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Sica Somme de Saveurs : top départ

Ce vendredi 13 avril est née la Sica Somme de Saveurs. De cette société, regroupant vingt-sept agriculteurs, sortiront des légumes de plein champ, arrachés dès septembre prochain.

La Sica Somme de Saveurs est l’histoire de vingt-sept agriculteurs, installés dans la CC2SO (Communauté de communes Somme Sud-Ouest), qui «voulaient prendre leur destin en main». L’idée a en fait été soufflée par Del Monte, géant américain de l’agro-alimentaire, qui installe une usine de fruits et légumes à la découpe à Croixrault. Et si les exploitants du secteur implantaient des légumes de plein champ dans leurs terres ? Aucun contrat n’a (pour l’instant) été signé avec l’industriel, mais les producteurs se lancent tout de même dans l’aventure.
Après s’être rassemblés en association, les agriculteurs actaient, vendredi 13 avril, la constitution de la Sica. (Société d’intérêt collectif agricole). «Aujourd’hui marque la concrétisation du travail réalisé depuis dix-huit mois», affirme avec conviction Christophe d’Halescourt, président de la société, installé à Hescamps. Mais d’ajouter : «Ce n’est que le début. La viabilité de la Sica dépend désormais de nous tous.» Car le travail reste à faire.
Au programme : 40 ha de poireaux et 12 ha de choux. Les premières plantations auront lieu début mai et se poursuivront pendant au moins six mois. Les arrachages commenceront en septembre et se termineront fin mars. Le tout suit un calendrier qu’ont fixé les agriculteurs entre eux.
Les plants, eux, sont achetés par la Sica et seront facturés aux agriculteurs une fois les légumes vendus. Tous devraient être rémunérés de la même façon : «Nous avons opté pour la mutualisation des prix, à qualité égale, explique Romain Dubois, secrétaire de la Sica. Avec ce fonctionnement, nous serons tous gagnants
Il a aussi été question de mutualisation pour l’achat du matériel de production. La Cuma des Evoisons, à Lignères-Chatelain, a ainsi investi dans le matériel nécessaire à la culture de poireaux : planteuse, arracheuse et buttoir. La Cuma des Saint-Samson, à Hescamp a, quant à elle, fourni le matériel des choux : planteuse et récolteuse à choux. Un tracteur a aussi été acheté. Coût total : 450 000 €.

La main-d’œuvre, plus gros budget
Mais le plus gros budget sera celui de la main-d’œuvre. «Elle représente 70 % du coût de production», précise Christophe d’Halescourt. Cinq personnes formeront l’équipe de plantation, plus un chauffeur. Douze autres salariés seront ensuite recrutés pour rejoindre le centre de conditionnement, soit un bâtiment de 2 800 m2, qui devrait être construit en fin d’année, à la Zac de la Mine d’or de Croixrault. Lavage, épluchage et conditionnement par catégorie (bottes, filet, vrac) y seront réalisés : cent-dix jours de lavage, à un rythme quotidien de douze à quinze tonnes de légumes lavés. Livraison prévue en mai 2019. Cette année, le conditionnement sera effectué à la Cuma des Evoisons.
La CC2SO supporte cet investissement de 2 100 000 €, qui comprend l’achat du terrain de 2 ha et la construction. «La Sica aura un contrat de location-vente d’une durée de vingt ans», explique Christophe d’Halescourt.
L’investissement pour les agriculteurs : 5 000 € de part sociale dans la Sica, plus une part sociale dans la Cuma qui les concerne. Le temps accordé à la culture sera aussi conséquent. «Pour un hectare de blé, comptez dix heures de travail. Pour un hectare de poireaux, comptez six cent cinquante heures», assurait Alain Defosses, président de la CC2SO, lors d’une précédente réunion.

La qualité avant tout
Il en faudra donc, de l’huile de coude, pour produire les 1 600 t de poireaux et 800 t de choux espérés. Mais les producteurs vont d’abord se concentrer sur la qualité, «condition indispensable à la vente.» Pour les aiguiller, Reo Veiling - coopérative belge spécialisée dans les légumes de plein champ, qui s’occupera de la commercialisation pour la Sica Somme des Saveurs - a conseillé des techniciens. Ceux-ci passeront chaque semaine dans les parcelles. La bête noire des producteurs : les thrips, ces minuscules insectes dont les piqûres conduisent au dessèchement des feuilles et au dépérissement du poireau. La maladie de la rouille est aussi à surveiller.
Si les pressions insectes et maladies sont maîtrisées, les agriculteurs pourront ainsi espérer réaliser une bonne marge. «Il faut au moins égaler le coût de production, soit 0,50 le kg. Les prix fluctuent beaucoup. Ils sont soumis au marché européen et peuvent aller au quintuple», explique Christophe d’Halescourt. Les producteurs peuvent tout de même se référer à une moyenne de 0,65 €/kg en trois ans.
Prochaine étape incontournable, cependant, l’obtention, avant la récolte, de la certification individuelle Global Gap. Ce référentiel de bonnes pratiques agricoles, reconnu au niveau mondial, est une obligation de Rio Veiling. Et ensuite ? «En 2019, nous voulons doubler la production de poireaux. Nous réfléchissons aussi à nous diversifier, avec d’autres légumes, de la production sous serre, ou du bio…» Reo Veiling pousse d’ailleurs dans ce sens. La courgette pourrait être envisagée très rapidement dans les champs samariens.

 

Chiffres clés

0,50 €, c’est le coût de production d’un kg de poireaux. Son prix de vente est estimé, selon une moyenne de trois ans, à 0,65 €.

2 400 t de légumes devraient être produits par les 27 producteurs, dont 1 600 t de poireaux et 800 t de choux.

18 emplois sont générés par cette nouvelle activité (production et conditionnement). D’abord saisonniers, ils pourraient devenir durables avec l’évolution de la production.

Reo Veiling : «Il y a de la demande au niveau local»

«Nous cherchons la voie la plus courte pour la commercialisation, et il se trouve que la demande est très forte au niveau régional», assure Paul Demyttenaere, directeur général de la coopérative belge Reo Veiling. La Sica Somme de Saveurs a choisi ce groupe, qui vend déjà plus de soixante espèces de fruits et légumes et 250 000 tonnes de produits frais chaque année dans le marché européen, pour commercialiser les légumes samariens.

Une opportunité pour la Sica, qui profite du savoir-faire de la coopérative vieille de soixante seize ans, mais aussi pour Reo Veiling, qui souhaite développer son chiffre d’affaires en France. «Aujourd’hui, la France représente 20 % de nos activités. Un nœud de producteurs comme celui-ci est une opportunité pour nous renforcer dans ce marché.» Où pourrons-nous acheter ces choux et poireaux ? «Nous vendons en botte, en vrac ou en filet, à destination de la grande distribution, toutes entreprises confondues», explique le directeur, dont le carnet d’adresses est déjà bien établi. Et pour présenter ces nouveaux produits, la Sica dispose d’un atout marketing avec son nom «très bien choisi». «Somme de Saveurs présente l’aspect local que nous voulons mettre en avant, et l’aspect qualité indispensable pour séduire les consommateurs.» Ne reste plus qu’à (bien) produire.

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