Protéines végétales
Quelles légumineuses cultiver en Hauts-de-France ?
La culture de féverole ou de pois chiches a-t-elle des chances de réussite sur vos terres ? Pour répondre à cette question, l’institut technique Terres Inovia a réalisé des cartes de faisabilité de l’insertion des légumineuses dans les Hauts-de-France. Les résultats étaient livrés le 11 décembre lors d’un webinaire.
La culture de féverole ou de pois chiches a-t-elle des chances de réussite sur vos terres ? Pour répondre à cette question, l’institut technique Terres Inovia a réalisé des cartes de faisabilité de l’insertion des légumineuses dans les Hauts-de-France. Les résultats étaient livrés le 11 décembre lors d’un webinaire.
De la féverole de printemps ? Pourquoi pas. Des pois chiches ? Il ne vaut mieux pas. Voilà quelques enseignements tirés des cartes de faisabilité de l’insertion des légumineuses dans les Hauts-de-France, que présentait l’institut technique Terres Inovia le 11 décembre lors d’un webinaire. «Nous avons créé ces cartes dans le cadre du projet FiloLéG*, qui vise à développer la culture de légumineuses en Hauts-de-France», présente Nicolas Latraye, ingénieur de développement.
Le développement de ces cultures découle d’un objectif national. «Il est fixé à millions d’hectares de légumineuses d’ici 2030, soit un doublement des surfaces. En Hauts-de-France, l’objectif est d’être le leader de cette production.» Des objectifs dont l’atteinte semble compromise. «Les surfaces peinent à augmenter, malgré l’effet Pac et l’augmentation des aides aux protéines végétales, faute de prix suffisamment rémunérateurs.» La région compte 20 000 ha de pois, entre 5 000 et 10 000 ha de féverole, et quelques dizaines d’hectares de lupin, pois chiches et lentilles. «Il nous faut renforcer la demande, structurer les filières et renforcer la R&D», ajoute Nicolas Latraye.
Avec l’élaboration des cartes, Terres Inovia a voulu lever un premier frein : la culture est-elle faisable ? «Nous avons compilé un jeu de données sur dix années (station météo, dates de semis, réserve utile, etc.). Cela nous permet de modéliser des stades de culture en comparaison d’indicateurs climatiques.» Des facteurs limitants ont vite été identifiés. «Pour la culture de lupin, un sol calcaire est déconseillé», donne-t-il pour exemple.
Le risque de gel a été à peu près écarté. «Il peut nuire à la culture du semis jusqu’au stade de l’initiation florale, ce qui est peu probable à la période où les légumineuses sont semées, et qui peut s’anticiper.» Des températures trop froides seront en revanche néfastes au développement des pois chiches. Les stress thermique et hydrique ne sont pas un problème en début ou fin de cycle. Mais un manque d’eau pendant la floraison est un facteur limitant. «C’est la même chose pour le stress thermique, sauf pour les pois chiches qui sauront le surmonter.»
Pois et féveroles possibles
Ainsi, dans la Somme, la culture du pois de printemps est jugée possible dans tout le territoire, sauf dans la zone sud où elle est considérée aléatoire, à cause des risques thermique et hydrique lors de la floraison. «Mais le pois de printemps souffre de la concurrence avec le pois de conserve, déjà beaucoup cultivé dans ces zones, et bien plus rentable.» La féverole de printemps (à destination de la consommation humaine contrairement à la féverole d’hiver) et le pois d’hiver sont aussi jugés possibles voire favorables presque partout en région. Les lentilles sont en revanche déconseillées dans l’ouest de la Somme en raison des conditions de récolte fréquemment peu favorables. «Le risque de subir plus de quinze jours de pluie consécutifs est grand.» Ce risque est très élevé pour le pois chiche, partout en région. «Nous déconseillons les pois chiches en Hauts-de-France.»
* FiloLéG (Filière locale de légumineuses à graines pour l’alimentation humaine) est un projet multi-partenarial visant à ce que la région Hauts-de-France soit une région productrice et consommatrice de Légumineuses à graines (LAG) en 2030.