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Jean de la Fontaine, l’homme à fables, a quatre-cents ans

Le département de l’Aisne et plus particulièrement Château-Thierry, ville natale de Jean de la Fontaine, fêtent cette année, les quatre cents ans du plus fabuleux des fabulistes.

Qui ne connaît pas Jean de la Fontaine. À bien y réfléchir, personne. En effet, ses fables sont apprises à l’école, donc connues de tous, et certaines expressions ou morales sont devenues langage courant. Pour faire connaître toute son œuvre et sa vie, la ville de Château-Thierry et le Département de l’Aisne proposent des festivités tout au long de l’année 2021 à l’occasion de son 400e anniversaire de la naissance du poète. «Pour connaître Jean de la Fontaine, il faut connaître sa personnalité, une personnalité attachante qu’il ne laisse pas forcément transparaître au premier abord dans ses morales. Son goût de la vie, ses angoisses, sa charge nobiliaire, son courage face à Louis XIV. Un courage qui lui valut la disgrâce, la précarité qui faillit bien lui coûter l’académie française», avait annoncé Sébastien Eugène, maire de Château-Thierry lors du lancement officiel du 400e anniversaire, le 8 avril, trois mois jour pour jour avant la date de naissance de Jean de la Fontaine. 

 

Une vie fantasque

Né à Château-Thierry le 8 juillet 1621, Jean de la Fontaine, fils de Charles de La Fontaine (1594-1658), maître des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Château-Thierry, et de Françoise Pidoux (1582-1644), fille de Jean Pidoux, seigneur de la Maduère (1550-1610) va passer une grande partie de sa vie dans sa ville natale. Il y fait ses études puis ses parents l’envoient au séminaire. Mais Jean de la Fontaine renonce au clergé et préfère reprendre des études de droit à Paris. Il fréquente alors le cercle des jeunes poètes où il fait la connaissance de Pellisson, Tallemant des Réaux… En 1649, il reçoit son diplôme d’avocat au Parlement de Paris.

Mais, entretemps, son père a organisé un mariage forcé avec Marie Héricart qui lui donne un fils Charles (1652-1722). Jean de la Fontaine prend la place de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry. Cela ne lui plait guère et il s’attèle totalement à sa carrière de poète. Il publie sa première comédie adaptée de Térence, l’Eunuque, qui passe complètement inaperçue. Il délaisse femme et enfant, abandonne son hôtel particulier de Château-Thierry pour profiter de soirées organisées par les sociétés précieuses (qui visaient à modifier et embellir les mœurs et la langue française) et libertines. Jean de la Fontaine entre au service de Nicolas Fouquet, sur-intendant des finances du royaume. Le poète dédie le poème Adonis à son ami et rédige le Songe de Vaux, un texte consacré au domaine de Fouquet. Cet écrit restera inachevé : sur ordre du Roi Louis XIV, Fouquet est arrêté en 1661 au lendemain de fêtes fastueuses que le sur-intendant organisait dans  son château de Vaux-le-Vicomte. Fidèle en amitié, La Fontaine est l’un des rares à lui rendre visite. Il écrit même en faveur de son protecteur l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux en 1662.

Deux ans plus tard, Jean de la Fontaine se met au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse Douairière d’Orléans, et son statut de gentilhomme lui permet d’être anobli. Il publie contes, poèmes, nouvelles en vers, fables, et même un roman. Il est à l’apogée de son écriture et de sa réussite. Et pourtant, ses frasques vont le désargenter et, en 1676, il vendra son hôtel particulier de Villers-Cottêrets où il trouva l’inspiration et composa une grande partie de son œuvre littéraire. Âgé de cinquante-cinq ans alors, il part pour Paris. 

 

1684 : entrée à l’Académie française

«Je trouve que l’épisode de la relation entre La Fontaine et l’Académie française est l’un des plus intéressants de l’histoire de cette institution. Pour moi, c’est un exemple de gratitude, de grandeur d’âme et de courage.» Ce qui faillit lui coûter sa place à l’Académie française. «En effet, le jour où l’Académie a souhaité élire Jean de la Fontaine au fauteuil de Colbert, Louis XIV lui préférât Boileau. Les Académiciens, dans un acte de courage face au roi, ont choisi Jean de la Fontaine», a expliqué Amin Maalouf, écrivain, académicien et parrain du 400e anniversaire. La Fontaine poursuit ses écritures de recueils, de contes… Il se fait également remarquer lors d’un scandale, La querelle des anciens et des modernes, en se rangeant du côté des anciens.

Atteint, semble-t-il de la tuberculose en 1692, il meurt le 13 avril 1695 à 74 ans, au 61 rue Platrière, dans un hôtel où il résidait depuis deux ans.

Sa maison de Château-Thierry classée Monument historique, labellisée Maison des Illustres et Musée de France, abrite depuis 1876, le musée Jean de la Fontaine.

 

Château-Thierry, la cité poétique

Depuis des siècles, les habitants de Château-Thierry, les Castelthéodoriciens, célèbrent Jean de la Fontaine lors d’un festival annuel. Avec ce 400e anniversaire, le maire et son équipe municipale, souhaitent donner une impulsion plus grande à leur ville : faire de Château-Thierry, la cité poétique. «Ce que nous voulons, c’est bâtir une cité à l’esprit poétique dans tous les domaines, qui se pense en lien avec la future cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts (lire encadré ci-dessous)», a précisé le maire. 

De son côté, Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemental de l’Aisne, a encouragé Amin Maalouf à transmettre l’histoire du département et de Château-Thierry au-delà des frontières françaises. «Cette consécration fait de vous l’ambassadeur naturel et privilégié pour porter en France et au-delà de notre pays et de ce continent, le flambeau de la culture et de la littérature dans notre langue.»

 

Plus de 230 événements

Les quatre cents ans de Jean de la Fontaine sont célébrés depuis quelques semaines dans le département et en particulier à Château-Thierry. Une journée particulière a été organisée ce 8 juillet, jour de la naissance du poète. Cet événement a vu la parution de nombreux ouvrages, la mise d’en place d’une expression artistique diverse (pièces de théâtre, concerts, expositions, spectacles), des animations festives, des concours, un timbre conçu par la Poste, une monnaie à l’effigie du poète… Une œuvre monumentale et une rue Jean de la Fontaine ont été inaugurées, et une rose a même été baptisée Jean de la Fontaine. «Au travers de cette programmation il est un point commun : la volonté de donner du sens à son œuvre», a commenté le maire de la ville du sud de l’Aisne. C’est aussi l’enjeu de la rénovation et de l’agrandissement du Musée Jean de la Fontaine qui ont été financés par l’État, la Région, le Département ou encore la Fondation du patrimoine où pousser la porte de cette majestueuse demeure séculaire, c’est plonger au cœur d’un univers fabuleux et imaginaire dans lequel les animaux, doués de parole, instruisent les hommes.
Tout le programme des festivités du 400e anniversaire de Jean de la Fontaine est à retrouver sur www.museejeandelafontaine.fr
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