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Une vision politique agricole commune du Nord-Pas-de-Calais à la Picardie

Le 27 novembre, la Frsea de Picardie et la Frsea Nord-Pas-de-Calais opéreront un rapprochement pour créer une nouvelle Frsea à l’échelle de la future grande région. Interview croisée des présidents des deux Frsea, Laurent Degenne et Laurent Verhaeghe.

De g. à dr. : Laurent Degenne, président de la Frsea Picardie, et Laurent Verhaeghe, président de la Frsea Nord-Pas-de-Calais.
De g. à dr. : Laurent Degenne, président de la Frsea Picardie, et Laurent Verhaeghe, président de la Frsea Nord-Pas-de-Calais.
© AAP

Comme la future grande région, qui marquera la fusion des régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais, les deux Frsea fusionneront-elles le 27 novembre ?
Laurent Verhaeghe : Le 27 novembre, nous allons créer une nouvelle entité au périmètre du nouveau territoire (cf. la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, ndlr) pour pouvoir répondre à nos interlocuteurs institutionnels. A défaut de fusion de nos deux fédérations, l’objectif est d’assurer un rapprochement de nos deux structures avec une vision politique agricole commune.

Laurent Degenne : Jusqu’ici, nous avions deux programmes régionaux pour l’agriculture durable. Demain, nous n’en aurons qu’un. On travaille pour ne faire plus qu’un afin de définir quelle agriculture on veut pour demain, et avec quel développement. Mais cela ne veut pas dire qu’on a et que l’on aura la même vision sur tous les sujets parce que nos fédérations, comme nos territoires, ont leurs spécificités. Il n’en reste pas moins que nous sommes sur un schéma de discussions entre les deux fédérations, qui se déroule bien.

Justement, quelles sont les spécificités de vos fédérations et de vos territoires ?
Laurent Verhaeghe : Notre Frsea a eu naturellement un rôle plus important à jouer au niveau régional, compte tenu de l’existence d’une seule chambre d’agriculture de région chez nous. Les enjeux régionaux étaient d’emblée posés. Cela nous a conféré le rôle d’interlocuteur majoritaire. Si ce n’est cela, nous avons une Frsea constituée des deux bureaux des fédérations départementales.

Laurent Degenne : Notre première fonction est d’être l’interlocuteur des institutionnels à l’échelon régional. Par ailleurs, la Frsea de Picardie est une structure qui est en appui de trois fortes fédérations départementales. Notre rôle est de les rassembler autour de ce qui est leur plus grand dénominateur commun, à savoir un type d’agriculture, plutôt moderne et innovant, installé dans des filières et avec des transformateurs sur place.
Dans ce type d’agriculture, il existe une même diversité à l’intérieur de chaque département, et donc de notre région. Par ailleurs, nous amenons aux départements une mutualisation des outils tels que nos journaux, la comptabilité, l’infor­matique, les bases de données, etc.

Depuis quand travaillez-vous à ce rapprochement de vos deux fédérations ?
Laurent Verhaeghe : Nous avons commencé à travailler depuis février dernier. Par ailleurs, la Fnsea a réuni également ses régions pour orienter leur rapprochement.

Laurent Degenne : Il faut savoir qu’historiquement nous sommes dans la même région syndicale au niveau de la Fnsea. De fait, nous votons déjà ensemble, comme nous avons partagé les sièges d’administrateurs entre les deux fédérations à l’échelle nationale. On se connaît déjà. Ce qu’il nous restait à apprendre, c’est le fonctionnement et les méthodes de travail de chacun au sein de sa fédération.

Concrètement, que va-t-il se passer le 27 novembre prochain ?
Laurent Degenne : Ce jour-là, nous allons mettre en place un conseil d’administration et un bureau uniques, comme établir notre position politique commune sur laquelle nous travaillons depuis un an à présent. Pour ce faire, on a repris les deux programmes régionaux agricoles pour en bâtir un de commun.

Laurent Verhaeghe : On a la même ambition pour nos agriculteurs. Le sujet d’actualité pour nous, aujourd’hui, concerne les élections régionales. On s’interroge sur la manière dont les différents candidats appréhendent l’agriculture et son évolution.

Quel sera le nom de cette future fédération ?
Laurent Degenne : Nous avons décidé de prendre le même nom que celui que prendra la future région. Pour l’instant, c’est Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Vous évoquez tous les deux un projet politique commun. Quel est-il ?
Laurent Degenne : Celui-ci s’articule autour de trois axes. Le premier est de promouvoir une agriculture diversifiée, créatrice de valeur ajoutée et d’emploi, génératrice de revenu, et répondant aux attentes des consommateurs et des transformateurs, tant sur le marché national qu’à l’export. Le second est d’impliquer et de faire reconnaître l’agriculture dans les enjeux d’aménagement du territoire et de préservation de l’environnement. Le troisième est de préparer l’avenir par la recherche, l’innovation et la formation.

Laurent Verhaeghe : On veut aussi une agriculture avec de nombreux agriculteurs. On se bagarre déjà, et on continuera à se bagarrer pour qu’il y ait de nombreuses installations de jeunes agriculteurs, viables et vivables, car un métier qui ne se renouvelle pas est un métier qui meurt.

Qu’est-ce qui différencie vos deux régions ?
Laurent Verhaeghe : Le Nord-Pas-de-Calais fonctionne déjà avec une seule chambre d’agriculture, ce qui n’est pas le cas de la Picardie. On a, par ailleurs, une agriculture qui n’est pas tout à fait identique à celle de la Picardie.
Chez nous, le contexte est plus propice à la diversification de nos exploitations et à la création de valeur ajoutée. De même, nous avons un poids démographique plus important avec près de 4 millions de personnes en Nord-Pas-de-Calais contre 1,9 million en Picardie, avec des zones rurales plus importantes. La question du foncier est un sujet préoccupant chez nous. Aussi quand nous déterminerons, par exemple, des schémas et des seuils, on va se retrouver avec quelques différences. Mais je pense que l’on réintroduira des territorialisations sur certains seuils, pour ne citer qu’un exemple.

Laurent Degenne : Les différences, je les vois à l’intérieur de nos régions. Nos départements ont un historique différent et nos territoires ont appréhendé différemment les sujets de la valeur ajoutée et du développement économique, ce qui a conduit à une évolution différente de l’agriculture dans nos régions respectives.

En quoi ces différences peuvent-elles être complémentaires ?
Laurent Verhaeghe : La Picardie peut bénéficier des atouts de notre région, notamment de sa population dense. Et nous, nous pouvons bénéficier des atouts que représente le pôle de compétitivité IAR en Picardie. C’est une chance pour nous, car il y a plus de recherche dans cette région. Nous pouvons être aussi complémentaires sur le plan de la formation, chacun de nous avons des formations de très bonne qualité.

Laurent Degenne : Dans nos différences, nous avons les mêmes productions, mais le Nord-Pas-de-Calais a un tissu agroalimentaire plus important que le nôtre. Nous pouvons en tirer avantage, parce que nous pourrons leur apporter plus d’approvisionnement, sans compter le formidable bassin de consommation dont ils disposent. Demain, avec nos cinq départements réunis, nous aurons une grande région agricole, qui dispose d’un très bon réseau routier et ferroviaire, avec un accès à la mer - que ce soit par le canal Seine-Nord Europe et les ports - qui n’est pas à négliger. Nous disposons ensemble de productions à haute valeur ajoutée et un bon tissu d’agroéquipement, mais qu’il faut savoir conserver et accompagner à l’ère du numérique.

Quels sont les grands dossiers auxquels vous serez confrontés demain ?
Laurent Degenne : La loi nous impose un schéma régional des structures. Mais notre plus grand chantier, demain, sera de travailler avec le futur conseil régional sur tous les sujets, mais en particulier sur le second pilier et d’être capable d’emmener les fonds jusqu’aux portes des exploitations.
Ce ne sont pas moins, dans le cadre du second pilier, de 256 millions d’euros que nous voudrions voir consacrés au développement de l’agriculture pour les deux régions réunies.
Enfin, il y aura un bilan de mi-parcours sur le programme de développement rural en 2017. Il nous faudra donc être en ordre de marche sur ce dossier.

Pour finir, avez-vous tranché la question de la présidence de la future Frsea ?
Laurent Verhaeghe : Il n’y a pas de réponse pour l’heure, et ce n’est pas d’actualité. Notre priorité est la conception de notre projet politique commun.

Laurent Degenne : Quelle que soit la personne qui assurera la présidence demain de la nouvelle structure, il y aura un équilibre dans les hommes et dans la répartition des postes. Par ailleurs, pour toute rencontre ou toute négociation avec les institutionnels régionaux, les deux régions seront représentées. Nous nous déplacerons en binôme.

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