Aller au contenu principal

Bovin viande
La feuille de route de Culture Viande contre la décapitalisation

Alors que tous les indicateurs de marché sont au rouge, le syndicat de l’abattage-découpe s’est montré combatif en congrès le 15 octobre, entre appels au gouvernement et aux éleveurs pour mieux adapter la production à la demande.

Si la décapitalisation bovine se poursuit au rythme actuel, une trentaine d’abattoirs pourraient fermer.
Si la décapitalisation bovine se poursuit au rythme actuel, une trentaine d’abattoirs pourraient fermer.
© Pixabay

Lors du congrès de Culture Viande (syndicat de l’abattage-découpe), le 15 octobre à Paris, son président délégué Ludovic Paccard a demandé aux pouvoirs publics une «feuille de route pour enrayer la décapitalisation». Pour les filières hors sol (porcins, veaux de boucherie), «on peut enrayer le déclin», a-t-il estimé, à condition que l’État intervienne pour fluidifier les procédures d’installation et d’agrandissement. Quant aux bovins allaitants, M. Paccard, par ailleurs directeur général de Sicarev, suggère un travail sur deux sujets : «Comment adapter la ferme France ?» (renouvellement des générations et modèles d’exploitation) et «l’adaptation de la production au marché». «Certaines races [bovines] ont un potentiel génétique pour travailler sur la précocité de l’animal», développe-t-il. Des animaux abattus plus jeunes, synonymes, selon lui, «d’un poids de carcasse plus faible et d’un meilleur persillé». Les abatteurs comptent sur la contractualisation pour «réussir à orienter un peu mieux ce que nous proposent les éleveurs», espère Yves Fantou, président de Culture Viande. Alors qu’environ 20 % des animaux sont désormais produits sous contrat, «c’est une petite révolution qui se joue», constate cet abatteur breton.

 

Vent debout contre Egalim

Plus largement, dans un communiqué diffusé après son événement, la fédération des abatteurs «plaide pour la fin de l’inflation normative et la surtransposition française». Une revendication qui sonne comme un écho à la «pause sur les normes» promise début octobre par le Premier ministre Michel Barnier. «Nous attendons que l’État nous accompagne dans des investissements générateurs de compétitivité», ajoute Yves Fantou, alors que la Stratégie abattoirs annoncée par Marc Fesneau en février est au point mort.

Les abatteurs sont aussi vent debout contre une éventuelle nouvelle mouture de la loi Egalim. «La version 4 ne changera rien par rapport aux trois autres», balaye Jean-Paul Bigard, membre du bureau, considérant que ces textes comportent trop d’exceptions (pas d’application aux grossistes, restaurateurs, marchés de gros, etc.). «Alors que la loi Egalim a été pensée pour régler les problèmes de la filière bovine, seuls 5 à 15 % de la production de viande bovine part dans le circuit Egalim», tacle Alessandra Kirsch, directrice générale associée du cercle de réflexion Agriculture Stratégie. Et de plaider pour une «forme de verticalisation», par exemple en «segmentant des phases d’élevage» (engraissement en pension).

 

Résultats négatifs

Côté marché, tous les indicateurs sont au rouge : la décapitalisation provoque une baisse des abattages, une hausse des prix payés aux éleveurs et un recul de la consommation dû à l’inflation (- 3,7 % pour les viandes de boucherie en 2023). Sans compter «l’augmentation des charges industrielles – notamment l’électricité et les emballages» (+ 27 %
entre 2022 et 2023). Facteur aggravant : comme la consommation recule moins vite que la production – elle était globalement stable avant 2023 –, elle est davantage satisfaite par l’importation (25 % de la consommation française depuis début 2024). Et ce, d’autant plus que la consommation de viande bovine se développe surtout en RHD, un débouché qui privilégie les produits importés (55 % en 2022).

Résultat : «Les entreprises françaises des viandes de boucherie sont à bout de souffle», alerte Culture Viande dans son communiqué. En 2023, «pour la première fois» depuis le lancement de l’Observatoire des prix et des marges, les industries d’abattage-découpe affichent des résultats négatifs : - 0,9 % en bovins et - 1,7 % en porcs. Les fermetures d’abattoir se multiplient. Déjà, début 2024, Yves Fantou prévenait : «Un abattoir ferme chaque mois.»

 

Une trentaine de fermetures d’ici 2030

Et le mouvement est appelé à se poursuivre avec le recul des cheptels. Si la décapitalisation bovine se poursuit au rythme actuel, les abattoirs auront 12 500 animaux en moins par semaine à traiter d’ici 2030, selon Bertrand Oudin, le président du cabinet Ceresco. Soit «33 ou 34 abattoirs» menacés de fermeture (sur 233 abattoirs de boucherie en France, selon le ministère de l’Agriculture). D’après ses calculs, basés sur les projections de l’Idele, la chute de la production de viande bovine menacerait aussi 1,4 Mha de prairies, 37 000 emplois (dont 26 000 en élevages), et pourrait faire perdre 1 Md€ à la balance commerciale du secteur (qui passerait de 750 M€ à - 330 M€). Malgré ces sombres perspectives, la filière s’affiche combative. Le slogan du congrès de Culture Viande ? «La viande n’a pas dit son dernier mot.»

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

chips Roger & Roger pommes de terre
L’industriel belge Roger & Roger va s’approvisionner dans le Sud-Ouest

Un partenariat a été conclu entre le fabricant belge de snacks et de chips et la coopérative Maïsadour, basée dans le Sud-…

Sebastien Bocquillon, président de la CA59-62 est décédé

Sébastien Bocquillon, président de la chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais et maire d’Humières, est décedé ce 24…

Les bons rendements des escourgeons laissent espérer une belle récolte

Dans la Somme, les moissonneuses sont de sortie depuis le 25 juin. La récolte des escourgeons est même presque terminée, alors…

Pour la coopérative Sana Terra, le silo de Flesselles est le plus gros chantier  engagé depuis dix ans.
Les silos poussent au rythme des moissons dans la plaine samarienne

Pour cette moisson 2025, de nouveaux silos et plateformes de collecte ont ouvert dans la Somme. L’un des plus importants…

Des pratiques commerciales abusives à nouveau dénoncées

Dans un communiqué du 16 juillet, l’UNPT (producteurs de pommes de terre, FNSEA) dénonce de nouvelles pratiques…

Pour Nicolas Defransure (à g.), directeur de Lin 2000, le chanvre textile a des atouts agronomiques exceptionnels. Il est déterminé à trouver un moyen de valoriser cette production.
Lin 2000 en quête de rentabilité pour le chanvre textile

Face aux contraintes climatiques qui fragilisent la culture du lin de printemps, la coopérative linière Lin 2000 et la Chambre…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde