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L’Insee pointe du doigt les atouts et les défis de la région

Economie maritime, logistique, activités numériques, services à haute valeur ajoutée… L’Insee a passé au crible les thématiques économiques des Hauts-de-France pour dresser un bilan.

Les ports départementaux, dont celui de Saint-Valéry-sur-Somme et du Crotoy, sont des acteurs de l’économie maritime.
Les ports départementaux, dont celui de Saint-Valéry-sur-Somme et du Crotoy, sont des acteurs de l’économie maritime.
© Florence Guilhem

Six millions d’habitants, 235 000 entreprises (hors secteur agricole), 2 180 000 emplois et 154 milliards d’euros de PIB… D’après une récente étude de l’Insee et du Secrétariat général aux affaires régionales (Sgar), les Hauts-de-France sont riches d’atouts, mais ont encore beaucoup de défis à relever pour devenir une puissance économique nationale.

Troisième région logistique française
Le premier atout : la position géographique stratégique de la région, proche de l’île-de-France, traversée par des autoroutes européennes, avec un réseau fluvial dense et les grands ports de Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque, qui favorisent les échanges nationaux et internationaux. «Elle se situe à la troisième place pour l’emploi dans la logistique, secteur stratégique de l’économie, derrière la Normandie et le Centre-Val-de-Loire», révèle l’étude. Trois activités sont particulièrement bien implantées : le stockage-entreposage (14 500 salariés, soit 16 % du total national), le transport routier de fret (33 000 salariés) et le conditionnement (2 900 salariés, soit 16 % du total national). En 2014, la logistique employait près de 89 000 salariés dans les Hauts-de-France, soit 4,8 % de l’emploi salarié régional.
Mais au moins deux éléments limitent le développement du transport routier de prêt : «la saturation des axes autoroutiers, notamment autour de Lille, et la pollution atmosphérique». Pour pallier ces problèmes, les activités de transport de fret ferroviaire et fluvial sont très développés. «La réalisation du Canal Seine-Nord Europe profiterait directement aux bassins du Nord-Pas-de-Calais et de la Seine et faciliterait les échanges entre l’Europe du Nord et les ports de Dunkerque, Le Havre et Rouen.»

Les ports portent l’économie maritime
26 600 : c’est le nombre d’emplois que génère l’économie maritime en Hauts-de-France, soit 1,2 % de l’emploi régional. Tourisme littoral (9 000 emplois), produits de la mer (5 100 emplois ; le port de Boulogne-sur-Mer est leader européen), transport maritime et fluvial (4 100 emplois), production énergétique (2 200 personnes travaillent à la centrale nucléaire de Gravelines) et intervention publique (1 900 emplois) sont les principales activités économiques que génèrent les 210 km de côte à la jonction de la Manche et de la Mer du Nord.
D’après l’étude, «les ports de Calais, à vocation transmanche, et de Dunkerque, aux trafics diversifiés, réalisent ensemble le quart du trafic maritime national». Les cinq ports départementaux de Gravelines-Grand-Fort-Philippe, Etaples, Le Crotoy, Le Hourdel et Saint-Valéry-sur-Somme participent aussi au développement économique. «Dans une bande de 15 km comprise entre la Baie de Somme et la frontière belge, au moins 4 % des emplois salariés résidents sont liés aux activités maritimes».

La structure des entreprises : un frein
D’après l’Insee, «entre 2008 et 2014, le chiffre d’affaires des 235 000 entreprises régionales, qui fournissent plus d’un million d’emplois en équivalents temps plein, s’est réduit de 12 % et décroche de l’évolution provinciale (- 2 %). La valeur ajoutée qu’elles dégagent s’est repliée de 8 %». Les recettes constituent un premier indicateur : celles-ci représentaient 184 Mde en 2011, elles s’élèvent, en 2014, à 166 Mde. Les exportations sont également en perte de vitesse : le taux d’exportation plafonne à 14 %.
L’étude explique que ces mauvais résultats «seraient liés à la structure d’activité régionale, qui demeure plus tournée vers le secteur secondaire, avec une moindre présence d’entreprises à haute valeur ajoutée comme les activités d’information et de communication». Autre frein : la priorité des entreprises régionales concerne la préservation de l’emploi. «Malgré la baisse de 8 % de la valeur ajoutée entre 2008 et 2014, la masse salariale a été réduite de seulement 3 % durant cette période.» Cela se répercute sur le résultat net. L’excédent de «3,6 Md€, soit 2,2 % du CA, situe la rentabilité financière des entreprises des Hauts-de-France au dernier rang des régions.»

La métropole lilloise : vivier d’emplois
En 2014, 37 000 personnes travaillent dans les activités numériques, soit 2 % de l’emploi salarié régional, et 176 000 autres sont employées dans les services à haute valeur ajoutée (SHVA), soit 9,5 % des salariés de la région. Pour ces deux secteurs, la majorité de l’activité est installée et se développe autour de la métropole lilloise. Un poste sur deux des SHVA, qui font appel à des niveaux de qualification élevés, sont même concentrés au sein de la métropole lilloise.
Le Nord concentre 70 % des effectifs du numérique de la région, principalement à Lille, Roubaix et Tourcoing. «La zone d’Amiens concentre l’essentiel des activités du numérique de la Somme (1 870 postes). Celles de Beauvais et de Boulogne-sur-Mer se distinguent avec un poids du numérique supérieur à celui de la région (2,3 %).»
En ce qui concerne les SHVA, les activités de «sièges sociaux de contrôle et de gestion» sont très présentes dans la région (12 % des emplois dans l’économie du territoire, contre une moyenne de 7,6 % en province).
Après Lille et Roubaix-Tourcoing, Arras est la troisième zone d’emploi avec 9,4 % des effectifs salariés dans les SHVA, soit 7 800 salariés. Amiens offre, elle, 8 % des effectifs de ce secteur, avec 11 000 emplois. Les SHVA sont un secteur plutôt dynamique, qui se développe fortement dans le Nord (+ 5,4 %) et dans le Pas-de-Calais (+ 5,4 %). Il est stable dans l’Oise, mais est en recul dans la Somme (- 2,3 %) et dans l’Aisne (- 4,8 %).

Economie influente, mais dépendante
Hormis l’Ile-de-France, notre région est celle qui exerce l’influence la plus forte sur les autres régions. Cela s’explique par la présence de nombreux sièges sociaux d’entreprises installés dans le territoire, principalement dans le commerce. Près d’un salarié sur quatre dépendant d’un centre de décision régional travaille hors de la région : 48 000 emplois en Ile-de-France, 20 000 emplois en Auvergne-Rhône-Alpes et
20 000 autres en Grand-Est.
Parallèlement, la région est très dépendante de l’extérieur, avec près d’un salarié régional sur deux qui dépend d’un centre de décision extérieure (538 000 emplois). Cette dépendance s’explique par la forte présence d’établissements de taille intermédiaire dans l’économie régionale. Elle traduit aussi l’attractivité de la région pour les investisseurs étrangers. Le premier pays partenaire est l’Allemagne, avec Arvato Services France et Lidl comme principaux centres de décision implantés dans ce pays, et 33 000 emplois de la région.

Et l’agriculture, dans tout ça ?

Notre région est la plus urbanisée après l’Île-de-France. Près de 90 % de la population vit dans une grande zone urbaine. Mais elle n’en est pas moins agricole au centre et à l’est. Les communes peu denses couvrent 85 % du territoire régional. C’est dans l’Aisne que réside la plus forte population vivant dans des espaces peu denses. «L’agriculture représente 2 % de la richesse créée dans la région en 2014. L’activité tend à se maintenir, mais on constate une diminution du nombre d’exploitations, et ces dernières sont de plus en plus grosses, comme partout en France, explique Jean-Christophe Fanouillet, directeur de l’Insee Hauts-de-France. Nous avons aussi des atouts dans ce domaine grâce aux débouchés dans l’agroalimentaire, par exemple. Nous sommes leader européen des pommes de terre en termes de tonnage.»


Un potentiel pour faire face aux défis

Pour l’Insee, la région joue un rôle économique majeur grâce à une industrie encore très présente et à un secteur tertiaire en plein développement. Son développement peut s’appuyer sur un réseau dense d’infrastructures de transport et sur une situation géographique privilégiée. Il s’agit de la plus jeune région des provinces : la moitié de ses habitants a moins de 38 ans. Elle est la troisième région d’accueil des étudiants, mais elle souffre d’un déficit de formation (le retard scolaire à l’entrée au collège touche 15 % des élèves contre 12 % dans les autres régions).
Le plus faible niveau de qualification de ses actifs et la moindre part des activités à haute valeur ajoutée sont un frein. La région est particulièrement confrontée au chômage (12,2 % au troisième trimestre 2016) et à la pauvreté (18,2 % des habitants vivaient en dessous du seuil de pauvreté en 2013), en raison de la difficile reconversion d’un tissu productif orienté vers les industries traditionnelles. Les disparités sociales entre les territoires sont marquées.
Pour le préfet des Hauts-de-France, Michel Lalande : «La région a encore des plaies à vif des crises économiques de 2008 et 2014. Pour relever les défis, nous devons travailler dans trois directions : la compétitivité dans les filières agricole et agroalimentaire ; conforter cette compétitivité en lien avec la troisième révolution industrielle ; et consolider l’action de service encore fragile. Enfin, nous devons nous positionner sur un enjeu majeur : l’innovation. Nos marges de progrès dans ce domaine sont énormes.»

 

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