Pommes de terre
Le rachat de Clarebout par J.R. Simplot ne passe pas auprès des salariés
Un mouvement social entamé par les salariés touche toutes les unités de production du groupe Clarebout, en Belgique comme dans le nord de la France, en réponse à l’annonce du rachat par l’américain J.R. Simplot.
Un mouvement social entamé par les salariés touche toutes les unités de production du groupe Clarebout, en Belgique comme dans le nord de la France, en réponse à l’annonce du rachat par l’américain J.R. Simplot.

Depuis jeudi 2 octobre matin, un mouvement social touche les sites du groupe Clarebout, spécialiste européen de la frite surgelée. L’entreprise, qui emploie environ 3 000 personnes entre la Belgique et la France, voit encore à l’heure qu’il est sa production perturbée, notamment à Bourbourg (Nord), où une usine a été inaugurée en 2023. Ce vendredi 3 octobre, un barrage filtrant tenu par des salariés de l’entreprise était toujours en place devant l'usine nordiste.
Le groupe Clarebout dispose de plusieurs implantations en Belgique, à Nieuwkerke, Warneton, Mouscron et Neuve-Église, où se trouve également le siège social. Partout, des débrayages ont été constatés. À Bourbourg, où travaillent plus de 400 salariés, la mobilisation a également été suivie, comme l’expliquait vendredi matin à L’Action agricole picarde, Patrick Lemaitre, secrétaire (CGT) du CSE de Clarebout Dunkerque : « Nous sommes solidaires de nos collègues belges qui ont lancé le mouvement. »

Le rachat et une prime à l’origine du conflit
Il y a quelques semaines, Clarebout annonçait son rachat par l’américain J.R. Simplot, géant mondial de la pomme de terre et fournisseur de McDonald’s. Un rapprochement qui, selon les syndicats, n’aurait pu se faire sans la contribution des salariés. Ils réclament donc une prime exceptionnelle en lien avec cette transaction. Pour Patrick Lemaitre, « sans notre travail et notre engagement au fil des années, Clarebout n’aurait jamais pu atteindre une valorisation de plus de 3 milliards d’euros, ni franchir le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires (…) L’entreprise a été vendue (…) et pendant ce temps, la direction continue de faire comme si nos efforts ne comptaient pas. »
La direction de Clarebout, citée par nos confrères de la Voix du Nord, rappelle que l’opération n’est pas encore juridiquement finalisée. Elle a proposé le versement d’une prime de 500 euros par salarié, soit environ 1,5 million d’euros nets à l’échelle du groupe. Mais la proposition reste jugée « insuffisante » par les syndicats, qui estiment que la valorisation de l’entreprise justifiait un geste plus conséquent. Pour Patrick Lemaitre, il s’agit de « rappeler qui fait tourner l’entreprise. On souhaite une reconnaissance. Si l’entreprise fait des bénéfices, c’est parce qu’il y a des petites mains qui font le travail. »
Production perturbée
Selon les représentants du personnel, plus de la moitié des effectifs étaient en grève en cette fin de semaine. De quoi ralentir sensiblement les lignes de production, qui atteignent d’ordinaire 1 400 tonnes de produits transformés par jour sur le site de Bourbourg. Le bras de fer pourrait se prolonger si aucun compromis n’est trouvé dans les prochains jours. Pour Patrick Lemaitre, « c’est M. Clarebout qui a désormais les cartes en main. »