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Lait : être bon techniquement

Face à la conjoncture, les éleveurs laitiers vont devoir travailler leurs résultats techniques. Voici quelques éléments clés pour y parvenir.

Une cinquantaine de personnes a participé à la réunion.
Une cinquantaine de personnes a participé à la réunion.
© AAP

Comme chaque année, le CERfrance Somme a organisé à Flixecourt une réunion pour présenter les résultats économiques et financiers des exploitations laitières et également des exploitations bovins viande, nouveauté de cette année.
Pour ce qui est du contexte laitier et des perspectives de la filière, depuis deux ans, la collecte laitière est extrêmement dynamique. «Elle a progressé de trois millions de tonnes pour les Etats-Unis, huit millions de tonnes pour l’Europe et de deux millions de tonnes en Nouvelle-Zélande. A l’inverse, les exportations diminuent. Les Chinois souhaitent consommer leur stock. Ils ont donc baissé leurs importations de poudre de lait de 24 % sur huit mois. Les exportations de produits laitiers de l’Europe vers la Russie se sont également effondrées : elles ont été divisées par dix avec l’embargo russe», a précisé Sébastien Daguenet du CERfrance Somme.
Et de poursuivre : «Pour les six mois à venir, il y a peu d’indicateurs de hausse de prix, car les stocks sont élevés.» Aujourd’hui, le prix du lait ne couvre pas le coût de revient chez la très grande majorité des exploitants, et donc la main-d’œuvre n’est pas rémunérée.

Des charges de structure à la baisse en 2015
Les charges de structure, présentées dans le tableau 1, n’ont cessé d’augmenter depuis 2006, excepté en 2015 où une baisse s’observe. Celle-ci s’explique par la diminution des cotisations MSA en moyenne de 20 % et des frais d’entretien qui ont baissé de 5 % entre 2014 et 2015.
Au niveau de la situation financière, les trésoreries se dégradent. L’endettement des élevages a tendance à baisser depuis 2006, mais le poids des annuités (annuités/EBE) augmente. Et la performance économique, qui se traduit par le ratio annuité/EBE, a également baissé.

Des écarts de marges importants
«Avec un volume moyen de 500 000 litres de lait, une baisse du prix du lait de 40 euros les 1 000 litres représente une perte de 20 000 euros pour une exploitation», a chiffré Pascal Bouchart du CERfrance Somme. Les calculs de la marge brute (voir tableau 2) cachent de grosses disparités puisque 25 % des éleveurs ont une marge brute inférieure à 145 euros les 1 000 litres et 25 % ont une marge brute supérieure à 280 euros les 1 000 litres.
Une progression est donc possible pour certains exploitants. Selon Pascal Bouchart, «les meilleures marges se font d’abord par le coût alimentaire, et surtout le concentré. Il est essentiel que les éleveurs se demandent comment les vaches valorisent ce qu’elles mangent et qu’ils calculent régulièrement leur coût alimentaire en calculant le coût de la ration sur le lait produit par vache. Si ce dernier a tendance à augmenter, il faut en chercher la cause». L’utilisation des coproduits peut également être un levier d’amélioration du coût alimentaire.
Autre point pour améliorer la marge brute : le produit viande. Ce dernier dépend de la mortalité, notamment des veaux et, par conséquent, de l’état sanitaire de l’élevage. «Si la mortalité est faible, il y a des génisses de renouvellement et donc les réformes peuvent être vendues et cela évite d’acheter des animaux qui pourraient apporter des problèmes sanitaires», a souligné Sébastien Daguenet.
Le prix du lait impacte bien évidemment la marge brute et la date de clôture cette année peut changer pas mal de choses. Le principal élément qui fixe le prix du lait et le cours mondial. «Il est important de connaître la stratégie de sa laiterie ainsi que ses marchés», a rappelé Sébastien Daguenet. L’autre facteur qui influence le prix du lait payé au producteur est la qualité du lait. Elle est la conséquence de l’état sanitaire et de l’hygiène de traite. «Les exploitants doivent également se demander à quel prix ils produisent leur volume B en calculant le coût marginal que cela représente. Et, en fonction du coût, voir si c’est rentable d’en produire ou non», a-t-il rajouté. A savoir que la taille de l’élevage n’a pas d’impact sur les résultats : «toutes les tailles de troupeau peuvent créer de la marge», a souligné, de son côté, Pascal Bouchart.

Réagir face à la conjoncture
Pour faire face à la mauvaise conjoncture, il existe différents leviers. «Le premier est de connaître ses résultats, savoir se situer par rapport aux autres, suivre ses chiffres tout au long de l’année, a insisté Sébastien Daguenet. Il faut savoir anticiper à l’aide d’un budget de trésorerie. Quand la trésorerie n’est plus là, il faut rencontrer la banque et demander un court terme ou moduler, voire suspendre les échéances. Il est également possible de restructurer l’endettement.» Il ne faut pas hésiter à discuter avec les fournisseurs. Il faut également penser à décapitaliser en vendant les vaches peu productives.
Avec la fin des quotas, la volatilité du prix du lait s’est accrue, il est donc nécessaire de contrôler si la stratégie d’exploitation est toujours en phase avec la campagne en cours et l’ajuster en fonction du contexte et de l’environnement.


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