stopper la production d’endives, d’autres producteurs n’auraient en revanche pas le choix : «Je ne vais pas citer de noms, mais on entend des choses… Depuis le temps qu’on le dit ! Mais les pouvoirs publics ne veulent pas le voir. Un producteur d’endives qui arrête ses frigos, ce n’est pas comme un boulanger qui baisse le rideau quelques jours. Il ne remet pas en route.»

Stéphane Jacquet (Apef) : «Un bouclier tarifaire selon le bienvenu»

La crise énergétique liée à l’augmentation des tarifs ? «C’est un dossier qui nous mobilise depuis plusieurs mois, et qui n’est pas bouclé», assurait en ce milieu de semaine le directeur de l’Association des producteurs d’endives de France (Apef). Car si les annonces récentes du gouvernement vont dans le bon sens – aide au paiement des factures et amortisseur «électricité» sont désormais cumulables –, la situation reste tendue pour un certain nombre d’entreprises. Pour une endiverie de référence par exemple – 3 000 tonnes de production, 50 salariés, un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros –, «on estime que la facture d’électricité était de 157 000 € en 2021, de 350 000 € en 2022 et de 547 000 € en 2023, sans les aides. Si on compte les aides, la facture baisse à 400 000 €, mais cela reste une somme délirante», constate le directeur de l’Apef. Pour la filière, les demandes restent les mêmes : la mise en place d’un bouclier tarifaire pour toutes les entreprises et la possibilité de renégocier les contrats de fourniture, sans pénalités. «Les endiveries sont en capacité d’accepter une augmentation des tarifs, mais cela doit rester raisonnable», poursuit Stéphane Jacquet. L’évolution du dossier «énergie» est scrutée d’autant plus près que la question s’ajoute à d’autres sujets, comme la contrainte qui pèse sur l’utilisation de certaines matières actives et un marché en berne à cause du redoux des températures qui n’incitent pas les consommateurs à manger des endives. «Heureusement, rapporte le directeur de l’Apef, on a obtenu un répit avec la loi Agec sur la fin des emballages plastiques…» 
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