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Filière lait
Lait bio : entre souffrance et espoir

Depuis un peu plus d’un an, les producteurs de lait bio subissent un ralentissement de la consommation, un déclassement de leur produit, une forte baisse du revenu, des déconversions voire même des arrêts d’activité. Pourtant, selon le Cniel, le marché pourrait reprendre lorsque l’inflation s’estompera. 

Les producteurs de lait bio ne s’y retrouvent plus. C’est ce qui est ressorti de l’assemblée générale du Criel Nord-Picardie-Ardennes (Centre régional interprofessionnel de l'économie laitière) qui a eu lieu le 17 avril dernier à Saint-Quentin. En effet, avec l’inflation, les consommateurs se sont détournés des produits hauts de gamme. Les ventes de beurre, de crème des fromages et de lait bio ont baissé alors que dans le même temps, la collecte augmentait, tout comme les charges d’ailleurs. Le coût de production s’est élevé de 9 % pour 2022 en France. Le résultat ne s’est pas fait attendre : baisse des revenus, déclassement du lait bio en conventionnel. «Heureusement, le prix du lait conventionnel bénéficiait de cours mondiaux bien orientés, affectant un peu moins les résultats bio», a commenté Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel. «La collecte bio a évolué de + 5,6 % dans les Hauts-de-France, et de + 2,7 % au niveau national», a précisé Corentin Puvilland, économiste au Cniel.

 

Une crise devenue conjoncturelle

Dans le cadre d’un plan d’urgence pour sauver la filière, les OPA porteuses du plan de sauvegarde (dont le Cniel) ont obtenu une enveloppe de l’État de 10 millions d’euros pour venir en aide à la crise que traversent les producteurs bio, toutes filières confondues. Une somme bien trop insuffisante pour le Cniel. «En 2017, nous avons répondu au plan de filière pour monter en gamme pour un meilleur revenu. Nous sommes passés d’une collecte de 600 millions à 1,260 milliard de litres en 2022. D’une croissance à deux chiffres, la consommation  s’est ralentie dès la sortie du Covid et a décroché début 2022 avec la guerre en Ukraine et l’inflation. D’une crise structurelle, nous sommes passés à une crise conjoncturelle», a détaillé Yves Sauvaget. «Aujourd’hui, 40 % du lait bio n’est pas valorisé et donc déclassé en conventionnel.» Une partie des pertes financières a été prise en charge par les laiteries qui, pour la plupart, «subventionnent» le prix du lait bio grâce à leur activité conventionnelle. «Ce n’est pas une solution durable, une fromagerie a dû fermer ses portes», se sont désolés les intervenants.

Aussi, le Cniel avec ses partenaires (Synabio, Fnab, Forébio, Chambres d’agriculture de France, La Coopération) réclame un plan de sauvetage pour les 4 200 producteurs bio et a participé au développement d’un plaidoyer en faveur de la mise en place d’un plan de sauvegarde bio par les Pouvoirs Publics. Dans ce cadre, il a transmis un courrier au ministre de l’Agriculture avec trois propositions : une aide financière d’urgence à destination des producteurs de lait bio d’un montant de 71 millions d’euros correspondant à l’évaluation chiffrées des pertes subies, une réaffectation partielle des reliquats du budget dédié au financement à la convention bio (qui n’avait pas été totalement consommé), et des contrôles et mesures d’accompagnement pour une application effective de la loi Egalim, exigeant 20 % de bio (en valeur d’achats hors-taxes) dans la restauration collective. 

 

Vers une amélioration dès 2023 ?

Si le lait bio traverse une période de turbulences actuellement, Yves Sauvaget voit toutefois une lueur d’espoir. Pourquoi ? «Après des années de forte croissance, la collecte de lait bio stagne début 2023, et devrait  diminuer au rythme des cessations d’activité dès 2024.» En effet, sur les 130 arrêts de producteurs de lait bio, un tiers est revenu en conventionnel, un tiers a arrêté le lait et un tiers a stoppé son activité agricole. «Depuis l’automne 2022, nous avons noté une légère hausse du prix du lait bio qui n’est cependant pas assez face à l’augmentation des charges. Le prix en janvier atteignait 506 € les 1 000 l en moyenne. 480 € dans les Hauts-de-France contre 470 € en France.»

Autre espoir : selon l’Insee et la Banque de France, l’inflation pourrait fléchir en 2024 et se stabiliser. «Nous pourrions retrouver de la consommation à horizon 2025-2026 car les Français sont attachés aux labels garants de produits de qualité et respectueux de l’environnement.»

Selon les deux intervenants qui restent optimistes sur le moyen terme, il est urgent que l’État soutienne les producteurs de lait bio pour qu’ils puissent passer ce cap difficile jusqu’à la reprise tant espérée. «D’autant que pendant cette période de crise, l’image du bio ne s’est pas fortement dégradée et il y a donc la possibilité que la consommation reprenne.» 

 

Poursuite et développement des actions engagées

Lait bas carbone, Climalait, France laitière 2030, qualité du lait, action cellules, Picardie Lait, charte des bonnes pratiques, filière bio, renouvellement des générations, plan national mammites, attractivité du métier, actions en milieu scolaire, etc, les dossiers et les sujets ne manquent pas au Criel Nord-Picardie-Ardennes. C’est ce qu’ont rappelé Éric Labbé, président, et Amélie Wibart, directrice en présentant le rapport d’activités de l’année 2022 lors de l’assemblée générale. «Nous avons également réfléchi aux actions à mettre en place face au changement climatique pour l’adaptation des élevages laitiers dans notre secteur en nous attardant sur trois axes : l’alimentation, le bien-être animal et les sols», ont-ils expliqué, détaillant aussi les formations qui ont été mises en place pour les éleveurs.
Créée en 1999 et en constante évolution depuis, la Charte des bonnes pratiques d’élevage est dotée en 2022 d’une nouvelle ambition : être l’outil de déploiement en élevage de la démarche de responsabilité sociétale de filière, France Terre de Lait sur le volet du bien-être animal. «C’est pourquoi, d’ici 2025, 100 % des fermes laitières françaises seront évaluées», ont assuré les deux responsables. Ils sont ensuite intervenus sur Cap’2ER, en expliquant qu’au niveau national, 17 056 élevages sont engagés dans la démarche dont 1 522 en Nord-Picardie-Ardennes. 
On l’aura compris, l’action du Cniel se prolonge dans les Criel qui transmettent à l’échelle régionale, la politique et les décisions de l’Interprofession nationale basée sur l’économie, la qualité du lait, l’environnement et la communication.

Les gagnants du Challenge qualité Criel Nord-Picardie-Ardennes

Lors de l’assemblée générale, pour la cinquième édition, le Criel Nord-Picardie-Ardennes a récompensé les meilleurs éleveurs de son territoire en termes de qualité de lait et d’amélioration de la qualité. 
Classement qualité : EARL Fiers Jean-Paul et Lucie (Nord), Serge Harpin (Nord), Gaec du Rond Point – Ardennes), Gaec du Siekelynde (Nord), Delmotte Stéphane (Nord), EARL d’Agnicourt (Somme), Gaec de la Belle Promenade (Nord), EARL de la Ferme de Fromentel (Pas-de-Calais), EARL du Château (Nord), Gaec de la Ferme Schoonheere (nord).
Classement amélioration qualité : Gaec du Chatelet (Oise), EARL Grosselin (Ardennes,) Civade Jean-Claude (Ardennes), Gaec du Mont du Proy (Nord), Huart Francis (Nord), Pâques Yannick (Pas-de-Calais), Boileau Régis (Ardennes), Gaec du Courty Colas (Ardennes), Allouchery Éric (Pas-de-Calais), Durot Philippe (Aisne).
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