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Des pratiques de pâturage qui améliorent la qualité des herbages»

Clément Coussement, 35 ans et installé en 2015 en élevage laitier conventionnel à Villers-sur-Auchy dans l’Oise, s’est converti depuis son installation au pâturage tournant dynamique. 

«À mon arrivée, la ferme comprenait 50 ha de prairies naturelles et 23 ha de maïs ensilage. J’ai augmenté le nombre de vaches et ma référence laitière de 200 000 l en continuant la même alimentation que mes prédécesseurs, mais les ennuis ont commencé avec la baisse du prix du lait : mon premier exercice était catastrophique», concède le jeune exploitant. Il prend les choses en main, rejoint un groupe d’éleveurs du Cernodo, (petite région agricole) groupe de développement. «J’ai alors constaté que celui qui avait la meilleure marge, et c’est bien ce critère qui doit guider les choix, avait une exploitation herbagère (tout herbe). J’ai alors décidé de réduire au maximum mes charges et suis allé en Bretagne et en Angleterre où (ils nourrissent) j’ai visité une exploitation de 500 vaches qui pâturaient 5 ha par jour, pour voir comment mettre en place ce système sur ma ferme.»

Clément Coussement arrête le maïs ensilage, sème tout en herbe, avec un succès mitigé à cause des sécheresses et commence à introduire des Kiwis (croisement entre Frison et Jersiais) à la place des Holstein car plus adaptées à une alimentation tout à l’herbe. Résultat : des charges en chute libre, moins de problèmes sanitaires et la décision de se convertir au bio pour récupérer un meilleur prix de vente. «Avec le pâturage, j’étais presque dans les clous du cahier des charges bio, alors j’ai précipité la conversion, d’autant plus que j’étais en projet de vendre une partie de mon lait à Jean-Marie Beaudouin pour fabriquer ses fromages, le reste est collecté par Sodiaal», reconnaît-il.

 

Sa méthode

Clément Coussement n’est pas complètement dans la logique du pâturage tournant dynamique. «J’ai un peu tâtonné au début mais, maintenant, ma technique est éprouvée. Mes parcelles sont adaptées aux éléments du paysage, haies, ruisseau, mare, plus qu’à une surface théorique et je les divise en paddocks avec un fil que je bouge à chaque traite.» Il choisit de donner une herbe à environ 10-12 cm, hauteur mesurée à l’herbomètre, plus haute que dans le cadre du pâturage tournant dynamique où l’herbe est pâturée plus jeune, à 9 cm, avec souvent une complémentation. Son objectif est de ne presque pas complémenter entre mars et octobre. Pour cela, il faut adapter ses pratiques pour maximiser le pâturage et notamment des stocks sur pied et/ou de l’affouragement en pâture.

Après un premier tour de déprimage sur l’ensemble des parcelles, Clément Coussement organise ses tours de pâturage plus ou moins rapidement selon la pousse de l’herbe. Il fauche le surplus de production en enrubannage ou ensilage, des coupes de gestion du pâturage.  «Je laisse surtout le temps à l’herbe de repousser si les conditions sont favorables, quitte à devoir acheter du fourrage en cas de sécheresse. L’idée est de tout mettre en œuvre pour avoir un maximum d’herbe et donc un maximum de lait.» L’herbe peut ainsi repousser pendant vingt et un jours au printemps ou pendant cent jours en cas de sécheresse estivale.

Produire du lait à l’herbe ne lui coûte pas cher et, pour la valoriser, il s’astreint à mesurer toutes les semaines la pousse avec un herbomètre pour adapter la surface à pâturer en fonction de la nature du sol, de la flore présente, des conditions météorologiques. «Je constate que si le pâturage est bien mené, la qualité des parcelles s’améliore et inversement. Au printemps, après un passage sur toutes les parcelles, certaines sont fauchées puis pâturées l’été pour allonger la rotation. Les 50 ha accessibles permettent d’utiliser de 30 ares par VL en pleine pousse à 60 ares l’été.»

Il a gardé un parcelle parking à côté de la salle de traite, en cas de pousse insuffisante, qu’il n’a jamais eu à utiliser, elle servira en cas de forte sécheresse.

Au final, l’éleveur s’en sort bien mieux qu’avant et a gagné en autonomie alimentaire, avec un EBE de 1 900 €/ha pour des annuités à 1 000 €/ha. «Ma méthode de pâturage tournant dynamique m’apporte beaucoup d’avantages, sur le plan de la santé du troupeau, le temps de travail et sur le niveau de charges. Mon taux de renouvellement est assez bas, à environ 20 %, et me libère du temps pour d’autres activités. Bien organiser la gestion de mes prairies m’a demandé au départ de créer un chemin de desserte, d’avoir des clôtures bien entretenues et des abreuvoirs de qualité, mais je pense avoir trouvé la méthode qui me convient. À chacun de trouver la sienne en n’hésitant pas à rencontrer d’autres éleveurs et à se former», conclut-il avec un sourire.

 

L'avis d'expert de 

Christelle Récopé, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Oise

«Choisir le pâturage adapté à sa situation»

Beaucoup de formes de pâturage se sont développées : pâturage tournant, paddock, fil avant fil arrière, tournant dynamique, pâturer juste… Le pâturage est un moyen de nourrir économiquement le troupeau. Quel que soit le choix, il y a des règles de base à respecter : fauche des parcelles résiduelles s’il y en a, adaptation du troupeau aux surfaces en herbe, de la complémentation s’il en est question.

Le choix qui est privilégié dans cette exploitation, c’est de nourrir les animaux le plus économiquement possible. La réussite de cette action réside dans la méthode du choix de pâturage, et surtout dans ce que Clément accepte de mettre en place et de réaliser chaque jour sur la mise en place de son parcellaire. La production d’herbe théorique dans cette exploitation est de 8,4 t MS/ha.

Chacun peut engager une réflexion pour améliorer son pâturage, à condition de se poser la question : pour quel pâturage suis-je fait ?

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