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Tournesols : une première récolte encourageante

Nous l’avions rencontré peu après les semis de ses tournesols. Nous avons suivi la récolte avec lui : Gaëtan Dufrenoy, agriculteur à Thoix, a certainement trouvé une nouvelle tête d’assolement avec cette culture originale.

Cette année, le mois de septembre chaud et sec réunissait les meilleures conditions pour la récolte des tournesols.
Cette année, le mois de septembre chaud et sec réunissait les meilleures conditions pour la récolte des tournesols.
© A. P.



Des plantes de plus de 1,50 m, désormais bien noires, dont les fleurons se détachent seuls : c’est bon signe. Gaëtan Dufrenoy, installé à Thoix près de Conty, n’est pas encore un spécialiste du tournesol, puisqu’il s’agit de sa première récolte, mais il est plutôt satisfait de cet essais. Ce 16 septembre, sous un ciel bleu azur et un thermomètre affichant 30°C, la moissonneuse batteuse, dont la coupe a été adaptée, battait sa parcelle. La machine est réglée suffisamment haute pour ne pas couper les soleils. Concernant les rabatteurs, des plaques ont été fixées sur les porte-griffes, une rangée de peignes sur deux.
«Je cherchais une nouvelle tête d’assolement, qui puisse convenir à mes terres blanches», explique-t-il. Le colza est de plus en plus délicat à cultiver dans ce secteur, car les insectes ravageurs font des dégâts, et la plante subit des gelées en fond de vallée. Le maïs grain, lui aussi, se montre décevant. «Cette année encore, avec la sécheresse du printemps, il a décroché. Alors que le tournesol, avec un pivot qui peut atteindre 2 m de profondeur, a moins de besoins en eau.»
3 ha d’Arco, une variété adaptée à la région, ont donc été semés entre le 10 et le 20 avril avec un semoir à betteraves, à 45 cm d’écart. La culture s’est révélée peu gourmande en intrants : «J’ai effectué un désherbage en pré-levée, puis un apport d’azote. J’ai également traité contre les pucerons car la pression était très forte cette année. Je pourrais peut-être faire l’impasse à l’avenir.» Les semences ne sont pas traitées. «On gagne ainsi 1 IFT (indice de fréquence de traitement, ndlr).» Gaëtan a livré sa récolte à la coopérative de Milly-sur-Thérain (60), au silo de Crèvecœur-le-Grand.  Résultat : un rendement très honorable de 30 qx/ha, et un taux d’humidité de 13 % (l’idéal est 9 %). Le prix de vente, lui, est similaire à celui du colza, «mais la marge brute devrait être supérieure puisque les coûts d’intrants sont plus faibles».

Nouvelle filière locale
180 ha sont récoltés pour la première année à la  coopérative isarienne, qui a trouvé un débouché en Belgique, pour la transformation en huile de friture. «La récolte a débuté il y a une semaine, avec une dizaine de jours d’avance par rapport à ce qu’on avait prévu», note Jérôme Berthe, technico-commercial en charge de cette filière. Les premiers résultats sont encourageants. «Les parcelles ont un taux d’humidité compris entre 6 et 10 %, soit très correct.» Le  séchage, indispensable au-delà de 14 %, sera donc évité. Il faudra néanmoins nettoyer et ventiler. Quand aux rendements, «ils suivent la logique de la récolte des céréales. Là où elle était bonne, celle des tournesols l’est aussi, et inversement. Les secteurs les plus au sud ont souffert de la sécheresse». Les parcelles varient de 20 qx/ha pour les moins bonnes à 36 qx/ha pour les meilleures, avec une moyenne comprise entre 30 et 35 qx/ha.
La coopérative devrait tabler sur une surface de tournesols plus importante l’année prochaine. Mais Jérôme Berthe prévient : «Cette année était très favorable, avec peu d’attaques de corbeaux et de pigeons à la levée, et des conditions de récolte exceptionnelles. Ce ne sera peut-être pas le cas tous les ans…» Quant à une opportunité pour les agriculteurs de la Somme ? «Presque tous nos coopérateurs sont dans l’Oise. Cette culture est vraiment faite pour les terres superficielles, avec une somme de température suffisante. Toutes les conditions ne sont pas réunies partout dans ce département.» Gaëtan Dufrenoy, lui, compte bien mettre fin à la culture de maïs grain à la prochaine récolte et semer une dizaine d’hectares de tournesols au printemps prochain.


Sept bonnes raison d’implanter du tournesol

Pourquoi insérer du tournesol dans les systèmes de culture d’une exploitation ? Terres Inovia, institut technique de la filière des huiles et protéines végétales donne les réponses.

1. Une culture simple
Un des gros atouts du tournesol est la simplicité de son itinéraire cultural. Cependant, pour valoriser au mieux le potentiel des nouvelles variétés, il est essentiel de soigner l’ensemble de la conduite, notamment l’implantation, le choix variétal, la fertilisation et le désherbage. C’est un levier de progrès majeur pour cette espèce trop souvent considérée comme secondaire.

2. Répartir la charge en travail
Le calendrier de travail du tournesol est complémentaire de celui des cultures d’hiver. Le temps de travail est concentré sur quelques périodes, avec un nombre de passages limité. Au total, une culture de tournesol ne nécessite que sept à huit passages, de la préparation du sol à la récolte. Les charges de mécanisation spécifiques à cette culture sont également limitées à l’adaptation de la coupe sur la moissonneuse-batteuse (aménagement de plateaux ou cueilleur spécifique tournesol). Pour le semis, l’utilisation d’un semoir monograine reste conseillée.

3. Un bon précédent blé
Le tournesol profite d’un cycle de culture court : il occupe peu de temps le sol et son interculture longue permet de fragmenter le sol dans de bonnes conditions. Il offre la possibilité d’insérer des couverts végétaux dans l’interculture. Le système racinaire en pivot du tournesol concourt à la bonne structure du sol. Avec des sols le plus souvent secs lors de sa récolte, le risque de tassement est réduit. Ces atouts offrent des conditions optimales d’implantation aux céréales d’hiver en non labour superficiel (< 15 cm), en semis direct ou à un couvert végétal. Il permet la lutte contre certaines graminées (ray-grass, vulpin) dans la rotation et assure une rupture du cycle des maladies des céréales (fusariose, piétin). Comptez 15 % de rendement en blé en plus, par rapport à un blé de blé.

4. Valorise tous les types de sol
Le tournesol valorise des milieux variés allant des sols superficiels à profonds. En sol superficiel, il fait partie des cultures de printemps et d’été les plus robustes. En fonction des enjeux principaux de la parcelle (gestion des flores difficiles, mildiou, vertillium, phomopsis, Orobanche cumana, sclérotinia du capitule), il existe une offre variétale en tournesol qui répond aux enjeux priorisés de la parcelle.

5. Adapté au bio et à l’ACS
Le tournesol convient parfaitement au mode de production biologique car il demande peu d’intrants, ne pose pas de problèmes techniques majeurs et est particulièrement adapté au désherbage mécanique. Les coûts de production relativement modérés en bio, la rémunération de la récolte et la faible variation des rendements d’une année à l’autre font du tournesol une culture intéressante. Le tournesol reste peu adapté au semis direct, mais son implantation est possible en strip-till. Il est possible d’implanter une céréale en semis direct après tournesol. Enfin, l’interculture longue laissée par le tournesol permet d’intégrer des couverts dans la rotation.

6. Diversifier les assolements
Dans des rotations à dominante de cultures d’hiver, insérer un tournesol est un levier pour améliorer la maîtrise du désherbage. Cette insertion permet en particulier d’améliorer la gestion des flores à dominante hivernale (dont vulpin, ray-grass, matricaires et géraniums). Dans les bassins où le tournesol est peu présent, cette espèce peut s’avérer être une culture de diversification particulièrement compétitive. Afin de préserver son potentiel de rendement, il est préférable que le tournesol revienne dans les rotations avec un délai inférieur à trois ans. La gestion des maladies, mildiou en particulier, sera facilitée.

7. Diversité des paysages
Même si ce critère n’est pas fondamental pour les producteurs, l’image très positive du tournesol auprès du grand public, la beauté des parcelles lors de la floraison et sa contribution à la production de miel participent à valoriser les paysages et le métier d’agriculteur auprès d’un large public. Un atout non négligeable de nos jours.

Claire Martin-Monjaret

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