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Etats généraux de l’alimentation : «Les intentions sont là, les actes, c’est mieux»

Analyses et réflexions de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, sur les Etats généraux de l’alimentation et les enjeux de demain pour l’agriculture française.

© Fnsea


Les Etats généraux de l’alimentation ont-ils été utiles ? Que peut en attendre la profession agricole ?

Rappelons, en tout premier lieu, que ce fut un exercice inédit, qui a permis de mettre autour de la table des groupes autour de quatorze thématiques, et dix ministères. Inédit aussi, parce que, en amont de ces états généraux, un diagnostic commun a été établi avec tous les représentants de la production, de la transformation et de la distribution. Ce diagnostic a mis en exergue la destruction de la valeur pour tous. La guerre des prix ne fait que des perdants. Autre élément de ce diagnostic : la reconnaissance de l’excellence de l’alimentation française, tant sur le plan de la sécurité alimentaire que sur le plan sanitaire. De fait, notre vision l’a emporté. Ce que nous disons, c’est que nous pouvons répondre à toutes les demandes des consommateurs s’il y a un retour de la valeur.
Par ailleurs, les chantiers ouverts après le 11 octobre ont poussé l’interprofession à se réunir, ce qui était une première. Des résolutions ont été prises en commun. Elles ouvrent des perspectives intéressantes. A noter, enfin, le pragmatisme qui semble prévaloir à présent sur la question de la transition écologique. Parler de limitation des produits phytosanitaires est plus salutaire que leur élimination. Cela fait écho au contrat de solutions pour une trajectoire de progrès pour la protection des plantes que nous avons lancé avec une trentaine de partenaires, le 14 novembre dernier.
Nous regrettons cependant que Nicolas Hulot ait choisi de fuguer la clôture des états généraux. Au regard du travail fait, ce n’est pas respectueux. Cela est décevant, mais ne nous empêchera pas de continuer à travailler. Enfin, nous restons vigilants par rapport aux échéances posées par le gouvernement, notamment sur la loi promise, début janvier, sur la construction des prix avec la prise en compte du coût de production des producteurs. Une même vigilance sera de rigueur sur les ordonnances promises pour le seuil de revente à perte et pour l’encadrement des promotions.

Vous demandiez que le seuil de revente à perte soit de 15 %. Il sera, au final, de 10 %. Sur l’encadrement des promotions, ce n’est pas tout à fait vos demandes. Que pouvez-vous faire pour changer la donne ?
Sur le seuil de revente à perte, il fallait cibler 15 % pour que ce soit significatif. Nous ne l’avons pas obtenu, mais hors de question de descendre en dessous de la barre de 10 %. Dans tous les cas, si l’expérience montre que ce n’est pas suffisant, on réitérera notre demande à 15 %. Il faut impérativement que chaque acteur joue le jeu. Pour l’instant, dans les négociations commerciales, comme la loi n’est pas votée, ce n’est pas le cas. Il va nous falloir maintenir la pression et faire en sorte que l’esprit des états généraux aille jusqu’à la porte des négociations. Quant aux promotions, nous sommes d’accord pour un seuil à 30 %, mais pas à 50 %.

La nouvelle contractualisation proposée, soit la fixation des prix en amont par les agriculteurs, est-elle réalisable ?
C’est tout à fait possible, et cela existe déjà, mais il faut monter en puissance et s’inspirer des expériences réussies. Dans un contexte de volatilité des prix et d’aléas, la contractualisation est un outil de sécurisation pour les agriculteurs.

Reste que ce qui a été décidé entre dans le cadre d’une expérimentation de deux ans. Du coup, quelles garanties pour les agriculteurs que les mesures énoncées soient acceptées par tous et respectées ?
Nous souhaitions des mesures durables de notre côté. Compte tenu que les mesures prises le seront sous la forme d’une expérimentation de deux ans, notre action va consister à rappeler à l’ordre le gouvernement et le président de la République pour que la charte soit respectée. Nous exercerons toute notre pression syndicale, si nécessaire. Ce qui se passe actuellement dans les pratiques commerciales montre que la loi est nécessaire.
Nous serons tout aussi en alerte sur les autres échéances, à savoir le plan «Ambition bio», attendu pour la fin de ce premier trimestre, ainsi que le volet agricole du plan d’investissement de cinq milliards d’euros, ou encore le plan de réduction des produits phytosanitaires. Le 21 décembre, date de clôture des états généraux, n’est donc pas le clap de fin.

Pensez-vous que le gouvernement est prêt à défendre l’agriculture dans notre pays ?
Deux signaux me laissent à penser que oui. D’abord, le discours du président de la République à Rungis, le 11 octobre 2017, et celui de son Premier ministre, le 21 décembre dernier. Les intentions sont là, mais les actes et les réalisations, c’est mieux. On attend donc de voir. Il semble, cependant, que l’Etat a bien compris qu’il faut aider l’agriculture pour qu’elle puisse répondre à la fois à la performance économique et à la performance écologique. Sans cela, nous serons balayés de l’échiquier mondial. Autre source d’espérance : l’agriculture est attendue pour contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Quels sont les combats syndicaux à mener ?
Nous avons trois objectifs : améliorer le prix, réduire les charges et les contraintes, et redorer l’image de l’agriculture, comme de la FNSEA. L’une des questions clés du syndicat pour 2018, c’est celle du revenu des agriculteurs. L’agriculture française a un énorme potentiel - humain, agronomique, économique, climatique, recherche -, mais qui est sous-estimé. Renverser la tendance est possible à condition de produire pour tous les marchés, susciter de nouveaux projets et accompagner tous les profils d’agriculteurs. Nous nous y employons.

Dates clés
- 20 juillet 2017 : discours du Premier ministre, Edouard Philippe, resituant les grands enjeux de l’alimentation et de l’agriculture, et reposant le nouveau contrat à établir entre l’agriculture et la société
- 11 octobre 2017 : discours du président de la République à Rungis
- 14 novembre 2017 : le contrat de solutions pour une trajectoire de progrès pour la protection des plantes, à l’initiative de la FNSEA, et réunissant 35 partenaires, ainsi que des ONG. Signature du contrat de la répartition de la valeur, le même jour
- 21 décembre 2017 : discours de clôture des Etats généraux de l’alimentation. Edouard Philippe : «Je préfère la culture de la solution à la culture de la norme.»

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