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Ce que proposent les «petits» candidats à la présidentielle

Tour d’horizon de ces candidats mal connus, mais non dénués de propositions.

© D R


François Asselineau

Seul «candidat du Frexit» - selon lui - a fait de son discours devant les agriculteurs de la FNSEA, le 30 mars, une longue critique souverainiste des traités européens dont il regrette qu’ils confient «à la commission européenne le pouvoir de proposer les grandes orientations de la Pac», et dont il estime qu’ils prônent une «augmentation constante de la productivité». Adversaire d’un «productivisme» qui ne serait pas français, il vise en particulier «l’article 39» qui emmène, selon lui, l’Europe vers «le modèle des plaines de l’Oklahoma» et la France vers «quarante mille agriculteurs d’ici une quinzaine d’années». «La demande des Français pour une agriculture raisonnée entre, selon François Asselineau, en choc frontal avec les traités qui prônent une agriculture productiviste». Il a enfin fustigé le rachat d’exploitations viticoles de prestige par des fonds étrangers, ou le récent rachat de terres agricoles par des intérêts chinois.
Sur le plan commercial, le candidat souhaite «n’autoriser les produits importés que lorsque l’on ne peut pas les produire en France». Questionné par Christiane Lambert sur les conséquences de la sortie du marché commun pour l’agriculture française qui «dégage
10 milliards d’euros d’excédent commercial notamment vers l’Union européenne», il a répondu que «sortir de l’Union européenne ne veut pas dire se refermer sur soi» et prôné les effets positifs d’une dévaluation compétitive sur la balance commerciale. Dépassant difficilement l’horizon du souverainisme, il a proposé d’utiliser le solde de contributeur net de la France au budget européen, pour «protéger l’agriculture familiale, en rétablissant certaines protections».

Nicolas Dupont-Aignan
A la différence de François Asselineau et de Marine Le Pen, le candidat de Debout la France a expliqué, devant les congressistes qu’il souhaitait «donner une dernière chance à l’Europe» : «soit nous retrouvons l’esprit de la Pac, soit nous partons. C’est la seule menace qui les fera évoluer». Nicolas Dupont-Aignan a donc exposé ses conditions au maintien de la politique agricole commune en France : «la préférence communautaire, la mise en place de prix garantis, la restauration des quotas laitiers», le refus des accords de libre-échange et l’abrogation de la directive sur les travailleurs détachés. La marge de négociation est donc mince pour éviter la sortie de la Pac. Dans le scénario d’une Paf, Politique agricole française, Nicolas Dupont-Aignan souhaite «récupérer l’excédent français pour financer les retraites». Il promet, par ailleurs, «d’assainir la dette de nos exploitations», de construire «un fonds de relocalisation» pour aider les entreprises à relocaliser leurs activités en France. Et, allant plus loin que François Fillon dans la baisse des charges, il propose de «supprimer les cotisations sociales des agriculteurs et de les remplacer par une petite taxe sur la distribution». Il est favorable à une baisse de l’impôt sur les sociétés. Mais à rebours de l’orientation de la FNSEA, il se dit favorable au principe de précaution «quand on n’a pas de recul» et défavorable «pour la recherche».

Jean Lassalle
Jean Lassalle a été chaleureusement applaudi, sûrement avec un peu de légèreté, par les congressistes de la FNSEA pour avoir apporté une note lyrique sur l’agriculture française dans son accent rocailleux inimitable. Présentant peu de mesures précises, le candidat centriste des Pyrénées Atlantiques, fils de berger, a surtout voulu se positionner comme le représentant de la ruralité et des agriculteurs, dont il estime faire partie intégrante : «Je suis des vôtres» et «je ressens ce que vous ressentez», a-t-il lancé aux agriculteurs, après avoir salué «ses frères» en introduction de son discours, quitte à faire sourire. Parmi les mesures annoncées, Jean Lassalle a promis de faire de la «campagne de France, une grande cause nationale», de «reconstruire une administration bienveillante […] qui vous aide à monter des dossiers», de lever «des contraintes dont notre pays n’a pas besoin» et d’organiser dans les écoles une «visite mensuelle» dans une exploitation agricole ou chez un artisan. Sur la question européenne, il ne souhaite pas organiser de Frexit, «car la France n’a pas besoin de violence supplémentaire». Ce qui a marqué le discours de Jean Lassalle le 30 mars, ce sont surtout ses élans lyriques ; il a partagé avec les congressistes «le frisson de voir sa première culture, de la première pousse», sa volonté que les agriculteurs «retrouvent la fierté d’accomplir le premier métier du monde» dans le «plus bel espace du monde» et qu’ils retrouvent «leur tradition quasi charnelle avec la terre».

Jacques Cheminade
Le candidat de Solidarité et progrès, Jacques Cheminade, inscrit l’agriculture dans ce qui constitue sa grille de lecture principale, «sortir de la pression financière à court terme» ; pour lui, «les répercussions de la soumission à la finance ont été dures pour l’agriculture». Pour sortir de cette situation, il souhaite créer une grande banque publique, afin de pouvoir réinvestir et «mener une politique d’innovation sans complexe». Il souhaite également faire du numérique un secteur public, pour lutter contre les déserts numériques. Dans le secteur agricole, il souhaite organiser un «moratoire de la dette des agriculteurs», et investir «dix milliards d’euros pour nos agriculteurs, le double de monsieur Macron». De manière plus originale, il a vanté le travail des Maisons familiales rurales (MFR), dont il a loué «l’humanité» du travail. D’ailleurs, dans son schéma de banque publique nationale qu’il souhaiterait créer, il imagine «un lien fort de sa branche agricole avec les MFR». Pêle-mêle, il s’est ensuite dit favorable aux mesures suivantes : soutenir les drones en agriculture, améliorer les réserves défiscalisées, ne pas bloquer les nouvelles biotechnologies (édition de gènes, mutagénèse, etc.), associer l’Inra aux semenciers, développer la recherche, les interactions entre les sols et les champignons, lever les sanctions envers la Russie.

Nathalie Arthaud
Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière (LO), souhaite une politique agricole plus égalitaire et respectueuse de l’environnement. Pour cela, elle entend retirer son feu vert aux négociations de l’UE pour les traités de libre-échange et ne signer que ceux qui font la promotion d’un commerce équitable, social et environnemental. Toujours au niveau européen, elle envisage de réformer la Pac afin de favoriser «l’agroécologie paysanne» et le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. Elle prévoit, d’autre part, une grande loi foncière pour lutter à la fois contre l’artificialisation des terres et contre la privatisation de la gestion de l’eau.
Elle est également favorable à la sortie du nucléaire et des énergies fossiles d’ici 2050, au conditionnement de tout aménagement du territoire à des indicateurs sociétaux et environnementaux, ou encore à la pénalisation de l’écocide (acte de destruction d’un écosystème), qui sera jugé par un tribunal international des Droits de la Nature. Enfin, son programme prévoit une protection accrue des travailleurs avec l’interdiction de licencier, la fin de la propriété privée des moyens de production, un Smic à 1800 € net, une réforme des minima sociaux.

Philippe Poutou
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) propose un revenu garanti pour chaque actif agricole, «indépendamment des aléas de la production et des marchés», indique son programme. Les normes sanitaires et environnementales, qui génèrent du travail supplémentaire, doivent être rémunérées. Philippe Poutou veut également lutter contre le surendettement en réduisant, voire effaçant les dettes. Les subventions doivent favoriser la transition écologique et non les «méga projets» auxquels il s’oppose.
Le candidat souhaite, par ailleurs, lutter contre le pouvoir des grands groupes de l’agro-alimentaire et de la grande distribution en imposant des prix plancher à la production, en interdisant les OGM et le brevetage du vivant, et en redonnant de l’importance aux semences paysannes. Le NPA entend ainsi supprimer tous les freins réglementaires qui empêchent d’utiliser des semences de ferme ou de les échanger, mettre en place des programmes de formation sur les techniques de sélection et de stockages des semences de ferme, et supprimer le Catalogue officiel français des espèces et variétés. Une politique qui «sera aussi mise en place au niveau des élevages, où nous préserverons les anciennes races et encouragerons la reproduction naturelle», indique également Philippe Poutou, dans son programme.

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