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Plan alimentaire à la CC2SO : belle opportunité pour les agriculteurs

Le plan alimentaire territorial qu’a initié la CC2SO prend forme. L’objectif principal est le «bien manger», indispensable à la santé des habitants. Il devrait aussi offrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs locaux.

Les productions ne manquent pas dans le territoire de la CC2SO. Les équipes (ici Alain Defosse, président,  et Delphine Damay, en charge du PAT), misent sur le plan alimentaire pour booster la consommation de produits locaux, levier du «bien manger». 
Les productions ne manquent pas dans le territoire de la CC2SO. Les équipes (ici Alain Defosse, président, et Delphine Damay, en charge du PAT), misent sur le plan alimentaire pour booster la consommation de produits locaux, levier du «bien manger». 
© Alix Penichou

Des producteurs de légumes, de produits laitiers, d’œufs, de légumineuses, de céréales, de viande de bœuf, mouton, porc, volaille… Le tout produit dans 929 exploitations, sur 69 830 ha. Tous les aliments indispensables à une alimentation équilibrée sont dans le territoire de la Communauté de communes Somme Sud Ouest (CC2SO), autour de Poix-de-Picardie. Et pourtant, «le résultat d’un diagnostique réalisé en 2018, déclinaison régionale du Plan national pour l’alimentation, a révélé que nombre de nos habitants souffraient de problèmes de santé liés à leur alimentation, comme du surpoids, des maladies cardio-vasculaires et des cancers», explique Delphine Damay, responsable du service d’aide et de veille déontologique de la CC2SO. 

L’alimentation a toujours fait partie de la compétence de la Communauté de communes. «Nous sommes en charge de la restauration collective, de la plus petite enfance, avec les crèches, aux personnes les plus âgées, avec le portage des repas à domicile, en passant par les écoles élémentaires, précise Alain Defosse, le président. L’alimentation est donc devenu notre projet de territoire à long terme, à travers un PAT (projet alimentaire territorial), initié en 2018. Sa particularité est qu’il est axé sur le “bien manger“.» Quatre axes définissent ce projet : la justice sociale (une alimentation de qualité accessible à tous et une juste rémunération des producteurs), l’ancrage territorial, la lutte contre le gaspillage et l’éducation alimentaire. 

Quels sont les freins à la consommation alimentaire de produits locaux ? D’après une enquête réalisée auprès de 150 consommateurs du territoire, il semble que les principaux soient le manque d’information sur les producteurs locaux et le manque de lieux de vente. «Manger local nécessite aussi de savoir cuisiner, ajoute Delphine Damay. Les ateliers cuisine que nous avons organisés ont été révélateurs. Il y a une forte demande ! Il n’est pas évident pour tout le monde d’élaborer une recette à partir d’un chou chinois ou d’une betterave rouge sortie du champ. L’éducation est une des clés.» Réunions collectives, entretiens individuels, challenge alimentaire, et forums ont aussi été organisés. 

 

Ambitieux projets

Aujourd’hui, la CC2SO entre plus que jamais dans le concret. Des études de faisabilité sont en cours autour de quatre projets qui devraient permettre de dynamiser les filières agricoles et de contribuer au «bien manger» en favorisant l’accès à une alimentation locale : des casiers connectés et/ou un magasin de producteurs, un atelier de transformation de produits agricoles, un marché de gros entre professionnels et une cuisine centrale. «L’idée est de miser le plus possible sur les circuits courts pour la restauration scolaire, le portage de repas à domicile et les repas hors domicile», précise Alain Defosse. Ces installations pourront avoir une dimension régionale. «La cuisine centrale, par exemple, pourrait alimenter les établissements des territoires voisins. On peut donc imaginer de travailler ensemble.» Les études devaient se finaliser la semaine dernière, et les bureaux d’études Terralto (chambre d’agriculture) et Creacept remettront leur analyse prochainement. 

Nouveaux débouchés, production valorisée

Pour les agriculteurs du secteur, ces projets sont une aubaine. Olivier Demarest, éleveur de bovins et d’ovins à la Ferme du Val de Poix, à Meigneux, vend en circuit court depuis de nombreuses années. Pour lui, le PAT est «un beau projet au niveau local». «La cuisine centrale, par exemple, pourrait nous apporter de nouveaux débouchés. L’un des gros avantages, c’est la logistique qui va nous être apportée, notamment pour la livraison de nos produits à domicile.» Quant aux volumes qu’il faudra fournir ? «Nous sommes suffisamment de producteurs sur le territoire pour répondre aux attentes», rassure-t-il. 

Victorien Lavisse, maraîcher à la Ferme des p’tits légumes, à Croixrault, voit aussi ce plan alimentaire d’un bon œil. «Il ne faudrait pas qu’il vienne nous concurrencer sur certains points, avec un magasin de producteurs qui impacterait les petits points de vente déjà existants, ou la vente aux cantines des collèges via la plate-forme Approlocal. Mais la plupart des projets proposés sont intéressants.» L’atelier de transformation lui permettrait de valoriser au maximum sa production. «Aujourd’hui, les légumes abîmés sont des pertes. Je les cuisine pour moi-même ou les donne aux poules. Pouvoir en faire des potages, des coulis, ou autres conserves serait très intéressant.»

 

 

Objectif moins de gaspi

10 millions de tonnes de produits par an, pour une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros, sont perdues chaque année en France. Au travers du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, le pays s’est engagé à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025. Comme chaque contribution pèse dans la lourde balance de ces déchets, la CC2SO compte bien y contribuer, à travers le Regal (Réseau de lutte contre le gaspillage alimentaire). «Pour arriver à réduire le gaspillage, tous les acteurs doivent être mobilisés, du champ à l’assiette : les producteurs, les industries agroalimentaires, la distribution, la restauration collective, les consommateurs…», assure Mélanie Bucaille, en charge du Regal à la CC2SO. Selon une étude de l’Idele, au niveau national, 32 % de ce gaspillage a lieu en phase de production, 21 % en phase de transformation, 14 % en phase de distribution, et 33 % en phase de consommation. Les agriculteurs seront donc pleinement impliqués. «Les actions sont encore à définir. Nous pourrions, par exemple, organiser le glanage dans les champs après la récolte, ou mettre en place un système de promotion des fruits et légumes moches dans les distributeurs automatiques.»

 

Vous avez dit un PAT ? 

La Loi d’avenir pour l’agriculture encourage le développement depuis 2014 des projets alimentaires territoriaux (PAT). Ils ont pour objectif de relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans les territoires en soutenant l’installation d’agriculteurs, en favorisant les circuits courts et la consommation de produits locaux. Ils sont élaborés de manière collective à l’initiative des acteurs du territoire (collectivités, entreprises
agricoles et agroalimentaires, artisans, citoyens etc.) et visent à donner un cadre stratégique et opérationnel à des actions partenariales répondant à des enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé.
Le PAT de la CC2SO concerne quatre axes (la justice sociale, l’éducation alimentaire, la lutte contre le gaspillage et l’ancrage territorial).
Sa mise en œuvre s’articule autour de treize fiches actions réparties selon cinq thématiques : la production, la transformation, la distribution, la consommation, l’éducation et la santé. 
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