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La sécheresse et la canicule font souffrir l’agriculture

Si les conditions climatiques ont des conséquences sur la vie de tous les Français, elles sont particulièrement pénalisantes pour l’agriculture française. Cultures et troupeaux souffrent des températures élevées et du stress hydrique.

© Jérôme Chabanne

Cette année, la météo a été capricieuse, fortes pluies au printemps et canicule en juillet et août. Les fortes chaleurs font d’ailleurs la une de tous les journaux. Elles ont eu des conséquences néfastes pour l’agriculture française : troupeaux et cultures en souffrent. La chaleur entraîne une diminution des rendements et le stress hydrique pénalise des productions, comme la culture du maïs. «Le printemps a été délicat. Il a plu énormément jusqu’au mois de mai, ce qui a retardé la récolte des fourrages qui étaient de qualité moyenne. Derrière, il n’y a eu aucune repousse, car il n’y a pas eu une goutte d’eau. Nous ne pourrons donc pas faire de deuxième coupe», déplore Pierre-Édouard Millot, éleveur en Haute-Saône.
Même constat pour Olivier Hugueny, éleveur dans le même département. «Depuis la première semaine de juin, il n’est tombé que 10 mm d’eau. L’herbe ne pousse plus. Tout est jaune dans nos campagnes», s’inquiète-t-il. «L’irrigation ne suffit plus», «Plus de verdure dans les campagnes»… Voici des exemples de ce que l’on peut lire sur Twitter ces derniers jours.
L’inquiétude des agriculteurs est aussi perceptible en ligne. Sur les réseaux sociaux, les témoignages d’Agritwittos de tout le territoire se multiplient. La canicule, qui touche actuellement soixante-sept départements, s’accompagne en effet d’une importante sécheresse. Trente-neuf départements ont été placés en alerte sécheresse. Dans dix départements, tous les prélèvements d’eau non-prioritaires, y compris pour l’agriculture, sont interdits. Dans les vingt-neuf autres, les restrictions ne concernent que les particuliers.

Compenser le manque de nourriture
Par manque de nourriture pour leurs animaux, les agriculteurs, notamment les éleveurs, doivent trouver des solutions. «Nous sommes obligés de taper dans nos stocks de fourrage pour l’hiver, confie Pierre-Édouard Millot. Mais nous allons devoir trouver des solutions pour ne pas être à court, nos silos sont déjà bien entamés…». Comme Olivier Hugueny, il a commencé à acheter des fourrages à l’extérieur. Cependant, ces achats ont un prix, d’autant plus que l’éleveur est en agriculture biologique. «S’il n’y a pas beaucoup de fourrages chez nous, j’imagine que c’est la même chose ailleurs, et cela se ressent sur les prix», note-t-il.
La chaleur a également des conséquences sur la production des deux éleveurs laitiers de Haute-Saône. En raison des températures élevées, les vaches passent en effet moins de temps à se nourrir. Sur les deux exploitations, on compte en moyenne une diminution du rendement de deux à quatre litres par vache. Les pertes sont difficiles à évaluer sur le long terme, mais Olivier Hugueny estime que la sécheresse lui a, pour le moment, couté au moins 15 000 €, sans comptabiliser les pertes de production.
Dans le Grand-Ouest aussi la nourriture fait défaut. En Mayenne par exemple, les 600 000 bovins manquent de nourriture, conséquence directe de la sécheresse, mais aussi de l’augmentation des prix. «Dans notre département, nous sommes nombreux à avoir des contrats avec nos coopératives. Il se trouve qu’en raison de la sécheresse, mais aussi de la spéculation sur la paille, ces contrats ne seront pas honorés», s’insurge Philippe Jehan, président de la FDSEA 53. Les éleveurs de Mayenne ont donc contractualisé avec un opérateur privé afin d’obtenir de la paille à un prix variant entre 85 et 90 e la tonne.

«Ne pas spéculer sur la paille»
Le président de la FDSEA en appelle à la raison pour empêcher la spéculation sur la paille et contrer la concurrence déloyale de pays, eux aussi victimes de la sécheresse, qui viennent acheter de la paille française à des prix élevés. Dans de nombreux départements, des opérations paille sont organisées. Les producteurs les plus chanceux font ainsi preuve de solidarité envers leurs collègues touchés par la sécheresse. Sur les marchés mondiaux, c’est le prix du blé que la sécheresse fait flamber. Il a franchi la barre des 200 € la tonne en juillet, les cours du blé étaient en hausse de 6 % le 3 août, après avoir frôlé les 220 € le 2 août à 219,75 €. Ce pic n’avait pas été atteint depuis 2014.
La sécheresse et la canicule ne touchent pas que la France, mais une grande partie de l’Europe. Des températures élevées ont été observées en Suède, 15°C au-dessus des normales saisonnières. En Allemagne, la récolte des céréales devrait baisser de 20 %. Les agriculteurs ont d’ailleurs réclamé des mesures exceptionnelles au gouvernement, qui peine à leur répondre. Pour accompagner les producteurs européens, l’Europe a annoncé que les agriculteurs pourront toucher en avance jusqu’à 70 % des paiements directs et 85 % des fonds de développement rural.
Si la FNSEA «salue» cette décision, elle souligne que «les conditions climatiques ne pourront pas permettre d’envisager du travail au sol, ni de réaliser des semis dans de bonnes conditions». Ceci conduit les agriculteurs «soit à se mettre dans l’illégalité vis-à-vis des obligations de verdissement, soit à réaliser des semis administratifs en pure perte», poursuit l’organisation. Elle demande donc «une dérogation à l’implantation des Cipan et SIE sans préjudice sur le paiement vert, ainsi qu’une reconduire de l’ATR (avance de trésorerie remboursable) à hauteur de 90 % des aides Pac en raison de la fragilité des situations économiques des exploitations».
Lundi 6 août, en fin de journée, une source proche du dossier a affirmé que le ministère de l’agriculture avait répondu à la FNSEA. Ce dernier a indiqué que «concernant les dérobées, qui comptent pour les SIE, les agriculteurs doivent les semer. Si les semis ne poussent pas les producteurs devront envoyer un courrier à la DDT pour signaler un cas de force majeur».

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