Maïs 2021, que faut-il retenir ?
De bons rendements, mais des valeurs alimentaires inférieures à l’année dernière.
De bons rendements, mais des valeurs alimentaires inférieures à l’année dernière.
Les conditions climatiques et le stade de récolte sont deux composantes essentielles qui vont jouer sur la qualité du maïs ensilage. Cette année, le printemps froid et sec ainsi que les gelées matinales ont fait démarrer les semis plus tardivement que d’habitude (25 avril).
Ils n’ont pas subi de stress thermique ni hydrique pour cette saison. Cela a facilité la floraison avec l’apparition de deux, voire trois pins de maïs par tige, et des beaux gabarits. Le cubage des silos nous montre des rendements entre 16 et 20 t de MS/ha.
Les chantiers d’ensilage ont débuté au 20 septembre pour les zones les plus précoces et se sont terminés au 15 octobre. À ce stade, nous observons des tendances sur le terrain avec quelques retours d’analyses. La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte est à 32 %, conforme à nos préconisations en lait. Cependant, le positionnement de la date de récolte s’est avérée difficile cette année. Les maïs ont longtemps végété à 22-23 % de MS puis se sont très vite desséchés à partir de début octobre. Cela se traduit par une hétérogénéité sur le taux de MS rendus silos, avec soit des maïs humides à 28 % de MS, soit des maïs ensilages récoltés tardivement à 36 % MS. En effet, aux vues du retard des ensilages sur certaines zones avec des maïs couchés, les décalages de chantiers n’ont pas aidé.
Les premières remontées du terrain nous signalent des maïs moyennement performants. Le lait a tendance «à patiner» dans les élevages alors que les taux, eux, sont en fortes hausses. À cela plusieurs raisons : les valeurs alimentaires des maïs ensilages 2021 sont inférieures à 2020 et le potentiel du fourrage n’a pas atteint sa valeur maximale. En engraissement, on voit des animaux qui ont une ingestion plus faible que d’habitude non pas à cause d’un encombrement plus haut, mais des MS plus élevées et un manque d’azote pour stimuler la flore.
Zoom sur les 1ers résultats d’analyse
La teneur en amidon des premières analyses est très hétérogène entre 28 et 36 %. La tendance montre cette année un taux d’amidon moins élevé que d’habitude, autour de 31 %, celui-ci étant dilué par les rendements maïs. Dans la ration, il est conseillé de ne pas dépasser 25 % d’amidon afin de limiter les risques d’acidose (35 en amidon + sucres en engraissement). La teneur en fibre du fourrage est mesurée par la cellulose brute et la NDF. Elle est inversement proportionnelle à la part de grains et la digestibilité de ces fibres se dégrade avec la maturité de la plante, avec une perte sur le lait produit. Pour le moment, les analyses affichent une cellulose brute à 20,6 % et un NDF à 43,9 %.
Au niveau des valeurs alimentaires prédites par les équations Inra : les teneurs en UFL sont en baisse par rapport à 2020. Elles se situent entre 0,89 et 0,91 UFL/Kg MS. Cette valeur énergétique est influencée par le type de maïs (type amidon/fibre, etc.), les conditions de végétation et le stade de récolte. Elle est déterminée par la teneur en amidon du fourrage et la digestibilité de la partie «tige + feuille». La digestibilité de la matière organique (DMO) est faible 70,8 % ce qui traduit un rapport «(tige + feuille)»/grain élevé. À cela s’ajoute un niveau d’encombrement à 1,01 UEL. Les valeurs PDI sont directement corrélées à la teneur en matière azotée totale (MAT). Les analyses prédisent une MAT à 6,7, soit des valeurs azotées égales à 42 g de PDIN/kg MS et 62 g de PDIE/kg MS. Ces valeurs sont bonnes et proches de 2020.
Temps de fermentation du maïs ensilage
La distribution du nouvel ensilage de maïs doit se faire au minimum trois semaines après la récolte afin de laisser le temps aux fermentations et à l’acidification du silo de se réaliser. En réalité, il faudrait attendre deux mois de fermeture du silo afin d’obtenir tout le potentiel du fourrage, avec une température du maïs stable et sans odeur. Une étude menée par la station expérimentale de La Jaillière (figure 1) nous montre que la dégradabilité de l’amidon et de la MAT augmente avec la durée de conservation et ce, d’autant plus que le maïs est récolté tard. Un temps de dégradation faible de l’amidon et de la MAT doit donc être prise en compte dans la composition de la ration. Il est recommandé de complémenter les animaux avec d’autres aliments à dégradation rapide en attendant que l’ensilage devienne plus digestible dans le temps. Au bout de deux mois, on limitera les apports d’amidon par les autres aliments du fait de la disponibilité par le maïs ensilage.
Il est évident que chaque exploitation est différente et que les opportunités de matières premières changent en fonction des contrats, des positions, des stocks… Il n’y a pas une ration pareille et surtout pas une analyse pareille ! On voit des coûts de rations s’envoler comme les matières premières. Il est d’autant plus important de contrôler ce que l’on met et, pour cela, une analyse de vos fourrages est indispensable. Malgré la flambée des «valorisateurs de fourrages» au sens large (azote, énergie, minéral…), il ne faut pas les supprimer de nos rations. Il serait pire d’avoir des stocks mais de les voir non assimilés par les animaux et donc partir au fumier. Gardons et valorisons le peu de valeur que nous avons dans nos maïs. Le coût d’une analyse et d’une prestation de rationnement est dérisoire comparé au manque à gagner ou au surcoût d’une ration mal équilibrée.