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Lin
Produire des semences de lin, une diversification intéressante

Et si vous deveniez producteur de semences lin ? Les possibilités sont réelles : une demande de la filière, des méthodes de récolte maîtrisées, un intérêt agronomique certain de la culture, et une rémunération sécurisée. Témoignages de liniculteurs-multiplicateurs convaincus. 

Pour récolter ce que l’on sème, une graine de qualité est indispensable. «Il y a trente ans, 80 % des semences de lin dont nous avions besoin étaient produites à l’étranger. Aujourd’hui, cette même proportion l’est en France. C’est la preuve de notre organisation. Mais il faut que nous assumions notre rôle de leader, et que nous le développions»,  introduit Jérôme Lheureux, président de la section lin et chanvre de la Semae, lors d’une journée technique dédiée à cette filière, le 26 janvier à Bapaume. Autrement dit, la porte est grande ouverte aux nouveaux liniculteurs-multiplicateurs.

Trois liniculteurs-multiplicateurs témoignent de l’intérêt de cette culture. Chacun a un mode de récolte différent, avec ses avantages et ses inconvénients. Fabien Larcher, installé dans le pays de Caux (76), en plein bassin de production du lin textile, a choisi l’écapsulage pour la récolte des semences. «Chez nous, les semences sont un plus. Nous cherchons avant tout à valoriser la fibre», confie-t-il. Cette méthode, la plus utilisée, consiste en la récolte de la graine une dizaine de jours après l’arrachage du lin. «La graine arrive cependant à maturité après la fibre. Il faut ménager la chèvre et le chou pour optimiser la récolte des deux produits.»

 

Même en zone continentale

Pour Dominique Beaudet, installé près de Châlon-en-Champagne (51) et Constant Deletain, au sud d’Épernay (51), la semence est en revanche le revenu principal. Le premier a choisi une récolte à la faucheuse-endaineuse, tandis que le second opte pour le stripper. Le fauchage-andainage est une méthode récente, réalisée en deux étapes. Le lin est d’abord fauché et andainé, puis, une à deux semaines plus tard, l’andain passe dans une batteuse, lorsque les graines sont à maturité. Une méthode plus que bienvenue en année humide, qui offre aussi une alternative au défanage chimique proscrit. «Je pratique cette méthode depuis trois ans, avec une MacDon automotrice, depuis que le Reglone a été interdit. La paille, elle, est pressée en balles rondes et est valorisée dans la papeterie.»

Constant Deletain, lui, a opté pour la méthode économique. «Il suffit d’équiper la moissonneuse d’un stripper, qui cueille les capsules et les amène au batteur par l’élévateur de la machine. Là, elle sont éclatées et les graines sont libérées.» Cela implique de récolter lorsque les graines sont mûres. Les fibres, elles, sont arrachées juste après, en sens inverse. «Parfois, le lin peut être teillé, mais lorsqu’il n’est pas d’assez bonne qualité, il est pressé en balles carrées. Avec le stripper, les fibres ont tendance à se mettre en travers du rang et il tombe en étoupes.»

Selon les techniques de récolte, les itinéraires techniques diffèrent. Fabien Larcher, dont la priorité est la fibre textile, sème à 1 800 à 2 000 grains/m2 (environ 90 kg/ha), soit une densité un peu plus faible que lorsque la récolte des semences n’est pas prévue. Au tripper, comptez 75 à 80 kg/ha, et à la faucheuse-andaineuse, comptez 55 à 60 kg/ha. En année poussante, les parcelles dédiées à la semence sont davantage régulées. «Quand le lin est versé, la récolte est quasiment impossible.» Une parcelle propre est recommandée. En année humide, les multiplicateurs confient aussi un dur labeur. «Quand c’est bien sec, ça va tout seul. Mais il m’est arrivé, en année humide, de récolter 5 ha en une journée et de rentrer tout noir le soir, la batterie de la meuleuse à plat à force d’aiguiser le couteau qui me sert à débourrer la machine», en rit aujourd’hui Constant Deletain.

 

Une marge brute intéressante

Pour chacun d’eux, les avantages restent plus importants que les inconvénients. L’intérêt agronomique est indéniable. «Je sème mon blé en direct derrière le lin. Mes meilleurs blés sont ceux de lin», assure Dominique Beaudet. Lui pointe aussi l’effet «nettoyant» du lin. «Quand on a des problèmes de graminées dans les céréales, alterner culture de printemps et culture d’hiver est intéressant.» Constant Deletain note «une culture peu gourmande en intrants». Cet argument en fait une culture économiquement intéressante. «La filière est très organisée, avec un contrat et un prix fixé à l’avance. Notre seule variable est le rendement.» Une moyenne de 7 ou 8 qx/ha est estimée en récolte fibre et semences. Comptez 10 à 15 qx en semences uniquement. La marge brute n’est pas négligeable. «Avec le chanvre, cette culture est celle qui m’offre la meilleure marge. C’est environ 1 300 €/t. À cela s’ajoute la valorisation de la paille», précise Dominique Beaudet.

Un arrachage-écapsulage innovant

Et si l’écapsulage se faisait en même temps que l’arrachage ? Ce procédé est possible depuis quatre ans, grâce à la conception d’une arracheuse-écapsuleuse par la société Sopa (du groupe Brygo, à Warhem (59)). «Cette solution nous paraît très intéressante dans les terres plus difficiles, chargées en cailloux, dans lesquelles des lins d’hiver y sont souvent semés, par exemple», relatait dans nos colonnes Stéphane Vasselin, responsable du service agronomie chez Terre de lin, en 2021. Cette méthode est un gage de sécurité : «plus on récolte tôt les graines, plus on limite le risque, puisqu’elles sont moins exposées aux aléas climatiques.» Reste que l’arrachage se fait encore plus tardivement que lors d’un écapsulage. Cette intervention tardive peut impacter la qualité des fibres. L’arrachage-écapsulage est donc peu utilisé dans les zones côtières, à forte hygrométrie. «Le compromis entre maturité de la graine et maturité de la fibre est alors difficile à trouver.» 

Après ça, un bain de vapeur ?

Une fois récoltée, la graine bénéficie d’attentions particulières : triage, éventuel séchage, désinfection... Pour cette dernière étape, le site de Saint-Pierre-le-Viger (76) de la coopérative Terre de lin est équipé depuis 2019 de la technologie ThermoSem, développée par la société ThermoSeed. La désinfection se fait alors à la vapeur d’eau. Une première en France. Les traces de pathogènes comme la fusariose, le botrytis, l’alternaria, le phoma ou l’anthracnose sont écartées. Avec cette technique respectueuse de l’environnement, la coopérative obtient même «des résultats supérieurs aux traitements chimiques, car la vigueur de la plante n’est pas impactée.» 
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