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Unitech Day : travail et rentabilité en élevage

L’association des étudiants d’UniLaSalle Festival de la terre et de l’élevage organisait une première journée, le 7 mars dernier, sur le travail et la rentabilité en élevage.

Emmanuel Béguin, de l’Institut de l’élevage, Vincent Delargillière, éleveur laitier en conversion bio, Julien Degry, jeune éleveur laitier en société avec ses parents, Dominique Rollier, ancien éleveur devenu coach, Jocelyne Machefer, conseillère à la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, et Marylise Blancart, éleveuse avec son époux et un salarié et responsable du Service de remplacement de l’Oise.
Emmanuel Béguin, de l’Institut de l’élevage, Vincent Delargillière, éleveur laitier en conversion bio, Julien Degry, jeune éleveur laitier en société avec ses parents, Dominique Rollier, ancien éleveur devenu coach, Jocelyne Machefer, conseillère à la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, et Marylise Blancart, éleveuse avec son époux et un salarié et responsable du Service de remplacement de l’Oise.
© © D. L.-C.




S’il est un sujet qui sera déterminant sur la pérennité des élevages en Hauts-de-France, c’est bien celui de la main-d’œuvre. Entre des jeunes éleveurs qui veulent mener la même vie que leurs amis, les attentes sociétales et l’agribashing autour du bien-être animal, le monde de l’élevage s’interroge.
La table-ronde de la matinée se focalisait sur une question essentielle : comment concilier vie professionnelle et vie personnelle en élevage ? Elle accueillait, autour d’Emmanuel Béguin, de l’Institut de l’élevage, Vincent Delargillière, éleveur laitier en conversion bio, Julien Degry, jeune éleveur laitier en société avec ses parents, Dominique Rollier, ancien éleveur devenu coach, Jocelyne Machefer, conseillère à la Chambre régionale d’agriculture des Hauts-de-France, et Marylise Blancart, éleveuse avec son époux et un salarié et responsable du Service de remplacement de l’Oise. Cette dernière a rappelé l’intérêt d’un tel service pour des remplacements ponctuels ou plus conséquents. Les agents du service sont des étudiants ou des fils d’agriculteurs, qui deviennent souvent agriculteurs ou salariés agricoles par la suite.
Vincent Delargillière a décrit son exploitation : tout herbe, conversion bio en cours depuis 2018, groupement des vêlages sur trois mois pour arrêter de traire pendant trois semaines (objectif deux mois  sans traire). «Chaque période de l’année est consacrée à une seule tâche : vêlage pendant trois mois, insémination sur six semaines, gestion du pâturage et récolte des fourrages... Mon système n’est pas encore en rythme de croisière, mais permet de dégager du temps libre. Je prends des congés pendant l’arrêt de la traite et en été, ce qui est un objectif pour moi», confie l’éleveur.
Julien Degry, quant à lui, partage les tâches de l’exploitation avec ses parents. Ils font régulièrement appel au Service de remplacement pour des événements familiaux ou des congés. «Ce sont toujours les mêmes agents qui viennent, ils connaissent la ferme et nous leur faisons confiance», affirme-t-il.

Gestion humaine
Jocelyne Machefer détaille l’accompagnement proposé aux éleveurs pour faire le point sur le travail. «Il est important de se poser les bonnes questions, de bien cerner les besoins et les souhaits de l’éleveur : temps libre, prise de responsabilité extérieure, diversification... Parmi ces questions : qu’est-ce que j’aime faire dans mon métier ? que suis-je prêt à déléguer ? Nous pourrons proposer différentes solutions, mais c’est à l’éleveur de choisir celle qui lui convient le mieux
A la question d’Emmanuel Béguin sur la gestion des relations humaines, les réponses se rejoignent. «Il est nécessaire de prévoir des moments communs pour échanger sur le travail et les décisions doivent être prises ensemble», affirme Julien Degry. Dominique Rollier ajoute : «En cas de conflit sur une exploitation, j’interviens en écoutant chacun afin que les non-dits puissent être exprimés. Souvent, remettre du dialogue entre les associés suffit à refaire partir l’exploitation. Mais, parfois, il est trop tard. Investir dans les relations humaines est souvent plus efficace qu’acheter du matériel !»
Marylise Blancart abonde dans ce sens en expliquant qu’on n’apprend pas à gérer un salarié dans les écoles. Suivre une formation en management est indispensable en cas de projet d’embauche. Et souvent, c’est lors de temps d’échanges entre exploitants que les solutions apparaissent. «Il est plus facile pour un exploitant de prendre en compte une remarque et une proposition d’améliorarion d’un collègue que celle d’un conseiller», explique Dominique Rollier. De même, un chef d’exploitation doit être clair dans les missions qu’il confie à un salarié. Car l’un et l’autre n’ont pas forcément la même vision du travail.
Enfin, les échanges entre agriculteurs sont importants. Julien Degry et Vincent Delargillière citent le travail dans les groupes de développement ou les partages sur les réseaux sociaux, sources d’amélioration des pratiques. La problématique du travail en élevage s’invite décidément partout.

Travail en élevage

Emmanuel Béguin, chef de service Approche sociale et travail en élevage, dressait le constat de l’attractivité du métier d’éleveur, à la croisée de son image, des possibilités pour y accéder (concrétisation des projets d’installation) et des conditions d’exercice (viabilité, vivabilité). Les enquêtes menées auprès des éleveurs laissent apparaître quatre profils d’éleveurs : ceux pour qui la relation avec l’animal est primordiale, ceux tournés vers la performance économique, les champions de l’organisation du travail, et ceux qui se sentent plus ou moins éleveurs ou polyculteurs. Le travail en élevage revêt en tout cas plusieurs facettes : volume global, astreinte, pénibilité, pointe de travail, charge mentale, capacité à pouvoir se libérer du temps, à gérer les coups durs, sentiment d’isolement...
Pour gagner leur vie, les éleveurs ont augmenté la productivité de leur travail. Cela s’est parfois fait en simplifiant les conduites ou en investissant fortement (robot de traite), et cela se traduit par une augmentation de la taille des élevages : un tiers des troupeaux français regroupent plus de cent vaches laitières. Mais l’efficacité apparente du travail cache des disparités. Ainsi, les élevages robotisés sont-ils plus productifs, mais moins rémunérateurs si l’on calcule le ratio coût/bénéfice. Autre excellent investissement : la formation qui permet l’amélioration des compétences. Vouloir travailler moins pour partir en week-end et avoir des congés recouvre une dimension autant culturelle qu’organisationnelle. Il s’avère que les éleveurs les plus satisfaits de leur métier sont aussi ceux qui se dégagent le plus de temps libre, que ce soit en travaillant en couple sur l’exploitation, avec des salariés ou des associés.
Tendance générale depuis vingt ans : l’émergence du salariat sur les exploitations d’élevage et une féminisation des exploitations (22 % des installations aidées), entraînant une vision différente du métier.
Des marges de progrès existent : définir les besoins, professionnalisation du recrutement des salariés, organisation du travail, management, prise en compte de la santé et de la sécurité au travail.

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