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Cash investigation : Limagrain rétablit la vérité

La dernière émission de «Cash Investigation» consacrée aux légumes et aux blés destinés à la fabrication de pain attaque Limagrain et les grands groupes semenciers. Par la voix de son président Pascal Viguier, Limagrain souhaite rétablir la vérité.

Pascal Vignier, Président de Limagrain
Pascal Vignier, Président de Limagrain
© D. R.



«Cash Investigation» accuse Limagrain d’utiliser de la main-d’œuvre infantile pour les besoins de sa production en Inde. Que répondez-vous ?

Limagrain proscrit le travail des enfants. Il faut distinguer deux cas dans cette question : les salariés qui travaillent dans les sites de Limagrain et les agriculteurs qui travaillent pour les sous-traitants pour produire des semences. Dans le premier cas, il n’y a pas de travail des enfants en dessous de seize ans conformément à la réglementation de ce pays. Dans le second cas, la sous-traitance est régie par un contrat de production dans lequel est intégré un cahier des charges prohibant le travail des enfants. Limagrain travaille en lien avec une ONG chargée du suivi de cette question.
Nous avons actuellement vingt-sept personnes en Inde en plus de nos deux responsables des programmes sociaux qui vérifient le respect du cahier des charges. En cas de dysfonctionnement, les équipes de Limagrain retirent immédiatement les enfants des champs, sensibilisent les producteurs pour leur rappeler les règles et actionnent de nouvelles vérifications. Si rien ne change, des sanctions sont appliquées allant jusqu’à la perte du contrat du producteur. Il arrive que nous passions à travers les mailles du filet. La dernière étude datant de 2018, conduite par une ONG sur l’ensemble du secteur, fait état d’un taux de 0,02 % de non-conformité par rapport à la présence d’enfants.

Le reportage évoque des ambiguïtés concernant l’inscription de certaines variétés Limagrain au catalogue officiel des semences. Pouvez-vous nous préciser comment cela fonctionne ?
Le système Limagrain est conforme à la réglementation du système des variétés à usage industriel réservé. Limagrain reste propriétaire de la semence et la met à disposition de ses adhérents, qui s’engagent dans la production et la livraison. Ces variétés réservées représentent 12 000 ha sur 22 000 ha de la zone de production Limagrain, soit 453 adhérents sur 2 000. L’objectif est d’avoir des variétés, adaptées au processus industriel, capables de valoriser la production.
Sur cinq millions d’hectares de blé en France, les variétés réservées de Limagrain ne représentent que 0,2 %. Ces semences ne sont pas inscrites au catalogue officiel national, mais figurent sur une liste autorisée dite VUIR, Variété à usage industriel réservé. Elles font partie d’un programme de recherche spécifique pour la région et la Limagne en particulier, financé à hauteur de 800 000 Ä par Limagrain.

Le reportage accuse les semenciers d’avoir mis au point des semences potagères totalement standardisées. Que répondez-vous ?
Les sociétés du Groupe Limagrain proposent 759 variétés de semences de tomates, dont les qualités nutritionnelles sont très différentes les unes des autres. Elles sont sélectionnées, produites et vendues dans divers pays, pour répondre aux attentes des producteurs et des consommateurs de chaque contrée. On ne va pas sélectionner des tomates au Brésil pour un marché indien, par exemple. Il n’existe pas un, mais plusieurs sélectionneurs dans le monde.
Entre tomate standard, en grappe, tomate cerise, de couleur rouge, jaune ou celles cultivées sous serre, en plein champ ou à plat, la diversité est particulièrement importante. Nous sommes davantage sur la voie d’une multiplication et d’une segmentation amplifiée des variétés.

Qu’en est-il de la perte de qualité nutritive des tomates évoquée ?
Les agriculteurs produisent ce que leurs clients leur demandent. Et la demande sur un même produit évolue. Dans les années 1980, l’attente sociétale - dont celles des distributeurs - portait davantage sur le rallongement de la durée de conservation de la tomate que sur ses qualités organoleptiques. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée. Le consommateur souhaite plus de goût. Nous avons donc mis en place un programme de sélection en rapport avec cette attente, mais cela prend du temps.

Le traitement qui a été fait sur Limagrain vous paraît-il légitime au regard de vos concurrents semenciers mondiaux ?
Première chose : Limagrain est un groupe semencier privé, contrôlé par une coopérative française, elle-même gérée par un conseil d’administration composé d’agriculteurs adhérents. Tous les actionnaires de Limagrain sont des adhérents de la coopérative Limagrain. Ce sont des usufruitiers et non des actionnaires. Autre particularité : notre chiffre d’affaires n’a aucune commune mesure avec celui des autres acteurs mondiaux. Sur la partie semences, il est de 1,6 milliard chez Limagrain et entre 5 et 10 milliards chez nos concurrents. Notre priorité est d’apporter du travail et du revenu à nos adhérents sans rentrer dans une démarche visant à maximiser le profit.

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