Aller au contenu principal

Elevage laitier
Pourquoi le prix du lait français est l’un des plus faibles d’Europe

Les producteurs de lait sont les victimes de la bataille lancée par la grande distribution, avec le soutien tacite du gouvernement, pour limiter la hausse des prix à la consommation. Or leurs charges évoluent en fonction des cours mondiaux des engrais et des hydrocarbures fossiles.

prix du lait en Europe
Dans plus de la moitié des pays européens, la tonne de lait était payée plus de 500 € au mois d’août dernier, selon l’Observatoire du prix du lait de la Commission européenne. La France semble à la traîne.
© D.R.

Dans plus de la moitié des pays européens, la tonne de lait était payée plus de 500 € au mois d’août dernier, selon l’Observatoire du prix du lait de la Commission européenne. Dans trois de ces pays, le seuil de 600 € a même été franchi, en Belgique notamment, où la tonne de lait valait 630 €. Et la France ? L’Hexagone est en queue de peloton des pays membres de l’Union européenne (UE) avec un prix de la tonne du lait parmi les plus faibles (456 €), devant la Bulgarie (425 €) et derrière la Roumanie (461 €). A l’échelle de l’UE, le prix moyen de la tonne s’établit à 519 €. Dans ces conditions, la hausse de 10 % du prix du lait revendiquée par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) vise simplement à compenser une partie du retard constaté. Mais en portant la tonne de lait à 500 €, ce prix augmenté resterait encore inférieur à la moyenne européenne.

Prix du lait : +18 % en France

Ces douze derniers mois, les prix du lait payés aux éleveurs européens ont augmenté dans tous les pays membres de l’UE, mais à un rythme bien plus élevé dans les pays où l’ensemble des acteurs de la filière de production et de transformation (Allemagne, Pays-Bas, Roumanie, Lituanie etc.) a la possibilité de répercuter les hausses des prix des intrants  sur les prix du lait livré puis ceux des produits vendus à la grande distribution. Mais ce mécanisme étend l’inflation des prix à la consommation à l’ensemble de l’économie des pays engagés dans cette voie. Elle atteint parfois plus de 10 % en rythme annuel. Toutefois, les producteurs de lait n’ont pas à supporter seuls la hausse de leurs charges. En effet, le prix du lait a augmenté de plus de 50 % dans neuf pays en rythme annuel et même de 76 % en Lituanie.

A l’échelle de l’UE, la hausse moyenne est de 42 %. En France, le prix du lait n’a augmenté que de 18 % en douze mois. Le deuxième pays producteur de lait de l’UE est le pays qui affiche la plus faible hausse de prix, si on exclut Malte et Chypre. Cependant, l’inflation des prix à la consommation est la plus faible des pays de l’UE (5,3 %).

Loi difficilement applicable

Mais les éleveurs doivent à la fois se plier aux règles de fonctionnement du marché français des produits laitiers opposées à celles en vigueur sur les marchés mondiaux des engrais, des grains et de l’énergie notamment. « La grande distribution s’est engagée auprès des Français à lutter contre l’inflation des prix à la consommation, avec le soutien tacite du gouvernement et du ministère des Finances, Bruno Le Maire, explique Thierry Roquefeuil, président de la FNPL. Pour ne pas augmenter les prix des produits laitiers commercialisés dans ses rayons, la grande distribution fait pression sur les industriels, et par ricochet sur les éleveurs, en refusant de répercuter les hausses des coûts de production que ces derniers supportent ».

Aussi, l’attitude des grandes enseignes, soutenues par le gouvernement, rend la loi Egalim 2 difficilement applicable. Du reste, le dispositif n’est pas suffisamment réactif lorsque les prix des commodités flambent.Or pour acheter les intrants indispensables afin de produire, les éleveurs français ne bénéficient d’aucun écrêtage de prix. Ils paient leurs intrants aux cours en vigueur sur les marchés mondiaux. Aussi, la lutte contre l’inflation en France se fait aux dépens de la souveraineté alimentaire de notre pays, l’un des chevaux de bataille du ministre de l’Agriculture. Elle dissuade les éleveurs de produire et les candidats à l’installation, de réaliser leurs projets, faute d’attractivité et de rémunération suffisantes.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

La réalité des rendements et de la qualité du grain ne pourra être réellement vérifiée qu’à la fin des récoltes.
Moissons 2024 : mauvaise année en céréales

La pluie aura eu raison des rendements de blé tendre, annoncés à 64 q/ha en moyenne, en baisse de 11 % par rapport à la…

Les premières tonnes de céréales ont été réceptionnées à Canaples le 1er juillet.
Un nouveau silo à Canaples pour accompagner le développement du négoce Charpentier

L’entreprise de négoce en grains Charpentier a inauguré il y a quelques semaines un silo sur la commune de Canaples. Une…

L’usine de Péruwelz compte six lignes de production pour un volume de produits fabriqués à base de pommes de terre  de 240 000 tonnes.
Ecofrost Péronne en campagne pour recruter

L’entreprise belge qui porte un projet de construction d’usine de transformation de pommes de terre à Péronne (80) se…

Dans son communiqué, le sucrier a aussi indiqué sa base de prix pour la campagne en cours (semis 2024), avec un prix minimum garanti de 36,47 €/t16° en betteraves entières, soit une nouvelle hausse par rapport à l’an passé (32 €/t).
Saint Louis Sucre dévoile ses prix et sa stratégie RSE à 2030

La filiale française du groupe allemand Südzucker a dévoilé des prix de base de nouveau à la hausse pour 2024, et une…

Selon les prévisions, le rendement national en blé tendre atteindrait 64 q/ha  en 2024, soit - 13 % par rapport à 2023.
Les conditions climatiques influencent déjà la moisson 2024

Selon Arvalis et Intercéréales, la récolte de blé tendre 2024 pourrait être caractérisée par des rendements en forte baisse…

Pour l’orge, la campagne européenne se présente sous de meilleurs auspices.
La moisson casse la dynamique des prix

Les prix des grains baissent depuis que la moisson a débuté dans l’hémisphère nord et donne un sentiment d’abondance sur les…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde