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Les éleveurs avicoles veulent qu’on arrête de leur casser les pattes

L’assemblée générale du Comité régional avicole Hauts-de-France a été l’occasion pour les éleveurs de volailles de la région d’alerter tout à chacun sur la crise de rentabilité de leur production et de dénoncer les difficultés liées au développement de leur filière.

Les éleveurs de volailles des Hauts-de-France sont tiraillés entre augmentation des coûts de production sans revalorisation annoncée de leurs prix de vente et une pression sociétale qui pèse sur quasiment tout nouveau projet de bâtiments d’élevage.
Les éleveurs de volailles des Hauts-de-France sont tiraillés entre augmentation des coûts de production sans revalorisation annoncée de leurs prix de vente et une pression sociétale qui pèse sur quasiment tout nouveau projet de bâtiments d’élevage.
© Pixabay

Entre hausses des prix de l’aliment, zèle administratif et contestation citoyenne face à la construction de nouveaux bâtiments d’élevage, les éleveurs de volailles sont à bout, y compris dans les Hauts-de-France où le Comité régional avicole Hauts-de-France (Cravi) a fait du thème de l’acceptabilité sociétale le cœur de son assemblée générale, le 24 septembre dernier. «Veut-on encore de la production de volailles dans notre région et plus largement en France ?», interrogeait le président du Cravi Hauts-de-France, Philippe Dessery. 

 

Une situation «pas tenable»

Le contexte économique d’abord, n’est pas encourageant, comme l’a souligné le trésorier du Cravi, Luc Desbuquois : «Depuis une quinzaine d’années, nous disposons d’un indice sur le coût de production qui permettent de négocier des prix de la volaille. Mais depuis six mois, nous sommes complètement au-dessus avec un coût d’aliment qui a explosé et nous ne voyons pas toujours pas de revalorisation. Le gouvernement n’a pas la main pour y remédier, les distributeurs ne lâchent rien au nom de la défense du pouvoir d’achat et tous les acteurs de la filière sont en train de gratter les fonds de tiroir pour tenir…» Pour Luc Desbuquois, la situation actuellement traversée par la filière volailles n’est «pas tenable», et craint des conséquences en cascade : «Si demain les fabricants d’aliments augmentent leurs prix, ce sera terrible pour les éleveurs qui arrêteront d’élever des volailles comme pour les abattoirs qui n’auront plus d’activité.» La même situation est d’autant plus incompréhensible qu’à l’heure où le «manger Français» est vanté et plébiscité, «52 % de la volaille que l’on consomme en France est importée…» 

 

Pression jusqu’au harcèlement

Dans un contexte économique «normal», débarrassé de la question du coût de production et de la rentabilité, ce constat devrait inciter les éleveurs à développer leur activité. Mais se pose aussi la question de plus en plus prégnante de l’acceptabilité sociétale de l’élevage. «Même quand les procédures sont appliquées comme il se doit et que l’administration donne son accord, il y a des oppositions», constate Luc Desbuquois. Dans le nord-est de la France, on estime que 20 % des projets sont la cible d’oppositions. Un chiffre qui monte à 100 % lorsque le projet est soumis à enquête publique. Et tous les modes d’élevage sont concernés : standard, bio, label… Installée dans le hameau de La Croix-du-Bac, à Steenwerck (59), la famille Warembourg livre un témoignage glaçant sur les conséquences du harcèlement qu’elle subit depuis qu’elle s’est engagée dans un projet d’agrandissement d’un bâtiment d’élevage de volailles. Derrière les manifestations contre le projet, des habitants du village, un conseil municipal hostile, mais aussi des militants d’associations animalistes, écologistes, des candidats ou élus en campagne… et souvent, aussi, des opposants installés à plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres sensibilisés via les réseaux sociaux. Face à cette déferlante, bonne foi et bonne volonté des porteurs de projets ne semblent pas peser bien lourd. 

 

Un plan de contre-attaque en préparation

Les arguments en faveur de l’élevage «à la française» existent pourtant bel et bien : «La taille moyenne d’un élevage de volailles en France, c’est 40 000 animaux par élevage, par personne, indique Victor Guyon, auteur d’une étude sur l’acceptabilité des élevages en France pour l’interprofession de la volaille de chair (Anvol). Un élevage, c’est huit emplois induits. La filière française est celle en Europe qui élève le plus de volailles en plein air. Ailleurs, dans l’Union européenne, les élevages sont trois fois plus grands. Et ailleurs, dans le monde, en Thaïlande, par exemple, on peut compter jusqu’à 2 millions d’animaux au même endroit.» Puis, le représentant d’Anvol rappelle la publication d’un manifeste il y a quelques semaines demandant aux Français «d’accepter les nouveaux poulaillers» (lire encadré). Un film promotionnel «de sept à huit minutes» est également en préparation afin, explique-t-on chez Anvol, «de montrer les coulisses d’un modèle unique au monde». À l’approche d’échéances électorales majeures, le président du Cravi Hauts-de-France en appelle désormais au politique : «On a des productions de qualité, des éleveurs qui veulent travailler, mais nous manquons de soutien politique», regrette Philippe Dessery. 

 

Un manifeste pour demander aux citoyens «d’accepter les nouveaux poulaillers»

Lors d’une conférence de presse le 7 septembre, l’interprofession des volailles de chair Anvol a lancé un manifeste, dans lequel elle appelle notamment les citoyens à «accepter l’installation de nouveaux poulaillers dans leur village». «Les Français veulent manger de la volaille française, mais il est de plus en plus difficile de faire accepter la construction de nouveaux poulaillers», a souligné le président d’Anvol Jean-Michel Schaeffer. D’ici fin 2021, l’interprofession lancera un outil en direction des éleveurs pour favoriser une «meilleure concertation» avec les riverains. Dans son manifeste, Anvol s’adresse aussi, entre autres, aux consommateurs qu’elle incite à «s’informer sur l’origine des volailles», aux maires appelés à «créer un environnement favorable aux échanges», ou encore aux conseillers régionaux priés de «financer indistinctement tous les modes d’élevage». 
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