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Johnny Rasse et Jean Boucault, deux drôles d’oiseaux

Johnny Rasse et Jean Boucault, chanteurs d’oiseaux, présenteront, le 9 avril, au Festival de l’oiseau et de la nature, une conférence sur les oiseaux… décalée.

© AAP



Rendez-vous au cimetière chinois de Nolette. Drôle d’endroit pour une rencontre, ai-je pensé sur le moment. Mais, une fois arrivée sur place, après avoir coupé le contact, je comprends. C’est une symphonie de chants d’oiseaux qui vous accueille en ce lieu. Car, même dans un tel lieu, la vie triomphe toujours, exubérante, joyeuse et foisonnante. De quoi vous faire aussitôt oublier le ciel gris du jour, le vent qui tourne les pages du cahier et la pluie qui efface l’encre des mots écrits à la volée.
«Jean, dis-moi quels sont ces oiseaux qui chantent ?» Jean tend l’oreille, ce qu’il fait d’ailleurs depuis notre arrivée sur site. «Là-bas, dans le champ, il y a un faisan et des alouettes des champs. Dans le petit bois, se trouvent un pivert, un pinson des arbres et un pouillot véloce. Juste à côté de nous, des mésanges charbonnières, mais aussi des troglodytes mignons, une fauvette à tête noire et un pigeon colombin», répond-il, tout en imitant chaque chant pour m’aider à les distinguer.
Comment s’y retrouve-t-il et où a-t-il appris tout cela ? «Le mari de ma nourrice était agriculteur. Il m’emmenait dans les champs pour me faire écouter les oiseaux. C’est lui qui m’a appris à les reconnaître. Et, moi, je m’amusais à les imiter», raconte Jean. Mais le vrai déclencheur de cette passion naissante est le vol d’une troupe de goélands sur le chemin de retour de l’école. «J’ai poussé un cri. Les goélands ont changé leur trajectoire et m’ont survolé. C’était magique», se souvient-il. Il n’a même pas dix ans.
Au même âge, Johnny se passionne pour les oiseaux. «J’étais obsédé par eux, par leur forme et, surtout, par leur vol. Au début, je les dessinais. Puis, j’observais mon père qui passait son temps dans le jardin à imiter le merle. Je me suis alors entraîné à faire comme lui, sauf que moi je sifflais avec les doigts alors que lui sifflait avec la bouche. Une fois prêt, j’ai imité le merle devant lui. Je crois que, ce jour-là, mon père a eu le souffle coupé. En fait, le premier oiseau que j’ai imité, c’était mon père. C’est comme cela que ça a commencé pour moi», dit-il.
Son premier concours de chants des oiseaux, il y participe grâce à Jean, de deux ans son aîné, qui l’inscrit d’office au concours organisé par le Festival de l’oiseau et de la nature, à Abbeville. Ce qu’il sait de Jean ? Que c’est le fils du pharmacien du village et qu’il vient souvent chez lui demander conseil à son père pour imiter le chant des oiseaux. Des conseils que le petit Johnny écoute de loin, mais dont il ne perd pas une miette. Dès lors, ces deux-là vont se croiser sur des concours, souvent concurrents, mais jamais ennemis. Plus encore, cette passion, surgie en eux de deux sources différentes, va être à l’origine d’une aventure commune : les chanteurs d’oiseaux.

De la Baie de Somme aux portes du monde
Avant de voler de leurs propres ailes et de s’adonner pleinement à leur passion, ils bouclent leurs études supérieures. Ce sera pharmacie pour Jean et école d’ingénieur dans l’agroalimentaire pour Johnny. Mais, tout au long de leurs études, ils flirtent à répétition avec leur violon d’Ingres, en accompagnant des sorties nature et en montant quelques spectacles autour des chants d’oiseaux. Pour ce faire, ils prennent aussi des cours de théâtre. Jean suit même une formation de guide nature. Petit à petit, ils greffent à leurs spectacles et sorties des musiciens. «On a bidouillé ainsi pendant cinq à six ans jusqu’à notre rencontre avec Jean-François Zygel, en 2006, au festival des forêts, à Compiègne», indique Jean. Le pianiste et compositeur de talent cherche à intégrer dans sa composition des chants d’oiseaux, en s’appuyant sur des sons électroniques. Insatisfait du résultat, il demande au directeur du festival s’il connaîtrait des chanteurs d’oiseaux. Depuis, ils font un concert avec lui tous les ans.
Juste avant Compiègne, la rencontre avec Pierre Fleury, président aujourd’hui de leur association, les aide à mieux structurer leur démarche artistique. Des rencontres, il y en aura d’autres : Yannick Jaulin, Patty Hannock, Pierre Hamon, Esteban Aldivia, etc. Conteurs et musiciens deviennent des partenaires à chacun de leurs spectacles, plus encore, des sources d’inspiration. Leur notoriété grandissant, ils présentent leurs spectacles aux quatre coins de la France, comme du monde. Comme les oiseaux migrateurs, ils «volent» d’un lieu à l’autre, mais en avalant des kilomètres de bitume.
Entre deux spectacles, Johnny s’adonne aussi au théâtre et au cinéma. Jean, lui, quitte rarement le ciel des yeux. Mais comme ces oiseaux, joliment appelés les inséparables, ces deux-là ne se perdent jamais de vue. «On se complète parfaitement, malgré ou plutôt grâce à nos différences», dit Jean. «Ce qui fait aussi notre union, c’est que l’on peut s’engueuler très fort, avoir des différends et des conflits, mais, au final, on trouve toujours un terrain d’entente sur les choix artistiques que l’on arrête», ajoute Johnny. Jean, selon ce dernier, est «le naturaliste, au plus près de l’imitation du chant de chaque oiseau alors que moi je recherche plus la beauté et la virtuosité du chant. En fait, je veux aller plus loin que l’oiseau. Je suis plus dans la théâtralité et la dramaturgie». Jean est cependant sa «source. C’est un livre ouvert auprès duquel j’apprends toujours». De Johnny, Jean a appris à ne pas avoir peur de déformer un peu le chant des oiseaux et à se laisser porter par l’improvisation. Mais quelles que soient leurs différences, l’un comme l’autre, une fois sur scène ou dans la nature, n’ont qu’une idée en tête : être oiseau dès qu’ils se mettent à chanter.
Rêveraient-ils de voler comme l’objet de leur désir ? Non. Ce qui les fait voler, c’est le chant des oiseaux. «Le chant des oiseaux, c’est de la poésie qui fait lever les yeux au ciel. C’est une saison, un paysage, une peinture, un orchestre. Les écouter renforce la sensation d’être vivant et présent au monde. C’est, peut-être aussi, un peu, un refuge d’enfant», avoue Jean. «Etre un oiseau sur scène, rien que cela, c’est beau», ajoute Johnny.
Ces drôles d’oiseaux viennent d’imaginer un spectacle autour de la Grande Guerre, puis un autre alliant musique du monde et chants d’oiseaux. Aucune frontière, géographique ou temporelle, n’interrompra leur vol. Alea jacta est.

Plus d’info : www.chanteurs-oiseaux.com

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