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Commerce international
La farine, un marché stratégique pour la sécurité alimentaire

La Turquie, le Kazakhstan et l’Égypte sont les trois piliers du marché mondial de la farine très restreint de 12 Mt éq blé.

En France, les deux tiers de la farine commercialisée chaque année (330 000 t) sont vendus en Union européenne. Seules 60 000 t sont expédiées vers des pays tiers.
© Pexels

Trois pays pilotent le marché mondial de la farine en réalisant près de la moitié des transactions commerciales. Il s’agit de la Turquie, du Kazakhstan et très récemment, de l’Égypte. Mais seules 12 millions de tonnes équivalent blé (Mtéq blé) de farine sont exportées dans le monde alors que 440 Mt de farine sont fabriquées chaque année. Leader de ce marché, la Turquie a développé une industrie performante et moderne, avec des coûts de production peu élevés, tournée vers l’exportation, selon Sébastien Abis de l’Iris. 

Investissements massifs
La position géographique du pays est un atout commercial stratégique. Ses débouchés sont ses voisins frontaliers en conflit et les programmes d’aide alimentaire au Moyen Orient (Syrie, Irak, Yémen) et en Afrique (Soudan par exemple). Jusqu’au mois de juin 2023, les cinq-cents usines turques avaient la possibilité d’importer du blé au prix mondial, exempté de droits de douane, s’ils exportaient l’intégralité de la farine produite à partir de cette céréale importée. Depuis, le gouvernement d’Ankara a décidé de taxer ces importations pour inciter les industriels à se fournir sur le marché national. Mais ces derniers ont renoncé à produire de la farine à perte en attendant la réouverture des importations de blé à des cours mondiaux. Aussi, la production de farine destinée à l’export s’est effondrée. Par ailleurs, «la Corne de l’Afrique, où la farine de blé est un aliment de base essentiel, assiste à une révolution commerciale». 
Longtemps dominé par la Turquie, le marché voit désormais l’Égypte émerger comme le principal fournisseur de farine de blé dans la région, analyse Vivafrik. Les exportations égyptiennes se sont majoritairement dirigées vers le Soudan (60 % des cargaisons), mais également vers l’Érythrée, la Somalie et Djibouti. Durant la campagne commerciale 2023/2024, l’Égypte a exporté un volume record de 1,5 Mtéq blé de farine à l’export, soit trois fois la moyenne des cinq dernières années. «En une décennie, les investissements massifs dans les infrastructures de meunerie ont considérablement augmenté les capacités de transformation de l’Égypte. La disponibilité de blé à prix compétitif, notamment en provenance de la Russie et de la région de la mer Noire, a permis aux minotiers égyptiens de produire à moindre coût et de se positionner comme des acteurs incontournables sur les marchés internationaux», souligne le site Vivafrik.com. Mais pour approvisionner ses moulins, l’Égypte (12,3 Mt – source CIC*) est redevenue le premier pays importateurs au monde devant l’Indonésie (11,4 Mt-source CIC).

La France n’exporte plus
L’Allemagne, la Belgique et l’Italie font partie des dix principaux pays exportateurs de farine de blé dans le monde. Mais leurs échanges commerciaux sont essentiellement intra-européens. Les ventes européennes vers les pays tiers ne portent que sur 460 000 t équivalent blé de farine, selon la Commission européenne. «En 2023, les expéditions européennes à destination de l’Afrique se sont encore repliées de 25,3 %, principalement vers l’Afrique australe (- 39,5 %). L’Angola qui figurait historiquement parmi les principaux acheteurs de cette zone, a développé son industrie meunière et est devenu quasi autosuffisant», mentionne une étude d’Agreste. 
En France, les deux tiers de la farine commercialisée chaque année (330 000 t) sont vendus en Union européenne. Seules 60 000 t sont expédiées vers des pays tiers et 30 000 tonnes sont dédiées à l’aide alimentaire. Notre pays n’exporte plus, comme il y a encore une vingtaine d’années, de la farine en Afrique francophone car les pays se sont dotés là-aussi de moulins. Au Kazakhstan, le même scénario s’est produit. Ces deux dernières années, l’industrie meunière a fabriqué 3,06 Mt éq de blé et seigle-blé de farine pour en exporter un peu moins de 1,5 Mt, rapporte APK-Inform. Mais elle doit rechercher de nouveaux marchés car l’Ouzbékistan et le Tadjikistan ont dorénavant les moyens de fabriquer leur propre farine. 

* Conseil international des céréales

Boulangerie : accord entre le belge Vandemoortele pour le rachat de Délifrance
Le groupe agroalimentaire belge Vandemoortele va racheter la filiale Délifrance, spécialisée dans la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie (BVP), du groupe coopératif céréalier français Vivescia, annonce un communiqué du 28 mars. Un accord de principe a été signé entre les deux entités. La transaction effective serait prévue pour cette fin d’année 2025, les détails juridiques devant encore être finalisés. Délifrance constitue un poids lourd de la BVP européenne. Il dégageait au 30 juin 2024 un chiffre d’affaires de 930 millions d’euros (M€), via 14 sites industriels et 3 200 collaborateurs, écoulant ses produits sur le marché européen, mais aussi asiatique. De son côté, Vandemoortele représente également un leader du secteur, détenant 28 sites de production, pour 3 500 salariés. Le groupe belge vend ses produits aux clients européens et états-uniens. L’opération permettrait de créer un acteur «de premier plan à l’échelle mondiale», avec un «chiffre d’affaires projeté de 2,4 milliards d’euros», explique le communiqué. De son côté, Christoph Büren, président de Vivescia a déclaré que «ce choix s’inscrit dans le cadre des réflexions stratégiques Vivescia 2030, conduites depuis 18 mois».

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