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Le houblon de la Noye livre ses saveurs dans les bières samariennes

Depuis 2017, la famille Tabuteau produit du houblon bio à Chaussoy-Épagny. La récolte avait lieu cette semaine, et sera transformée dans les brasseries locales. 

Une fois le petit pont de bois traversé, on a l’impression d’être en Amazonie. Dans cette parcelle d’1 ha, nichée au milieu des marais de la Noye, à Chaussoy-Épagny, des lianes de 6 mètres de haut y poussent à merveille. Il s’agit de la houblonnière de la Noye, créée en 2017 par la famille Tabuteau. Un projet de diversification ambitieux pour l’exploitation de céréales, lin, pommes de terres fécules et betteraves. Cette semaine, l’heure était à la récolte du houblon. 

«Un jour, nous sommes allés à un festival à Amiens. Avec mon mari, nous nous sommes allongés dans des hamacs, au parc Saint-Pierre, et nous avons admiré le houblon qui y pousse. Ça nous a donné l’idée d’en produire, et toute la famille a été emballée par le projet», raconte Véronique Tabuteau. Le verger abandonné s’avérait l’endroit idéal. «Le houblon, plante pérenne de la famille des Cannabaceae, aime les terrains humides», précise Quentin Tabuteau. 

Même dans des conditions idéales, la culture de cette plante s’avère très chronophage. Il a d’abord fallu installer la houblonnière : préparer les rangs, installer les poteaux de la structure, tendre les câbles, et planter les plants de Challenger, Cascade et Golding. Ces trois variétés ont été choisies pour leur bonne résistance aux maladies, puisque la houblonnière est menée en agriculture biologique. Chaque année, il faut installer les tuteurs, des cordes de coco bio. La pousse démarre au printemps, et le travail consiste alors en la mise au fil, soit enrouler la plante autour de son tuteur. «Elle doit absolument s’effectuer dans le sens des aiguilles d’une montre, sinon, ça ne pousse pas», note Véronique. Les exploitants peuvent compter sur la précieuse main-d’œuvre d’un Esat (établissements ou services d’aide par le travail) d’Amiens pour cela. 

 

Séparer les cônes du reste

En cette deuxième semaine de septembre, douze personnes, famille, amis, étudiants et brasseurs, s’activaient à la récolte. Celle-ci s’avérait plutôt bonne. «C’était une année délicate, car humide. Le houblon est sensible au mildiou. La plante a aussi manqué de luminosité. Mais le résultat n’est pas si mal», commente Quentin Tabuteau. Trois équipes ont été formées. La première est à la houblonnière, pour couper les tuteurs en bas et en haut, depuis une nacelle, et poser les lianes sur les remorques. La deuxième achemine le tout vers l’exploitation, où la troisième équipe s’active. Le houblon est placé dans la récolteuse, munie de rouleaux de battage, qui séparent les cônes du reste de la plante. La matière verte servira au compost, et les cônes sont placés dans le séchoir. «Il est composé de quatre niveaux. Les cônes descendent d’un niveau toutes les deux heures. En huit heures, ils passent de 80 % à 14 % d’humidité», précise Paul Decoëne, membre de la famille.  L’alimentation du séchoir est physique. «En trois ou quatre jours, je perds les kilos que j’ai cumulé à cause de la bière», plaisante-t-il. 

 

La lupuline, l’arôme des bières 

Ces cônes renferment une précieuse poudre jaune nommée lupuline. «C’est elle qui transmet l’arôme et l’amertume à la bière», assure Antoine Farcy, à la tête de la brasserie à la Noye, à Quiry-le-sec, à 3 km. Chaque année, le brasseur prête main forte pour la récolte. La houblonnière de la Noye a d’ailleurs été le déclic de son projet. «Je voulais produire une bière bio, mais trouver du houblon bio français n’est pas évident. Cette activité était l’opportunité rêvée.» 

La production de Chaussoy-Épagny (entre 1 et 1,5 t de matière sèche par an) a largement de quoi combler les besoins d’une quinzaine de brasseries locales, toutes situées à moins d’une heure de trajet. «On compte environ 500 g de houblon pour 100 l de bière», détaille Antoine Farcy. Ainsi, l’Avale Quiry, blonde, typée abbaye, à la coriandre et aux écorces d’oranges amères, la Pale amère à boire, blonde houblonnée type IPA anglaise, ou encore la S’tout une histoire, noire, type stout irlandais, sont toutes sublimées par le houblon bio local. 

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