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Potato, un sens différent qu’on soit agriculteur ou dealer
La messagerie « Potato » fait désordre. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, ce service de messagerie serait de plus en plus utilisé par le narcotrafic.
La messagerie « Potato » fait désordre. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, ce service de messagerie serait de plus en plus utilisé par le narcotrafic.
Dans le monde agricole, « potato » évoque bien entendu la pomme de terre. Mais hélas, un tout autre sens a aussi germé. Potato Chat, c’est aussi en effet le nom d’une messagerie cryptée que les narcotrafiquants français adopteraient massivement. Derrière l’application « Potato », il ne s’agit donc pas d’une plateforme d’échange de pomme de terre, mais d’un support dont certains se servent pour échanger des drogues.
Alternative à WhatsApp et Telegram
Selon un rapport récent de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), les trafiquants ont peu à peu abandonné Telegram — trop surveillée — pour migrer vers Potato.
Potato Chat, d’origine chinoise, présente un fonctionnement et un graphisme proches de Telegram, mais avec une sécurité et un anonymat renforcés ; ce qui fait le beurre d’utilisateurs peu scrupuleux. Utilisée au départ comme une alternative aux plateformes désormais bien connues WhatsApp et Telegram, Potato chat est devenu un phénomène viral. La messagerie chinoise serait très populaire auprès de la génération Z et des créateurs numériques… mais plus seulement.
Pourquoi les narcos « plantent » leurs sacs dans Potato
D’après la plateforme elle-même, Potato permet en effet de créer des groupes pouvant comporter jusqu’à 5 000 membres, voire plus, et d’envoyer des fichiers volumineux (vidéos, documents, etc.) L’atout est de taille.Certains trafiquants expliquent que « poser une seule question » dans un groupe suffit pour recevoir « des centaines de réponses d’un seul coup », ce qui accélère les prises de rendez-vous et la distribution.
Paiement en cryptomonnaie et livraison discrète
Autre « service » proposé : un portefeuille intégré permettant d’échanger des cryptomonnaies entre utilisateurs, d’acheter ou vendre illégalement sans passer par des banques. Le client commande la marchandise (drogue, etc.) dans l’appli, paie en cryptomonnaie, puis la livraison s’organise directement, de façon discrète.
Telegram trop « visible »
Selon les autorités, la bascule vers Potato s’explique aussi par la coopération accrue de Telegram avec la justice. En 2024, l’entreprise a en effet durci sa modération en France — entraînant la suppression de nombreux comptes liés au narcotrafic. À contrario, Potato ne fournit (pour l’instant) aucune réponse aux réquisitions judiciaires. Résultat : pour les enquêteurs, « identifier les utilisateurs sera difficile, que ce soit les narcotrafiquants ou les consommateurs ».
Comme le confiait récemment sur Europe 1 Alexandre Agasse, policier spécialisé dans la criminalité organisée et membre du syndicat Alliance (police), « il n’y a pas besoin de s’identifier ni par un numéro de téléphone, ni par une adresse électronique ». Facile, donc, d’autant plus si on compare le fonctionnement de Potato Chat à la production – bien plus technique – de pommes de terre.