Justice
Un coq jugé pour nuisance à titre posthume après avoir été mangé par un renard
Victime d’un renard, Ricco, le coq accusé de chanter trop fort, est devenu un symbole du patrimoine sensoriel des campagnes. Ses propriétaires veulent toutefois obtenir un jugement « pour la ruralité » malgré sa mort. Le tribunal rend sa décision ce 4 juillet.
Victime d’un renard, Ricco, le coq accusé de chanter trop fort, est devenu un symbole du patrimoine sensoriel des campagnes. Ses propriétaires veulent toutefois obtenir un jugement « pour la ruralité » malgré sa mort. Le tribunal rend sa décision ce 4 juillet.

L’affaire avait ému la France rurale. Ricco, coq emblématique du hameau de Boussieu à Nivolas-Vermelle, en Isère, devait être jugé pour ses cocoricos jugés trop bruyants par une voisine. Mais avant même le verdict, le gallinacé a été retrouvé mort, victime d’un renard, laissant ses propriétaires tristes et dans l’attente d’une décision de justice « pour la dignité du vivant à la campagne ».
Un coq devenu symbole du « patrimoine sensoriel » des campagnes
« Nous sommes très tristes de la mort de notre animal et tenions à ce qu’il lui soit rendu justice. » Ces mots d’Alexia et Franck Charreton, propriétaires de Ricco, résument l’attente d’une réponse judiciaire devenue symbolique. Arrivé dans leur basse-cour en 2019, Ricco, 7 ans, incarnait la présence du vivant dans un territoire où cohabitent ruralité et habitat pavillonnaire. Depuis 2021, une loi protège ces bruits ruraux considérés comme faisant partie du « patrimoine sensoriel » des campagnes. Pourtant, leur voisine réclamait le départ du coq et 4 500 € de dommages et intérêts.
« Il nous faut une réponse, même après sa mort »
La mort de Ricco est survenue en juin, à la suite d’une attaque de renard au crépuscule. « Mon mari l’a retrouvé presque en morceaux devant le poulailler le matin, deux autres poules avaient disparu », confie au Dauphiné Libéré, Alexia Charreton. Mais pour le couple, pas question d’abandonner la procédure engagée depuis quatre ans : « Il avait sa place auprès de nous et dans notre cour. Il nous faut une réponse : est-ce qu’il avait le droit d’être là ? On espère que l’affaire sera jugée pour mettre fin à ces attaques. »
Le tribunal judiciaire de Bourgoin-Jallieu devait rendre sa décision ce 4 juillet. Si la mort du coq pourrait rendre la demande de suppression des nuisances caduque, le couple espère un jugement reconnaissant symboliquement le droit de Ricco à chanter et d’eux à élever des poules au village.
Une histoire qui résonne bien au-delà de l’Isère
L’affaire Ricco a dépassé les limites du Nord-Isère, suscitant 35 000 signatures sur une pétition, des soutiens d’élus locaux et de citoyens attachés à la vie rurale. Elle interroge sur la place des animaux de basse-cour dans un environnement rural confronté à de nouvelles attentes de cohabitation.
Dans une lettre au tribunal, l’avocat de la plaignante a exprimé sa « compassion pour le décès » de l’animal tout en rappelant que sa cliente maintenait ses demandes d’indemnisation pour le préjudice antérieur au décès.
« Il faut que cette situation serve à d’autres »
Le couple Charreton n’entend pas lâcher : « Ce serait dommage de s’arrêter là, sans savoir. Il a fallu résister, tenir. Il faut que cette situation serve à d’autres, que ces histoires n’engorgent pas d’autres tribunaux pour une histoire de chant ! Cet animal a son intérêt dans la biodiversité. On aimait Ricco, il avait une histoire. »