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L’agriculture peut-elle surfer sur le tsunami qui arrive ?

Le 16 mars, la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France se réunissait en session, à Amiens. Au menu : une conférence de Jean Staune sur «Les clés du futur : comment s’adapter aux révolutions en cours et à l’arrivée d’un monde à la fois global et local».

De g. à dr. : Luc Maurer, directeur de la Draaf, Michel Lalande, préfet de Région, Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de Région en charge de l’agriculture.
De g. à dr. : Luc Maurer, directeur de la Draaf, Michel Lalande, préfet de Région, Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture, et Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de Région en charge de l’agriculture.
© F. G.


Décembre 2004 : Phuket, en Thaïlande. Un tsunami s’abat sur la plage, détruisant tout sur son passage. Quel est le point commun entre Phuket et l’agriculture dans les Hauts-de-France ? Aucun, de prime abord. «Beaucoup d’entreprises et beaucoup de jobs sont déjà morts avec les nouvelles révolutions en cours et l’arrivée d’un monde à la fois global et local. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’on peut surfer sur un tsunami. Autrement dit, il n’y a jamais eu autant d’opportunités, mais les risques sont forts», lance en introduction le conférencier Jean Staune, invité par la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, le 16 mars dernier, à Amiens.
Le tsunami en question s’apparente à une déferlante de révolutions (conceptuelle, technologique, sociétale, économique et managériale) introduisant des changements à vive allure dans un monde de plus en plus complexe, où la concurrence fait rage, la volatilité devient le principe même des marchés et les interactions se développent à l’échelle planétaire. Prévoir dans un tel monde devient donc mission impossible.
Et si l’on est en crise aujourd’hui, «c’est notamment parce que l’on continue à manager comme on l’a toujours fait. Sauf que le monde ne fonctionne plus comme avant», indique le conférencier.

Quelles options pour l’agriculture ?
Dans l’agriculture, il en va de même. La révolution technologique est déjà en marche avec ses drones, ses capteurs, ses robots, ses GPS et tous ses objets connectés. Demain, il n’y aura plus besoin de conduire son tracteur dans les champs. Cela se fera dans son bureau, derrière son ordinateur. Les prototypes existent déjà. Idem pour le suivi des cultures, les apports d’azote, etc. Certaines pratiques sont, certes, déjà connues, mais d’autres nouveautés viendront bouleverser la donne. Cela signifie-t-il pour autant que l’agriculture de demain se fera sans les agriculteurs ?
Non, bien sûr. Mais le temps d’une production céréalière ou autre, couplée avec de l’élevage, ne suffira plus. D’autant avec le développement des pratiques de consommation paire à paire (circuits courts), les nouvelles formes de production telles que l’agriculture urbaine, les objets connectés et la blockchain, qui pourrait aussi révolutionner les pratiques dans l’agriculture.
Mais «les opportunités existent», insiste Jean Staune. Et de citer les smart grids, ces réseaux d’électricité qui, grâce à des technologies informatiques, ajustent les flux d’électricité entre fournisseurs et consommateurs. Là où l’agriculteur peut intervenir demain, c’est en se lançant dans la production d’électricité, comme de gaz, via la méthanisation. Des pratiques déjà en cours, au demeurant, mais qui, selon le conférencier, doivent se développer, ainsi que le photovoltaïque. Autrement dit, si l’agriculteur veut encore être là demain, il devra être producteur de cultures, de lait, de pommes de terre, etc., mais aussi d’énergies renouvelables, comme être capable d’être présent à la fois à l’échelle du monde et du local. Avec pour seul mot d’ordre : agilité et flexibilité.
Ainsi, dans les Hauts-de-France, même si l’agriculture dispose d’un fort potentiel, «au vu des enjeux qui nous attendent, il faut aller au-delà de nos productions historiques et conquérir de nouveaux marchés», dit Christophe Buisset, président de la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France. Parmi les axes majeurs à développer demain : la bio-économie, la chimie du végétal, la méthanisation ou encore les énergies solaires. Sans oublier les circuits courts et l’agriculture biologique, qui remportent de plus en plus les faveurs des consommateurs.
«Il nous faut être sur tous les marchés, réinventer nos modèles, réinvestir et nous approprier toute l’innovation», ajoute-t-il. Mais pour qu’il en soit ainsi, le soutien de l’Etat et de la Région sont indispensables, selon lui. «L’agriculture, conclut le président de la chambre régionale, c’est l’affaire de tous.»

5 révolutions
- Révolution conceptuelle : elle est liée à la multiplicité des interactions dues à l’Internet, rendant le monde plus complexe et en mouvement perpétuel
- Révolution technologique : outre l’Internet de la communication, c’est aussi l’Internet des objets connectés, celui des objets fabriqués et celui de l’énergie
- Révolution économique : en lien avec la blockchain, les financements participatifs, une volatilité des marchés accrue
- Révolution sociétale : le passage de l’avoir à l’être
- Révolution managériale : le management pyramidale n’a plus de sens dans le monde tel qu’il est. Il doit être ouvert et collaboratif.

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