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Tereos : «Nous n’acceptons plus la gouvernance de notre coopérative»

Xavier Laude et Gérard Clay, ex-membres du conseil de surveillance de Tereos, et désormais anciens présidents respectifs des régions Nord et Nord littoral, s’expriment pour la première fois sur la vague de démissions chez les élus du groupe sucrier.

Xavier Laude et Gérard Clay, membres démissionnaires du conseil de surveillance du groupe Tereos.
Xavier Laude et Gérard Clay, membres démissionnaires du conseil de surveillance du groupe Tereos.
© D. R.

Que s’est-il passé lors de la dernière assemblée générale plénière de la coopérative ?
Gérard Clay : Depuis dix-huit mois, beaucoup d’élus souhaitent avoir des réponses à des questions légitimes concernant la gouvernance et les résultats de la coopérative. Notre assemblée du 27 juin n’a pas été digne de la création il y a quelques mois de notre coopérative unique (Tereos SCA). Celle-ci devait être synonyme de plus de transparence, de plus de démocratie. Au lieu de cela, nous avons eu une confiscation des débats et le non-renouvellement de deux membres du conseil de surveillance, dont je fais partie, pour des motifs qui n’ont jamais été débattus.

Pourquoi utilisez-vous le terme de «confiscation des débats»  ?
Xavier Laude : La gouvernance de la coopérative unique est clairement défaillante. Le vif débat qui existe depuis des mois au sein du conseil de surveillance aurait dû être exposé, sereinement, dans chaque section, et lors de notre AG plénière. A contrario, la seule réponse à cette demande de dialogue a été la sortie de membres du conseil, qui pensaient différemment, sans débats préalables, sans motifs exposés à tous. Deux membres qui ont toujours travaillé dans l’intérêt des coopérateurs. Tout le monde doit avoir le droit à la parole. Il ne doit pas y avoir de majorité ou de minorité interne. C’est la diversité et la complémentarité qui créent la richesse du groupe !

Les résultats du groupe vous inquiètent également…
Gérard Clay : En effet, nous considérons que les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements effectués et de ce que nous serions en droit d’attendre d’un groupe qui totalise 4,3 milliards d’euros d’actifs immobilisés. La rentabilité de certaines filiales est mauvaise.

Vous voulez parler de la diversification du groupe Tereos ?
Xavier Laude : Nous ne remettons pas en cause le choix de la diversification (implantations à l’étranger, notamment au Brésil, ndlr), nous y sommes favorables, notamment en ce qui concerne l’amidon, mais nous déplorons la gestion qui en est faite. Nous ne pouvons que constater l’absence de résultats. Depuis 2012, Tereos perd du terrain en termes de résultat net par rapport à de grands concurrents européens comme Nordzucker ou Südzucker.
Cette année, avant même d’être confrontés au plus dur de la crise sur les marchés sucriers, nous avons publié le plus mauvais résultat net des principaux groupes européens, alors que nous sommes à la fois l’un des leaders du secteur en Europe et l’un des plus diversifiés. Une gestion performante aurait dû être capable de nous remonter bien plus que les 0,86 Ä de dividendes à la tonne de betteraves, ce qui était d’ailleurs l’objectif initial.

Dans ce contexte, les prix fixés pour la prochaine campagne seront-ils tenus ?
Gérard Clay : Tereos a respecté les conditions pour la campagne 2017-2018. A un mois du début des arrachages, Tereos a de nouveau donné sa parole (pour un prix minimum de 25 Ä/t). De notre côté, nous sommes partagés et considérons que cela va être très compliqué. Le discours de Tereos est beaucoup trop optimiste par rapport à la réalité des choses.

Que souhaitez-vous exprimer par ces démissions en bloc ?
Xavier Laude : Nous n’acceptons plus la gouvernance de notre coopérative Tereos SCA et les résultats de la gestion. Comme nous, 70 élus (sur 73) ont démissionné de leur mandat de conseiller en région ou de celui de membre du conseil de surveillance, le 9 juillet dernier. Les régions Boiry-Escaudœuvres, SDHF (Sucreries et distilleries des Hauts-de-France) et Chevrières représentent 7 500 coopérateurs sur les 12 000 de Tereos (plus de 60 %). C’est 45 % des tonnages.
Par nos démissions, nous entendons exprimer notre désaccord total : Tereos SCA doit avoir la maturité de débattre sereinement dans le cadre de ses instances dirigeantes. Les divergences et inquiétudes exprimées au sein du conseil de surveillance doivent être exposées très clairement dans les régions, en assemblée générale, en toute transparence.

Qu’attendez-vous désormais du groupe Tereos ?
Gérard Clay : Si nous réalisons cette démarche, c’est que nous pensons que Tereos est une très bonne entreprise. Nous y croyons encore, mais attendons une réaction forte de sa part ! Au-delà, nos démissions doivent nous permettre de venir nous expliquer, d’échanger avec les coopérateurs. Il ne s’agit pas d’un abandon des coopérateurs, bien au contraire, la quasi-totalité des démissionnaires a l’intention de continuer à les représenter en se représentant. A condition d’avoir pu expliquer leurs positions et ainsi permettre aux coopérateurs de voter en pleine connaissance de cause. Il faut que la prise de conscience soit à la hauteur des problèmes. Cette action inédite doit interpeller les coopérateurs, les amener à s’exprimer tous ensemble, à se réapproprier leur outil de travail. Nous les invitons pour cela à se rapprocher des 70 élus démissionnaires qui sont, plus que jamais, à leur écoute.

Tereos n’a pas souhaité répondre à nos questions, considérant avoir apporté toute ses informations à ses adhérents.

REACTION de Dominique Fievez, président de la CGB Somme
«La gouvernance est quelque chose d’important»

«Nous sommes tous d’accord sur le fait que la gouvernance est quelque chose d’important dans le fonctionnement d’une coopérative. Une fois cela dit, je n’ai pas à m’ingérer dans les affaires d’une coopérative.
Ce que je souhaite, c’est que très rapidement soit rétablie la représentativité de toutes les zones de production au sein de Tereos.
Notre secteur betterave-sucre français traverse une période de turbulences liée à la fin des quotas et à la libéralisation du marché du sucre. A chaque acteur de notre interprofession d’en prendre conscience afin de faire face à ce nouveau défi et de maintenir une filière organisée.»

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