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Somme
Trois premiers prix au CGA : «la reconnaissance de notre travail»

La remise des prix du Concours des pratiques agro-écologiques avait lieu ce 20 mai. Trois agriculteurs de la Somme sur les cinq candidats ont reçu un premier prix dans leur catégorie.

«Quand nous avons engagé nos pratiques, nos voisins agriculteurs nous observaient d’un drôle d’air. Aujourd’hui, elles sont reconnues au niveau national», témoignent Sylvain Deraeve (à g.) et Tanguy Loucheron (à dr.), deux des trois samariens récompensés.
© A. P.

 

La Somme peut être fière de la qualité de son agriculture. Les résultats parlent d’eux-mêmes : sur les treize agriculteurs français qui ses ont vus remettre un premier prix au Concours des pratiques agro-écologiques du Concours général agricole (CGA), trois sont des Samariens. Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Jean-Luc Poulain, président du Ceneca et Olivier Alleman, commissaire général du CGA, leur ont décerné leur prix ce jeudi 20 mai lors d’une cérémonie digitale, Covid oblige. «Pour nous, c’est une reconnaissance du travail engagé sur nos exploitations, acquiescent Tanguy Loucheron et Sylvain Deraeve, deux des trois récompensés. Quand nous avons engagé nos pratiques respectives, nos voisins agriculteurs nous observaient d’un drôle d’air. Aujourd’hui, elles sont reconnues au niveau national

Pour Sylvain Deraeve, installé à Bayonvillers depuis 2015 avec sa sœur, Inès, décrocher un premier prix était une sacrée surprise, d’autant qu’il s’agissait de la première participation de la Somme dans la jeune catégorie de l’agroforesterie. «Mon travail n’est que la continuité de ce qu’avait engagé mon père en convertissant l’exploitation en bio et en plantant les premiers arbres en 2007.» L’exploitation de 42 ha, avec un élevage d’une trentaine de brebis, compte désormais 10 km de linéaires d’arbres le long des parcelles de blé, seigle, orge, sarrasin, lentilles vertes ou colza, selon la rotation. Les essences, toutes locales, sont variées, avec un arbre d’avenir tous les 6 m, comme des chênes, des noyers et des alisiers. Une cinquantaine de fruitiers poussent également dans un pré-verger. «Nous voulions avant tout retrouver de la biodiversité. C’est chose faite, presque autant grâce aux arbres que grâce à la large bande enherbée qui est préservée le long de la ligne.» L’agroforesterie a aussi permis l’amélioration de la teneur en matière organique et de la fertilité des sols, de stocker du carbone, de limiter le phénomène d’érosion…

 

Moins de productivité, plus de rentabilité

La biodiversité est aussi au cœur des pratiques de Tanguy Loucheron, éleveur de bovins allaitants de Bray-les-Mareuil, dans la vallée de la Somme. Lui a reçu le premier prix du concours Prairies et parcours, dans la catégorie fauche prioritaire, plaine et piémont. Parmi ces 40 ha de surfaces fourragères, la plupart des prairies sont situées dans des zones de marais, milieu où la biodiversité est riche mais sensible. «Il y a quarante ans, quand j’ai repris la ferme des parents, j’ai arraché les clôtures et j’ai labouré les prairies pour cultiver. Il fallait être productif. Depuis dix ans, je clôture à nouveau et je restaure les prairies. La terre ne nous appartient pas. Nous ne faisons qu’entretenir ce que nous transmettrons aux enfants», confie-t-il modestement. Pour l’homme, ces pratiques plus extensives sont viables à long terme et lui corespondent : «c’est moins de temps de travail, moins de charges, moins de stress, et finalement, pas moins de rentabilité

La terre lui rend bien ses efforts. «Une cinquantaine d’espèces sont présentes dans cette prairie humide, dont beaucoup d’espèces rares ou menacées», a noté le jury lors de son passage. La fauche tardive, après le 25 juin, et l’absence de fertilisation y sont pour beaucoup. «Je gère mes pâtures comme dans le temps. Un coup de herse étrille ni trop tôt, ni trop tard, pour laisser la prairie aérée et le temps aux espèces importantes de percer.» Cerise sur le gâteau : «Il a fait le choix de laisser une haie séparant la parcelle en deux, mais laissant un passage suffisant pour les engins agricoles. Cette haie représente un corridor écologique.» Après la fauche, les vaches et les chevaux de l’élevage de son fils valorisent la deuxième pousse. La biodiversité est encore une fois préservée grâce à la complémentarité des deux espèces.

 

Un pâturage tournant gagnant

Jérémy Malot, éleveur de mouton AOP à Cayeux-sur-Mer, lui aussi récompensé par un premier prix dans la catégorie pâturage exclusif, s’est démarqué grâce à sa gestion bien maîtrisée de ses surfaces. En outre, l’éleveur ovin alterne les parcs tournants et le pâturage gardé. Le temps de rotation très court (moins d’une journée) et de retour assez long (au moins deux mois) permet d’éviter une banalisation de la flore. «Le résultat observé est très spectaculaire, a noté le jury. La diversité floristique est la plus importante des parcelles visitées, avec plus de vingt espèces, ce qui est très important dans un milieu aux conditions halophiles très particulières.» Cette gestion du pâturage permet également de maintenir une bonne proportion des deux espèces de graminées les plus appétantes et intéressantes d’un point de vue fourrager dans ce type de milieu (Puccinelle et Fétuque maritime qui représente environ 50 % du recouvrement sur la zone parcourue) associés aux espèces emblématiques des prés salés (Obione faux pourpier Aster maritime, Plantain maritime, triglochin maritime, Salicorne, Statice maritime) riche en sel et oligo-éléments contribuant au goût très spécifique de la viande d’agneau reconnu par une AOP.

 

Des débouchés sur-mesure

Le jury national a dû être sensible à la valorisation que chacun des trois samariens ont su trouver en cohérence avec leurs pratiques. Pour Jérémy Malot, «ses pratiques de pâturage démontrent qu’il est possible de développer une activité économique viable grâce à une production en AOP bien valorisée en s’appuyant sur des végétations naturelles sans mécanisation, ni aucun intrant dans des milieux très contraints.» À Bray-les-Mareuil, malgré un rendement peu élevé des prairies du fait de l’absence de fertilisation (2,5 t/ha de foin en moyenne), l’éleveur parvient à valoriser son fourrage. «L’hiver, nous pressons à nouveau les balles de foin en petits ballots que nous vendons aux propriétaires de chevaux. Le foin est sans intrant, peu poussiéreux et très équilibré. Un atout pour les animaux sensibles à la fourbure», explique-t-il. Chez Sylvain Deraeve, Les tailles annuelles des arbres sont valorisées de manière originale. «Nous avons investi dans un broyeur, qui transforme la moindre brindille en copeaux de bois. Ceux-ci sont mis en silo pour sécher, puis ils alimentent une chaudière, qui permet de chauffer la maison d’habitation, les bureaux de la ferme et la boulangerie, dans laquelle nous transformons les céréales.»

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