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Élevage laitier
L’économie des exploitations laitières décryptée par l’Idele

Le 3 avril dernier, l’Institut de l’élevage (Idele) a organisé un cycle de conférences intitulé : ‘‘Grand Angle Lait’’. À cette occasion, de nombreux spécialistes et conseillers ont abordé les performances économiques et techniques du secteur laitier. Baptiste Buczinski est agroéconomiste, spécialisé en conjoncture laitière, études économiques et veille internationale pour l’Institut de l’élevage (Idele). Interview. 

Quels éléments ont marqué le secteur laitier français et européen durant l’année 2024 ?
Les herbes, fourrages et ensilages de l’année 2023 qui ont été distribués durant l’hiver 2024 étaient de bonne qualité. Mais le début d’année a été marqué par une météo très pluvieuse, ce qui a retardé la mise à disposition de l’herbe et gêné les semis, puis les récoltes. Nous sommes donc dubitatifs quant à la qualité des fourrages qui seront distribués en 2025 en France et dans le Nord de l’Europe, excepté pour l’Irlande qui a connu une météo clémente. Enfin, l’inflation alimentaire, qui avait été très forte depuis 2022, est finalement tombée à 0 % en décembre 2024 en France, mais aussi aux Pays-Bas et en Italie. 

Quel a été l’impact de la fièvre catarrhale ovine (FCO) sur la collecte de lait ?
Au niveau européen, la collecte de lait a connu un léger rebond de 0,5 % en 2024. Mais la situation demeure très différente selon les États membres. En France, elle a par exemple augmenté de 1 %. Cette dynamique s’explique par la distribution de fourrages lactogènes qui ont permis de produire plus de lait par vache en début d’année. Mais ce rebond a ensuite été bien moins important lorsque la FCO s’est développée au Nord et à l’Est de la France. Depuis janvier 2025, nous observons que la collecte française recule, tandis qu’elle repart à la hausse en Espagne et en Italie, pays au sein desquels la demande en fromages est forte avec une bonne valorisation sur le marché européen et international. Depuis plusieurs années, le pays qui porte la collecte européenne reste la Pologne, avec une hausse de 3,6 % en 2024. Chaque année, sa production laitière croît. Cela s’explique principalement par le progrès génétique et la professionnalisation des éleveurs. L’histoire de la Pologne au sein de l’Union européenne étant récente, ce pays dispose encore de marges de progrès importantes. À l’inverse, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark ont connu une collecte en recul. Aux Pays-Bas, la FCO a touché les élevages durant plus longtemps, ce qui explique une diminution de la collecte de 2 %. La France craint également une baisse de la collecte pour l’année 2025, puisque l’épizootie se rapproche de plus en plus du Grand Ouest et que l’État manque de vaccins. 

Comment la consommation de produits laitiers a-t-elle évolué ?
En France, cette consommation a diminué de 2,5 %, notamment en réaction à l’envolée du cours du beurre. Certains opérateurs ont préféré saisir des opportunités à l’export, plutôt que de vendre localement. Ce comportement a donc induit une augmentation de 25 % du prix du beurre et a découragé les industriels de son achat, certains d’entre eux préférant se tourner vers des matières grasses végétales, qui sont moins onéreuses. Nous observons, en revanche, que la consommation de produits laitiers a résisté en Europe (+ 1 %). La raison pourrait être que les productions laitières sont plus facilement substituables en France, par rapport à d’autres États européens. 

Quels sont les types de fabrications laitières qui fonctionnent ?
Les fabricants s’orientent davantage vers de l’ultra-frais, comme des yaourts, des desserts ou des fromages blancs, mais également vers plus de fromages affinés. Les entreprises françaises et européennes font d’ailleurs le choix d’investir davantage dans la transformation fromagère. Les exportations de ces produits progressent, notamment lorsque des accords avec des pays importateurs, comme le Ceta avec le Canada, sont négociés. Depuis 2022, l’Union européenne remplit la totalité du contingent de cet accord, avec 26 000 tonnes de fromages qui sont exportées vers le Canada, dont un tiers provient de la France.

Pourquoi le cours du beurre a-t-il autant augmenté en 2024 ?
La hausse de prix sur le beurre était déjà visible en 2022, puis en 2023, puisqu’aux États-Unis, les opérateurs n’avaient pas anticipé les besoins liés aux fêtes de fin d’année. Durant le premier semestre 2024, ce pays a été particulièrement proactif en produisant, mais également en achetant du beurre sur le marché international, avant de le stocker, ce qui a créé une pénurie et une hausse des prix. Il suffit d’un léger manque pour perturber le marché. D’autres opérateurs expliquent avoir anticipé leurs besoins avant les résultats de l’élection présidentielle de novembre 2024. Cette situation états-unienne s’est ensuite calmée durant le second semestre, tandis que l’Union européenne a, à son tour, anticipé ses achats après la panique générée par l’arrivée de la FCO. Le risque d’une baisse de la collecte a fait peur aux opérateurs, qui ont davantage acheté de beurre, afin d’en stocker. Ce mouvement a donc engendré une nouvelle envolée des prix.

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