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Femmes, salariées du machinisme agricole, et pilotes de rallye

Chaque année, le 8 mars, est célébrée la journée internationale de la femme. Pour l’occasion, nous avons rencontré des femmes sans qui le milieu agricole et para-agricole ne serait pas ce qu’il est !

Les Green’zelles feront le rallye sous les couleurs de Claas.
Les Green’zelles feront le rallye sous les couleurs de Claas.
© © A. P.





Jessica Vanaker et Micheline Delaunay, dites «Jess et Mimie», vont respectivement troquer leur chemise Deboffe et Claas pour celui des Green’zelles, fin mars : elles vont participer au Rallye Aïcha des gazelles du Maroc.



Elles se démarquent déjà par la nature de leur métier : Jessica Vanaker, assistante de direction marketing chez le concessionnaire Deboffe, dans la Somme, et Micheline Delaunay, responsable technique de la ligne d’assemblage, à l’usine de tracteur Claas du Mans, s’épanouissent dans un milieu de machinisme agricole plutôt masculin. «Il faut du caractère, pour travailler avec des hommes», témoignent-elles.
Du caractère, «Jess et Mimie», comme elles aiment être surnommées, en auront aussi besoin pour relever le défi qu’elles se sont lancé cette année : participer au Rallye Aïcha des gazelles du Maroc, seul rallye-raid hors-piste 100 % féminin au monde. Rendez-vous est donné le 15 mars, à Nice, pour les vérifications techniques. Le départ vers le Maroc a lieu le lendemain, et les épreuves auront lieu du 20 au 28 mars. Retour prévu à Nice le 31 mars.
«J’ai en tête ce rallye depuis un moment. Comme je voulais être sponsorisée par Claas, j’ai cherché une coéquipière de chez eux. Mimie, que je ne connaissais pas, a tout de suite été emballée.» Comptez 30 000 E de budget au total pour participer à un tel événement. Pour l’occasion, elles seront les «Green’zelles» ; contraction de Green «comme la couleur de Claas, et parce que nous sommes sensibles à l’environnement toutes les deux», et de gazelles.
Le principe fait rêver les deux aventurières : pas de vitesse, pas de téléphone, pas de GPS, mais une navigation à l’ancienne, uniquement en hors-piste. Le but est de rouler le moins possible. Les Gazelles doivent rallier plusieurs balises en faisant la distance la plus courte possible. «Moi qui adore la nature, ce rallye me correspond tout à fait, confie Mimie. Vivre en bivouac, faire preuve de solidarité… Ce sont des valeurs qui se perdent. Et puis pendant trois semaines, on ne va vivre que pour nous.»

Une topographie à apprivoiser
Le duo semble se compléter à merveille : Jess s’est initiée à la conduite de 4x4 avec son mari, fervent de sports automobiles, et pour ce qui est de manier des clés, Mimie connaît ! La cartographie est néanmoins une discipline toute nouvelle pour les coéquipières. «Nous avons bénéficié d’un stage de deux jours pour se familiariser avec la carte, la boussole…» Le plus difficile sera d’apprivoiser la topographie particulière de la région, assez montagneuse, «avec 20 % de sable et 80 % de cailloux», annonce Jess. Leur 4x4, lui, a déjà fait deux fois le rallye. «Il connaît la route», plaisantent-elles.
Des peurs ? Elles en ont bien sûr toutes les deux. Mimie a l’appréhension de se retrouver nez à nez avec une «grosse bestiole», comme un scorpion, et Jessica redoute le manque de sommeil, qui la rend grognon. Les mamans auront aussi une pensée chaque jour pour leur famille. Si leur objectif est avant tout de terminer ce rallye, elles avouent néanmoins être des compétitrices dans l’âme, et feront tout pour obtenir le meilleur résultat possible !

Alix Penichou

La course sera à suivre sur http://www.rallyeaichadesgazelles.com

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Avoir du caractère et en faire plus


Elizabeth Delargillière, quarante-six ans, est chef de silo chez Agora, à Gisors, depuis plus de quinze ans. Une responsabilité qu’elle a obtenue grâce à son opiniâtreté et sa force de travail.



Fille d’agriculteurs et ayant suivi des études agricoles, Elizabeth Delargillière découvre le travail dans un silo à l’occasion d’un job d’été pendant la moisson à l’âge de seize ans. Elle continue pendant plusieurs années ce travail saisonnier, puis est embauchée par Agora en 1996 en CDD pour surcroît de travail. C’est le malheureux décès du chef de silo, un an plus tard, qui va lui mettre le pied à l’étrier. Elle est embauchée au silo de Thibivillers.
«J’ai eu de la chance de tomber sur des adhérents sympas, qui m’ont prise sous leur aile. Pour d’autres, c’était beaucoup moins évident : une femme n’avait pas sa place dans un silo», témoigne Elizabeth. Mais elle fait preuve d’un vrai caractère et a le désir de réussir. «Je n’ai pas beaucoup aimé m’occuper des engrais et je voulais devenir chef de silo. Certains adhérents me disaient qu’il fallait que j’apprenne à être patiente, à être moins impulsive», reconnaît-elle. Après avoir été adjointe de chef de centre et responsable de station de semences, elle devient enfin chef de silo à Gisors, à Agora, dès 2003.

Des métiers qui se féminisent
Elizabeth est alors responsable de neuf personnes et son travail consiste à gérer, en accord avec le siège et ses collègues, la logistique des silos de Bouconvillers, Sérifontaine, Thibivillers, Boubiers et Gisors. Pendant la moisson, il faut assurer la réception, le stockage et l’expédition du grain. Tout au long de l’année, le magasin des produits phytosanitaires et les stocks d’engrais doivent être gérés. «J’assure également les mélanges d’engrais à la demande des adhérents», détaille Elizabeth. De début juillet jusqu’à novembre, c’est la période haute de travail et la fin hiver-début de printemps, avec les épandages d’engrais et les traitements, marque aussi une pointe d’activité. A l’intersaison, c’est l’entretien des locaux et du matériel qui occupe les journées.
«J’ai d’emblée été bien acceptée par mes collègues et la direction d’Agora est très ouverte à la féminisation des métiers. En revanche, je me suis heurtée, ici à Gisors plus qu’à Thibivillers, à des adhérents plus sceptiques sur la place des femmes dans un silo car le Vexin est un secteur réputé dur. Résultat : j’ai dû en faire deux fois plus pour me faire accepter. Mais après vingt-six ans de métier, je me suis forgée une carapace et je pense que je n’ai plus rien à prouver», explique-t-elle.
Et puis les jeunes générations sont plus habituées à la mixité et à la féminisation des métiers. N’empêche qu’elle est quand même la seule femme chef de silo chez Agora. «J’espère ne pas le rester car, avec du caractère et de la volonté, une femme a toute sa place dans un silo. La preuve : on m’appelle la chef !», conclut en souriant Elizabeth. Qui est aussi maman d’une fille de quatorze ans et chef d’exploitation en élevage bio. Une sacrée trempe, on vous dit.
Dominique Lapeyre-Cavé
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