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Prix du lait
L’offre alléchante de Milcobel aux éleveurs régionaux attise le feu

Avec 555 €/1 000 l (42/43) payés en juin 2022, la coopérative belge Milcobel espère séduire les éleveurs laitiers des Hauts-de France. Il y a de quoi faire grincer les dents des producteurs engagés dans des laiteries locales. Le sujet était vivement débattu ce 30 août, lors de l’AG de l’UPLP (FDSEA).

La coopérative belge affiche un prix standard de 555 €/1 000 l (42/43) en juin, soit 595 € toutes primes comprises, et cherche des adhérents dans les départements des Hauts-de-France.
© Milcobel

«Malgré les hausses des prix du lait réelles depuis le début d’année, l’humeur se durcit dans les élevages. Les écarts des prix payés sont significatifs. Même s’ils sont parfois expliqués aux adhérents, ça a du mal à passer», note Valentin Crimet, président de l’UPLP (Union des producteurs de lait de Picardie, section de la FDSEA), lors de l’assemblée générale ce 30 août, à Hangest-sur-Somme. «Un lait rémunéré à 400 €/1 000 l faisait rêver les éleveurs laitiers il y a quelque temps. Mais aujourd’hui, avec l’explosion des coûts de production, ce prix ne suffit toujours pas à vivre dignement de son métier», ajoutait un adhérent.

Le feu est attisé par la récente annonce de la coopérative flamande Milcobel : celle-ci affiche un prix standard de 555 €/1 000 l (42/43) en juin, soit 595 € toutes primes comprises, et cherche des adhérents dans les départements des Hauts-de-France. Elle affiche un besoin de 90 Ml de lait. Mais Denis Bully, président de la FDSEA80, lui-même éleveur laitier à Heucourt-Croquoison, tenait à prévenir : «Faîtes la moyenne cinq ans pour estimer ce que Milcobel vous aurait versé. Il y a deux ans, cette coopérative payait 100 € de moins les mille litres que nos coopératives, et mettait à la porte les Français dont elle n’avait plus besoin.» En 2020, Milcobel a en effet passé la plus grande partie de l’année 2020 à 270 €/1000 l. Le nombre d’adhérents s’érodait, entraînant la perte de 400 Ml. L’histoire raisonne particulièrement dans la Somme puisqu’en décembre de cette même année, la «ferme des mille vaches», à Drucat, qui lui livrait la totalité de son volume, cessait son activité.  

 

Une stratégie payante

Comment Milcolbel peut-elle aujourd’hui promettre un tel prix ? Via sa stratégie Phoenix, annonce-t-elle. «Nous sommes passés d’une stratégie de volume, dans une logique d’économie d’échelle, à une stratégie tournée vers le client et la valeur ajoutée», commente son directeur général Nils van Dam dans une interview accordée à nos confrères de L’Éleveur laitier. Une usine de lait de consommation qui transformait 200 Ml par an, jugée non rentable, a été fermée, ainsi qu’une tour de séchage. La coopérative se focalise désormais sur les produits plus «haut de gamme», comme les ingrédients, le fromage et les glaces. Un plan d’économies de 50 M€ à échéance 2025 est aussi engagé. Résultat : dix-huit mois de hausse continue du prix de base.

La sécheresse qui sévit est un coup dur de plus. Dans certains secteurs, les récoltes de maïs vont être catastrophiques.

Pour certains, «cette différence de prix avec nos coopératives est le bon argument pour frapper fort et nous faire entendre». Faut-il dénoncer les contrats et réclamer une rehausse importante ? Faut-il aller manifester devant les coopératives ? Ou plutôt devant les GMS, qui tiennent les manettes ? Le prix du lait est-il un problème entièrement politique ? Chacun y va de son avis, mais tous les éleveurs sont d’accord sur le fait que la rémunération insuffisante les affaiblit d’année en année. «Ça sent le cramé dans les exploitations laitières depuis 2009, avec une accélération depuis 2016, analyse Denis Bully. La sécheresse qui sévit cette année est un coup dur de plus. Dans certains secteurs, les récoltes de maïs vont être catastrophiques. Je crains qu’un certain nombre d’élevages décrochent.»

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