Cet artisan boulanger qui rend la baguette plus accessible
À Villers-Bretonneux, Patrice Santune affiche en ce moment la baguette au prix d’1 € et baisse le prix de plusieurs produits pour coller à la fluctuation des cours de certaines matières premières.
À Villers-Bretonneux, Patrice Santune affiche en ce moment la baguette au prix d’1 € et baisse le prix de plusieurs produits pour coller à la fluctuation des cours de certaines matières premières.
«Les traditions sont faites pour être respectées», peut-on lire sur une affiche décorative accrochée sur les murs de la boulangerie La Boul’Ange de Villers-Bretonneux. Plus qu’une simple affiche, il s’agit d’un sacerdoce pour Patrice Santune, qui insiste sur le respect qu’il doit à ses clients.
Alors, lorsqu’il a constaté la baisse du prix de certains de ses ingrédients, l’artisan boulanger a décidé de faire un geste : diminuer lui aussi le prix de plusieurs produits qu’il fabrique dans son atelier.
Depuis la fin du mois d’octobre, la baguette «ordinaire» s’affiche ainsi à 1 €, au lieu d’un 1,10 €. Le joko, large et allongé, est à 1,20 au lieu d’1,30 €. Côté viennoiseries, le croissant passe de 1,35 à 1,25 ; quant au pain au chocolat, il est à 1,30 contre 1,40 € il y a encore quelques jours.
10 centimes de moins
Pour permettre à ses clients d’acheter leur pain quotidien moins cher, Patrice Santune rogne sur sa marge : «Étant donné que je fabrique tout moi-même, je peux me le permettre», expliquait-il en ce milieu de semaine. «10 centimes sur une baguette, ce n’est pas grand-chose, mais c’est un geste qui, pour certains clients, compte.»
Le prix de la farine, qui a connu une flambée en 2021-2022, aurait tendance à se stabiliser, voire à diminuer légèrement pour les professionnels. Sur les viennoiseries, c’est le prix du beurre – en baisse – qui permet à l’artisan de baisser son prix de vente : «Il était temps que le beurre baisse.» Celui utilisé par M. Santune, en bloc plutôt qu’en plaque, est facturé autour de 7 €/kg, «contre 10 €/kg il y a encore quelques mois».
«On fait attention sur tout»
Depuis son installation, Patrice, comme d’autres de ses collègues, a traversé plusieurs crises, dont celle de l’énergie : «Avec des fours qui fonctionnent au gaz, forcément, cela a pesé», assure-t-il. L’artisan, qui a dû se résoudre à licencier plusieurs de ses salariés, n’a jamais baissé les bras. «Aujourd’hui, constate-t-il, cela va un peu mieux, même si on fait attention à tout. Mais pour les clients, ça reste compliqué. Certains nous remercient !» Le panier moyen a quand même baissé et la clientèle, de passage ou fidèle, s’arrête moins facilement. «Les clients ont envie d’acheter, ils regardent la vitrine, mais ils comptent…» En affichant sur sa vitrine les produits dont le prix baisse, l’artisan de Villers-Bretonneux espère attirer l’attention.
Qualité maintenue
Dans sa démarche pour rendre ses produits plus accessibles, la Boul’Ange fait quand même quelques exceptions : «La baisse des prix concerne les produits vendus en magasin, pas ceux que l’on vend pendant les tournées. C’est un service que l’on doit quand même payé…», indique Patrice Santune, qui s’en excuse. Les spécialités, comme la baguette L’Avocette, ne peuvent pas non plus bénéficier d’une baisse de prix. Mais le boulanger l’assure : «Ce n’est pas parce que le prix baisse que la qualité n’est plus au rendez-vous ! Même si ce sont des produits ordinaires, cela reste de bons produits !» Les clients fidèles le savent. Quant à ceux qui sont de passage, il suffit de se rendre au 2 bis rue de Péronne, du lundi au dimanche – mardi est un jour de fermeture hebdomadaire – pour être séduits.