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Le Vimeu veut rapprocher la fourche de la fourchette

Une alimentation plus locale et de qualité pour ses habitants. Tel est le fil rouge du Plan alimentaire territorial qu’initie le Parc naturel régional Baie de Somme-Picardie maritime. L’heure est à l’état des lieux, qui était présenté ce 4 mai à Acheux-en-Vimeu. 

Avec son Plan alimentaire territorial, le Parc naturel entend répondre aux enjeux de l’alimentation de qualité, locale et durable.
Avec son Plan alimentaire territorial, le Parc naturel entend répondre aux enjeux de l’alimentation de qualité, locale et durable.
© Pixabay

Depuis janvier 2021, les enfants scolarisés à Friville-Escarbotin se régalent à la cantine : 45 % de produits locaux transformés, tous les plats concoctés sur place. Même les pâtisseries sont faites maisons… «Je souhaitais bannir les plats tout préparés. Je voulais que les enfants puissent manger frais, comme à la maison», témoigne Nicole Morel, maire de la commune. Un fonctionnement qui fait de l’œil aux villages voisins… Mais la marche peut sembler haute pour y parvenir. C’est pour favoriser les initiatives de ce genre que le Parc naturel régional (PNR) Baie de Somme-Picardie maritime porte un projet de Plan alimentaire territorial (PAT). Première étape : le diagnostic du territoire en la matière. Celui-ci était présenté ce 4 mai à Acheux-en-Vimeu. 

«Nous voulons répondre aux enjeux de l’alimentation de qualité, locale, durable», présente Christian Lesenne, vice-président du PNR en charge de l’Environnement, de l’Agriculture et des Espaces naturels. Pour nourrir localement la population, il faut évidemment… des agriculteurs. La surface est là : le Vimeu comprend 14 500 ha de SAU (surface agricole utile), et 6 469 ha seraient nécessaires pour répondre aux besoins alimentaires de ses habitants. Les productions et leur disponibilité ne sont cependant pas toujours en cohérence avec les besoins. Vingt-trois exploitations seraient engagées dans la vente directe ou le circuit court, par exemple. «L’objectif est de favoriser ces interactions entre la population et les producteurs», explique Raphaëlle Ulrych, chargée de mission Agriculture et Alimentation au PNR. Un PAT laisse la place à tout le monde. «Les filières longues, comme celles du lin fibre, font aussi la richesse de notre territoire», pointe Christian Lesenne. 

Des initiatives existent. En témoigne par exemple Philippe Carré, chef du restaurant le Carré gourmand du Crotoy, qui se fournit presque exclusivement en produits locaux. «Pour cela, je multiplie les sources d’approvisionnement, mais avec une bonne organisation, ça se fait. Les gens sont en demande de mieux manger», assure-t-il. Lui propose à sa table le fromage de chèvre de Georges Gribauval, installé à Quend. «Pour garder cette clientèle, il faut pouvoir honorer les commandes. Je privilégie les restaurateurs plutôt que les marchés.»

Carine Bouvet, productrice de légumes et de viande bovine de Tours-en-Vimeu, travaille aussi en direct avec la cuisine centrale de Friville-Escarbotin, et avec quelques collèges du secteur, via la plateforme en ligne Approlocal. Pour elle, la réussite de ce système repose sur les échanges entre producteurs et acheteurs. «Avec Martin Caron, le cuisinier de Friville, nous avons des échanges réguliers. Aujourd’hui, je connais les quantités dont il a besoin et je peux m’organiser au mieux. Il fait preuve de beaucoup de souplesse pour les horaires de livraison», assure-t-elle. Ses produits sont transformés sur place pour les deux-cent-quatre-vingt couverts par jours. «J’aime entrer dans la salle et voir les enfants se régaler. C’est très valorisant.» 

 

Primordiale communication

Pour Martin Caron, une telle réussite est un travail d’équipe au quotidien. «Il faut avoir la volonté de commander à plusieurs endroits, puis de laver, d’éplucher et de couper les légumes, plutôt que d’ouvrir une barquette sous-vide.» «Quand on voit le résultat, on se dit que ça en vaut la peine. Des enfants disent carrément que c’est meilleur à la cantine que chez eux», rit Nicole Morel. À Friville-Escarbotin, les déchets ont largement été réduits. Les assiettes repartent presque toutes vides. «On aide les enfants à goûter. Apprécier les légumes peut s’apprendre», assure le chef. Pour valoriser davantage la démarche, il souhaite accentuer la communication faite auprès des familles. «On poste des photos des plats sur Facebook, en indiquant d’où les produits viennent. Ça peut favoriser la consommation de produits locaux à la maison ensuite.»

Cette communication est primordiale pour les producteurs qui commercialisent en circuit court. «La première difficulté est de se faire connaître. Au début, j’ai éclusé toutes les foires du secteur pour cela», témoigne Carole Bouvet. Pour elle, ce sont les métiers de l’agriculture au sens large qui gagneraient à mieux se faire connaître. Le Plan alimentaire territorial est l’outil adéquat pour cela. 

Des collèges samariens exemplaires

En matière d’approvisionnement local, les collèges de la Somme font figure d’exemple. La dé-marche Somme-produits locaux a justement fêté ces dix ans fin avril. «En 2022, les collèges ont réalisé près de 1,2 million d’euros d’achats de produits locaux. Certaines cantines les ont intégrés à plus de 60 % dans leur menu», rappelle Emmanuel Noiret, vice-président en charge du développement agricole et de la ruralité au Conseil départemental. Pour poursuivre davantage dans cette voie, deux ex-chefs de cantines scolaires, appelés les locavores, sont désormais salariés du Département et font le lien entre les agriculteurs et les collèges. Le département aide aussi les exploitants à se diversifier pour étendre l’offre avec son Pass’Agri filières. Pour rappel, ce dispositif mobilise des crédits régionaux et départementaux, sous forme d’une subvention pour des investissements compris entre 4 000 € et 30 000 €. Les taux d’aide sont de 40 % au total sur des projets conventionnels, et 60 % sur des projets en agriculture biologique. Cette année, le Département finance également des projets d'investissement entre 2 000 et 3 999 € avec un taux d'aide de 40 % ou 60 %. 
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