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Yann Joly, débouté, poursuit son combat face au parc éolien

Après l’audience du 16 novembre dernier, le tribunal judiciaire de Paris a rendu son verdict : Yann Joly, qui a vu son troupeau laitier dépérir suite à l’implantation d’un parc éolien en 2011 et 2013, est débouté. Mais il ne lâchera pas l’affaire.

Yann Joly espérait faire reconnaître le «trouble de voisinage» causé par les éoliennes sur son troupeau. Le TGI de Paris l’a débouté, mais il souhaite faire appel.
Yann Joly espérait faire reconnaître le «trouble de voisinage» causé par les éoliennes sur son troupeau. Le TGI de Paris l’a débouté, mais il souhaite faire appel.
© Pixabay

L’annonce du jugement est un coup de massue. En portant son affaire en justice face à un promoteur éolien, Yann Joly savait que le combat serait rude. Mais être débouté ainsi, sans aucune demande de pièces complémentaires, est une déception. L’audience du 16 novembre devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris était déterminante. «Ce n’est même plus une question d’argent. Je sais que si je touche quelque chose, ce ne sera pas avant des années. Mais ma crédibilité en prend un coup. Je passe pour un farfelu, qui a tort sur toute la ligne», regrette l’ancien éleveur laitier installé au Boisle. 

Pour rappel, l’agriculteur espérait faire reconnaître le trouble anormal de voisinage que l’implantation d’un parc éolien en 2011 puis 2013 aurait causé sur son élevage laitier. Il avait repris l’exploitation familiale en 1995 et avait beaucoup misé sur l’élevage laitier, dont les résultats étaient bons jusqu’en 2011, date de mise en service des premières éoliennes. «J’ai alors subi une baisse de production d’un tiers, et la qualité du lait était mauvaise. Je constatais aussi des soucis de pattes.» Après l’installations de nouvelles éoliennes (vingt-quatre au total), ce fut la descente aux enfers. «Mes vaches souffraient de problèmes de reins, de foie, d’infections mammaires, de mises bas compliquées… La mortalité a explosé.» 

La cause des maux est établie grâce à l’expertise d’un géologue : les éoliennes sont construites sur une rivière souterraine qui passe sous le bâtiment d’élevage. Or, les ondes électromagnétiques sont véhiculées par l’eau. Lors d’intense activité des machines, les vaches ne s’abreuvent plus. «Elles buvaient en moyenne 3 m3 au lieu de 15 m3. Quand on sait qu’il faut 3 l d’eau pour faire 1 l de lait…» Yann a pris la lourde décision de mettre un terme à l’activité d’élevage laitier en 2015, et n’exploite plus que ses 160 ha. «Depuis la vente de mon troupeau, je perds 100 000 E d’EBE chaque année. En mai 2020, cela représentait
1 million d’euros.
»

 

Pas d’étude scientifique 

L’explication de ce déboutement ? «La justice a critiqué de nombreux détails du dossier, plus que le fond de l’histoire en lui-même», estime l’éleveur. Le TGI soulève notamment la non-recevabilité du rapport de Mme Nansot, experte auprès la cour d’appel d’Amiens, intitulé «préjudice économique sur la production laitière depuis l’installation des parcs éoliens à proximité du site d’élevage». Elle s’y réfère à la géobiologie «qui n’est pas prise au sérieux par la communauté scientifique», est-il noté dans le jugement. Il est donc estimé que «les demandeurs sont défaillants à rapporter la preuve du lien de causalité entre les troubles anormaux et la présence des éoliennes.» Le tribunal indique même qu’«à ce jour, il n’existe pas d’étude scientifique ayant démontré que les éoliennes peuvent avoir un impact sanitaire sur les animaux et notamment sur les bovins».

 

L’union fera-t-elle la force ? 

Pas de quoi décourager Yann Joly cependant. «Nous allons faire appel», assure-t-il. Il compte notamment sur le collectif pour faire bouger les lignes. C’est aussi le discours de maître François Lafforgue, son avocat, qui défend de plus en plus de dossiers similaires, d’agriculteurs réunis au sein de l’Anast (Association nationale animaux sous tension). 

Blessé, l’agriculteur entend «ne pas attendre une éventuelle victoire pour vivre». Une reconnaissance de la nuisibilité des éoliennes lui rendrait sa crédibilité, et un dédommagement financier serait un espoir pour l’avenir. «Je pourrais ainsi permettre à ma fille, passionnée d’élevage, de s’installer. Aujourd’hui, remonter un troupeau laitier au même endroit est voué à l’échec.»

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