Aller au contenu principal

Alimentation animale
Quand les drêches de brasserie nourrissent les élevages

À Verneuil-en-Halatte, la brasserie Au Cœur du Malt illustre concrètement la bioéconomie en transformant ses déchets de production en ressource précieuse pour les éleveurs.

On compte environ 100 tonnes de drêches humides, soit l’équivalent  de 20 à 25 tonnes de matière sèche.
On compte environ 100 tonnes de drêches humides, soit l’équivalent de 20 à 25 tonnes de matière sèche.
© D. R.

par le beau-père de Cédric Saquet, la brasserie Au Cœur du Malt s’est rapidement imposée dans le paysage brassicole régional. Fidèle à une philosophie «100 % française», elle élabore ses bières de la gamme Gustave exclusivement à partir de malt et de houblons produits dans les Hauts-de-France, mais aussi en Flandres et en Alsace. Partie d’une offre de trois bières, la brasserie en compte aujourd’hui huit, auxquelles s’ajoutent des créations éphémères. Bières de Noël, recettes estivales comme la gose, blanche salée et citronnée, ou encore la dernière innovation, une bière à la griotte devenue permanente après un succès immédiat : l’équipe multiplie les initiatives pour séduire les amateurs.

Des résidus de brassage transformés en ressource

Produire 2 000 hectolitres de bière par an génère son lot de sous-produits. On compte environ 100 tonnes de drêches humides, soit l’équivalent de 20 à 25 tonnes de matière sèche. Ces résidus solides, issus du malt après brassage, sont riches en fibres et en protéines. Très périssables (75 à 80 % d’eau), ils doivent être valorisés dans les 48 à 72 heures.  Dès le départ, Cédric Saquet a choisi de travailler main dans la main avec des éleveurs voisins. «Un agriculteur passait tous les jours chercher les drêches pour les intégrer aux rations de ses bovins, raconte-t-il. Mais à mesure que la production augmentait, il ne pouvait plus tout absorber.» Aujourd’hui, environ 20 % des volumes trouvent une nouvelle vie dans l’alimentation porcine.

La bioéconomie au service des éleveurs

Riches en protéines (20 à 30 % de la matière sèche) et en fibres, les drêches sont particulièrement adaptées aux ruminants, notamment les vaches laitières ou les bovins en croissance. Chez les porcs, elles peuvent être intégrées de manière limitée dans les rations, surtout pour les truies gestantes ou les animaux adultes, à condition de compléter avec d’autres sources de protéines plus riches en lysine. Pour Cédric, le choix est clair : «On aurait pu les vendre pour la méthanisation, mais nous préférons les valoriser directement dans les élevages. C’est une approche plus durable, en cohérence avec notre philosophie d’entreprise.» Ce modèle illustre parfaitement la logique de bioéconomie défendue par les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France : transformer les co-produits en opportunités locales, réduire les coûts d’élevage et limiter les déchets.

Pour mesurer concrètement l’impact de cette valorisation, nous avons recueilli le témoignage d’un éleveur de porcs qui intègre les drêches dans l’alimentation de son cheptel, ainsi que l’analyse d’Alice, conseillère élevage à la Chambre d’agriculture de l’Oise, sur les atouts nutritionnels et économiques de cette pratique.

 

Les drêches de brasserie en chiffres

• Origine : résidus solides du malt après brassage.
• Quantité produite : environ 100 tonnes humides/an pour une brasserie artisanale de 2 000 hl.
• Matière sèche : 20 à 25 % du poids, soit 20 à 25 tonnes de MS.
• Teneur en eau : 75 à 80 % → produit très périssable.
• Conservation : 2 à 5 jours à température fraîche, jusqu’à 6 mois en ensilage.
• Valeur nutritionnelle (en matière sèche) :
- Protéines brutes : 20 à 30 %
- Fibres (ADF) : 17 à 26 %
- Énergie : 0,82 à 0,98 UFL/kg MS (ruminants)
• Usages par type d’élevage :
- Bovins : jusqu’à 20-25 % de la ration → source de protéines et de fibres, bénéfique pour les vaches laitières et bovins viande.
- Porcs : utilisables en quantités limitées, plutôt pour truies 
gestantes et animaux adultes.
- Volailles : intégration possible (jusqu’à 10-20 %), mais valeur énergétique plus faible.
• Atout environnemental : limite les pollutions et s’inscrit dans une démarche de bioéconomie circulaire.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Avenir conseil élevage anime plusieurs groupes d’éleveurs, équipés de robot ou non, qui visent des performances élevées tout en maîtrisant les coûts de production.
Repenser la routine avec la traite robotisée

Dans les élevages laitiers, la robotisation de la traite est souvent perçue comme un gain de temps et de confort. Savoir s’…

Les premiers contrats 2026-2027 tombent… et s’effondrent

Les premiers contrats de pommes de terre 2026-2027 tombent... Et ils ne sont pas de bon augure. Agristo a ouvert la marche…

Ynsect insectes Poulainville
Liquidation d’Ÿnsect : la fin d’une promesse industrielle

Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé, lundi 1er décembre, la liquidation judiciaire d’Ÿnsect. Une fin abrupte pour une…

En lien avec le Copa-Cogeca, la FNSEA et les JA organisent une manifestation à Bruxelles jeudi 18 décembre.  Des agriculteurs de la Somme s’y rendront. Ils dénoncent principalement l’accord du traité UE-Mercosur,  le contenu de la future Pac, et la taxe engrais. Explications et témoignages.
Le 18 décembre à Bruxelles : pourquoi ? comment ?

En lien avec le Copa-Cogeca, la FNSEA et JA organisent une manifestation à Bruxelles le 18 décembre prochain. Pourquoi cette…

Quatre ministres de l'Agriculture défendent la stratégie du gouvernement contre la DNC.
Dermatose nodulaire contagieuse : quatre anciens ministres de l'Agriculture défendent la ligne sanitaire de l’État

Dans un texte publié dans La Tribune Dimanche, Michel Barnier, Marc Fesneau, Stéphane Travert et Julien Denormandie,…

L’abattage, «un crève-cœur pour les éleveurs mais nécessaire»

Ce 12 décembre, Arnaud Rousseau, réunissait les médias pour alerter sur la tournure que prend le respect du protocole de lutte…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde