Aller au contenu principal

Consensus professionnel pour une révision du statut de l’agriculteur

Le statut principal de l’exploitant agricole, chef d’entreprise non salarié, montre ses limites face aux évolutions de l’agriculture française.

© Stéphane Leitenberger

S'il est un sujet de consensus entre le syndicalisme majoritaire et le ministère de l’Agriculture, c’est sur la nécessité de réviser le statut de l’agriculteur. Gilles Brenon, président de Gaec et sociétés, qui organisait le 26 juin un colloque sur la question, a résumé les grandes lignes de la manière dont les professionnels (Fnsea, Apca, JA) voient les choses. Selon lui, six critères doivent être respectés pour bénéficier du statut d’agriculteur :
- la maîtrise de l’outil de gestion,
- la détention de la majorité du capital de l’entreprise,
- la réalisation d’un certain volume d’activité,
- le non-assujettissement à une autorité extérieure,
- la détention d’un diplôme de formation,
- l’inscription sur le registre des agriculteurs qui devrait enfin, prochainement, voir le jour.
Présent à cette table ronde, le conseiller technique du ministre de l'Agriculture, Luc Maurer, a indiqué que le registre de l’agriculture, dont l’identité du gestionnaire a évolué au fur et à mesure des débats parlementaires, se trouverait géré par plusieurs institutions. Il mettra finalement à contribution la MSA pour fournir les informations, les chambres d’agriculture qui feront l’interface et l’Apca qui administrera la base de données. Quant à sa mise en place effective, Luc Maurer la prévoit pour 2015.

«Retraité ou agriculteur, il faut choisir»
Si le sujet est consensuel, le ressenti ne l’est pas toujours. François Thabuis, précédent président des Jeunes agriculteurs, veut avoir une approche la plus professionnelle possible. en estimant par exemple que les retraités doivent définitivement abandonner le statut d’agriculteur. «Un retraité ne peut pas être en même temps agriculteur, a lancé l’ancien président des JA. Et de citer l’année où, sur 4 millions de vaches allaitantes qui reçurent des primes PAC, 300 000 appartenaient à des retraités. «Les retraités, on les adore, promet François Thabuis, il faut améliorer leur retraite, mais on ne règle pas le problème en leur donnant le statut d’agriculteur».
Autre question, celle des capitaux extérieurs venant financer des exploitations. Le jeune agriculteur n’en récuse pas l’opportunité mais il y voit des limites. «Je n’ai pas peur de dire que je suis paysan et chef d’entreprise, explique-t-il, mais on voit déjà sur le terrain des chefs d’entreprise agricole qui ne sont pas du tout paysans».

Laisser la liberté aux gens
Concernant les salariés gérants, «on n’était pas trop chaud au départ, mais on s’est aperçu qu’il s’agissait de vrais agriculteurs. Qu’en sera-t-il de celui qui reprendra ce modèle-là ?» interroge François Thabuis.
«Il faut rester le plus ouvert possible», répondait Jean-Bernard Bayard (Fnsea), considérant qu’en ce qui concerne les retraités il faut analyser tous les facteurs et notamment la minceur de leurs revenus de retraite. «Il faut laisser la liberté de décision aux gens. A partir de la définition d’un chef d’exploitation, celui-ci doit avoir la possibilité de choisir son cadre juridique, qu’il veuille être indépendant ou salarié d’une exploitation».
«Il faut qu’on regarde si nos formes sociétaires sont toujours adaptées, s’il ne faut pas les faire évoluer, dit-il. Il y a des agriculteurs qui sont employés au sein de sociétés commerciales. Aujourd’hui ils sont exclus du régime agricole. Mais l’agriculture de demain n’aura-t-elle pas besoin de capitaux extérieurs ? Pourquoi ne pas créer un nouveau statut dans lequel ces gens pourraient se retrouver, tout en respectant la situation de chef d’exploitation ?».

Reconnaissance des Gaec
Le débat de Gaec et société a aussi l’été l’occasion pour Luc Maurer de rassurer les professionnels sur l’accès à la transparence du statut des Gaec vis-à-vis des aides et seuils de la Pac. D’une part, il a rappelé que le statut et la transparence des Gaec étaient maintenant officiellement reconnus par la Commission européenne. Au coeur de ce statut se situe la notion de renforcement de la structure économique de l’exploitation que doit permettre le Gaec. Mais l’agrément des Gaec nouveaux doit passer par une analyse au cas par cas. C'est ce qui explique que la procédure implique une section de Cdoa avec une décision prise par le préfet. Il faut démontrer que les actifs sont bien présents sur l’exploitation, qu’ils se partagent le capital social et les décisions de gestion. La décision du préfet fait partie de la sécurisation du dispositif vis-à-vis de la Commission européenne, insistait Luc Maurer.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

mobilisation Arras déplacement Emmanuel Macron
Un déplacement d’Emmanuel Macron perturbé par des tracteurs, le préfet s'en va

Le préfet du Pas-de-Calais, Laurent Touvet, n’est plus en poste. Son départ a été acté ce mercredi 26 novembre 2025 lors du…

Les premiers contrats 2026-2027 tombent… et s’effondrent

Les premiers contrats de pommes de terre 2026-2027 tombent... Et ils ne sont pas de bon augure. Agristo a ouvert la marche…

Avenir conseil élevage anime plusieurs groupes d’éleveurs, équipés de robot ou non, qui visent des performances élevées tout en maîtrisant les coûts de production.
Repenser la routine avec la traite robotisée

Dans les élevages laitiers, la robotisation de la traite est souvent perçue comme un gain de temps et de confort. Savoir s’…

Contrôle de chasseurs lors d'une battue aux grands gibiers dans le département de l'Eure-et-Loir par l'OFB.
L’OFB va concentrer ses contrôles sur la chasse pendant 15 jours

L’Office français de la biodiversité (OFB) annonce une opération nationale de contrôles renforcés du 29 novembre au 14…

Ynsect insectes Poulainville
Liquidation d’Ÿnsect : la fin d’une promesse industrielle

Le tribunal de commerce d’Évry a prononcé, lundi 1er décembre, la liquidation judiciaire d’Ÿnsect. Une fin abrupte pour une…

En lien avec le Copa-Cogeca, la FNSEA et les JA organisent une manifestation à Bruxelles jeudi 18 décembre.  Des agriculteurs de la Somme s’y rendront. Ils dénoncent principalement l’accord du traité UE-Mercosur,  le contenu de la future Pac, et la taxe engrais. Explications et témoignages.
Le 18 décembre à Bruxelles : pourquoi ? comment ?

En lien avec le Copa-Cogeca, la FNSEA et JA organisent une manifestation à Bruxelles le 18 décembre prochain. Pourquoi cette…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde