Agroalimentaire
À Nesle, le moulin Tereos renaît de ses cendres avec des installations plus performantes
Deux ans après l’incendie de novembre 2023 qui l’avait détruit, l’outil amidonnier repart, modernisé et plus sobre. Tereos l’a inauguré en grande pompe milieu de semaine dernière.
Deux ans après l’incendie de novembre 2023 qui l’avait détruit, l’outil amidonnier repart, modernisé et plus sobre. Tereos l’a inauguré en grande pompe milieu de semaine dernière.
Ravagé par un incendie en novembre 2023, le moulin de l’usine de fabrication d’amidon de Tereos à Nesle (Somme) est de nouveau opérationnel. Après deux ans de travaux et 62 millions d’euros d’investissement, le groupe a inauguré le 20 novembre dernier un outil entièrement repensé, plus économe en énergie et doté d’une capacité de production accrue. «Sans doute le moulin le plus performant d’Europe», s’est félicité Olivier Leducq, directeur général de Tereos, lors de la cérémonie.
Un moulin reconstruit différemment
Plutôt que de reconstruire à l’identique, et bien qu’ayant gardé la même implantation sur le site de 38 hectares, Tereos a opté pour une refonte complète des process. Selon l’entreprise, les nouvelles installations permettront de réduire de 6 500 t par an les émissions de gaz à effet de serre, tout en produisant davantage d’amidon. Un effort qui s’inscrit dans une démarche plus globale du groupe Tereos, comme l’a souligné Olivier Leducq. L’extraction de l’amidon reste quant à elle inchangée dans son principe : le grain est «nettoyé, broyé et tamisé pour séparer le son et les germes de la farine». Le son est ensuite valorisé en nutrition animale, tandis que la farine entre dans la chaîne d’extraction de l’amidon, destiné à produire sirops de glucose ou alcool. À Nesle, 60 % du blé entrant ressort sous forme de sirop de glucose pour l’industrie agroalimentaire.
Un rendement blé-farine amélioré
Le nouveau moulin s’appuie sur des procédés de type broyeur à cylindres, plus efficaces que les anciens systèmes. Résultat : une consommation énergétique divisée par deux. «Cela correspond à 3 MW d’électricité consommée à l’heure», précise Nicolas Lemaire, directeur de l’usine.
Côté performances, les gains annoncés sont significatifs. «On va extraire encore plus fort qu’avant la partie farine, on va gagner environ 1,6 % de rendement. Ça ne paraît pas grand-chose, mais ça représente jusqu’à six jours de production, de consommation de blé sur une année complète», calcule le directeur. Ce rendement est désormais compris entre 80 et 81 % contre 78 % avec l’ancien moulin. Les nouvelles machines, plus compactes, libèrent également de l’espace pour une quatrième ligne de production, si l’activité devait monter en puissance. Chaque ligne a aujourd’hui une capacité journalière de 880 t de blé par jour. Ce blé, il est majoritairement produit dans les Hauts-de-France et dans le Grand Est, pour un volume consommé par le moulin d’environ 800 000 tonnes.
Le drame de 2023 a conduit l’entreprise à revoir la conception du site. Les équipements ont été choisis pour leur fiabilité accrue, avec un objectif affiché : «optimiser nos coûts de maintenance, avec un gain estimé de 40 %», selon Nicolas Lemaire. Surtout, l’organisation des locaux a été revue pour limiter les risques. «Le bâtiment électrique est maintenant séparé du moulin, il est devant», note le directeur de l’usine, rappelant que l’incendie d’origine électrique avait rapidement embrasé l’ancien site. Remis en route le Avec ce moulin nouvelle génération, Tereos renforce sa place dans la filière amidonnière. Et sa direction de rappeler que «même si la France est le premier producteur européen de produits amylacés, le secteur reste en tension. Il nous faut être performant, durable et répondre aux attentes de nos clients.»
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Face à la chute des prix du sucre, Tereos tombe dans le rouge
Le groupe coopératif sucrier Tereos (Béghin Say et La Perruche) a encaissé la baisse des prix du sucre qu’il avait anticipée au premier semestre de son exercice décalé, avec un recul de ses ventes de près de 20 % et une perte de 572 millions d’euros. Cette perte est principalement due à une dépréciation d’actifs de 499 millions dans un contexte de baisse des prix du sucre et de hausse «des taux d’actualisation permettant d’évaluer la valeur future des activités», affirme le groupe coopératif dans un communiqué publié le 21 novembre pour le semestre clôturé fin septembre. Mais même sans cet élément, Tereos reste dans le rouge alors qu’il avait enchaîné les bonnes performances ces dernières années grâce à l’explosion des prix du sucre, portés par des tensions sur l’offre et une hausse des coûts de production. Sur l’exercice précédent (2024-2025), il avait enregistré au premier semestre un bénéfice de 196 millions d’euros mais le deuxième semestre avait fait redescendre le bénéfice annuel à 131 millions. Tereos avait alors indiqué qu’il anticipait une poursuite de la baisse des prix du sucre, qui se retrouve dans ses ventes du premier semestre 2025-2026, à 2,6 milliards contre 3,2 milliards sur la même période de l’exercice précédent. Pour le semestre à venir, les prix contractualisés sur la période ont été «comparables» à ceux de l’année dernière «du fait de l’absence d’effet de la réduction des surfaces de betterave» qui aurait pu porter les prix, mais a été «plus que compensée par les bons rendements agricoles constatés sur cette campagne».